François Bayrou
©Tim Douet

Bayrou et Macron : “Il ne s’agit pas d’un ralliement sans condition”

Suite à l’offre d’alliance de François Bayrou, président du MoDem, à Emmanuel Macron qui mène sa campagne “En marche”, le président du MoDem du Rhône, François-Xavier Pénicaud, évoque les points de réserve et les complémentarités des deux figures politiques, affirmant qu’il s’agirait d’une “entente”, “pas d’un ralliement sans conditions”.

François Bayrou à Lyon

©Tim Douet
François Bayrou à Lyon

Quelques jours avec la conférence de presse de François Bayrou ce mercredi, plusieurs élus MoDem de la région appelaient leur président à rejoindre Emmanuel Macron, ce que le maire Pau a finalement choisi par sa proposition d’"entente". Du côté du président du MoDem du Rhône, François-Xavier Pénicaud, également conseiller régional dans la majorité de Laurent Wauquiez, l'espérance est celle que la "modernité" incarnée par Emmanuel Macron trouve une complémentarité avec la "solidité" qu'incarne François Bayrou, malgré leurs différences. Il indique pourtant que, lorsqu'il s'est rendu au meeting d'Emmanuel Macron à Lyon, "ce n'était pas évident".

Des “points de réserve légitimes”

François-Xavier Pénicaud © DR

François-Xavier Pénicaud.

François-Xavier Pénicaud évoque deux points de réserve de la part du MoDem envers le candidat à la présidentielle du mouvement "En Marche". D'abord, sur la question de "l'impérieuse nécessité de réformer les institutions et de moraliser la vie publique".

"Dans un moment de fébrilité républicaine importante, si l'on veut reconstruire une relation de confiance entre les Français et ceux qui les représentent, il faut passer par cela. Il reste important qu'Emmanuel Macron ait des engagements forts en la matière, sinon, on ne fera que le lit du Front national", estime-t-il.

Le deuxième élément de réserve serait budgétaire. "Le MoDem a toujours dénoncé les politiques de tous bords – nous l'avons fait avec Nicolas Sarkozy et avec François Hollande – qui formulent des promesses qui ne peuvent être financées autrement que par la dette. Pendant un temps, Emmanuel Macron a annoncé un certain nombre de mesures qui avaient des conséquences budgétaires en dépenses et qui nécessitaient des clarifications sur la façon de les financer. François Bayrou a toujours dit que nous ne serions pas partenaires d'un mensonge démocratique dans une élection et que, dans toute alliance – nous l'avions dit à Alain Juppé comme François Bayrou le dit à Emmanuel Macron –, nous demandons un discours de vérité à ce sujet-là."

Caution de la “vigilance” contre une politique de succession d’intérêts particuliers”

Si François Bayrou a pu considérer Emmanuel Macron comme "le candidat des forces de l'argent", François-Xavier Pénicaud estime que "les Français font confiance à François Bayrou pour être vigilant là-dessus. Il s'agirait d'une entente, pas d'un ralliement sans conditions. Nous serons exigeants et vigilants sur la nécessité d'une politique d'intérêt national qui ne soit pas une succession d'intérêts particuliers, notamment financiers".

Si François-Xavier Pénicaud précise ne pas avoir assisté aux discussions entre François Bayrou et Emmanuel Macron, il est certain qu'Emmanuel Macron "a fait les démarches de clarification sur ce sujet", sans quoi François Bayrou n'aurait, selon lui, pas pris la décision d'évoquer une alliance.

Une volonté d’enrichir le projet Macron

La question de l'éducation serait aussi l'une des exigences du MoDem. Pour François-Xavier Pénicaud,"Emmanuel Macron avait un discours un peu faible, et il n'y a pas de projet de société fort sans un projet en matière d'éducation et d'instruction lui-même extrêmement fort. Je pense que la crédibilité de François Bayrou apportera quelque chose d'extrêmement puissant et qui manquait à la pensée d'Emmanuel Macron, qui avait en parallèle une vraie réflexion sur la formation continue et l'apprentissage, l'enseignement supérieur et l'innovation". Pour le président du MoDem du Rhône, l'éducation et l'instruction n'étaient, en revanche, abordées que par le prisme des "moyens".

Si l'un des reproches faits au candidat Macron est celui d'entretenir le flou et de ne toujours pas avoir présenté un programme précis, François-Xavier Pénicaud entend bien que, "sur certains secteurs sur lequel il était encore en recherche, François Bayrou et le mouvement démocrate pourront bien entendu l'aider à enrichir tout cela".

En parallèle, le fait de ne pas placer toute la campagne sur un programme serait un point de convergence entre les deux hommes. "François Bayrou a toujours dit que, pour un président de la République, le projet est plus important que le programme, ce qui ne veut pas dire qu'il ne fait pas l'exigence d'un programme. Mais le projet, c'est ce qui fait la capacité, pendant tout un quinquennat, à construire un cap et une direction qui reste quels que soient les tempêtes traversées et les éléments de l'actualité. Avec un programme sans projet derrière, à la moindre bourrasque, le risque est de dévier de sa route, parfois pour ne jamais la retrouver."

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