D’Aubry à Macron, Dussopt zigzague jusqu’au gouvernement

Olivier Dussopt est, depuis vendredi soir et le remaniement ministériel, secrétaire d’État à la fonction publique. Une prise de guerre pour Emmanuel Macron, mais une trahison pour ses anciens camarades du PS, où, de l’aile gauche à Manuel Valls, son recentrage interrogeait déjà.

Depuis vendredi, l'Ardéchois Olivier Dussopt est secrétaire d'État à la fonction publique. La nomination de ce socialiste de toujours tend à rééquilibrer une citadelle de Bercy jusqu'alors bastion d'une droite En Marche. Olivier Dussopt vient y introduire une dose d'“en même temps”. Bien que peu connu du grand public, le député ardéchois a tout d'une prise de guerre. Au sein du PS, il a connu une ascension éclair : plus jeune député de la 13e législature (2007-2012) puis maire d'Annonay. Membre de l'aile gauche, il soutient Martine Aubry à la primaire de 2011. Il est même porte-parole de sa campagne. Au cours du quinquennat, il rompt avec les députés de la gauche du PS. Il n'emprunte pas le sentier des frondeurs. Mais il continue de poser des marqueurs forts.

Quand Dussopt taclait Macron

N'hésitant pas, par exemple, à tancer Emmanuel Macron dans les couloirs de l'Assemblée nationale. Après que celui qui était à l'époque ministre de l'Économie de François Hollande avait qualifié les ouvrières de Gad d'“illettrées”, l'Ardéchois l'avait interpellé ainsi : “Je me nomme Olivier Dussopt, je suis député de l'Ardèche. Ma mère est ouvrière, n'a pas de diplôme et a été licenciée à deux reprises. Vous l'avez insultée, ce matin, sur Europe 1." Toujours selon Le Canard enchaîné, il avait reproché à Emmanuel Macron de s'être comporté comme un "connard". Au moment de le faire entrer au gouvernement, le président de la République ne lui a pas reproché ses foucades de l'époque. Cette nomination intervient comme la suite logique d'un recentrage politique. En 2016, lors des primaires de la “Belle alliance populaire”, il était le porte-parole de Manuel Valls. Il faisait déjà figure de prise de guerre. "Sur la campagne de Hamon, il a été propre. Il a fait le boulot, même s'il avait soutenu Manuel Valls", lui accorde un de ses anciens amis du MJS qui aurait aimé en dire autant d'autres élus. Quelques semaines plus tard, face à un candidat de La République en Marche, il est réélu député en juin 2017. Malgré des propos d'ouverture, il siège, à la différence de Manuel Valls, au groupe PS (rebaptisé Nouvelle Gauche). Jusqu'à son entrée au gouvernement, son nom revient parfois dans la longue liste de celles et ceux qui pourraient être tentés de prendre les rênes d'un PS agonisant.

Le député vote contre le budget que le secrétaire d’État devra défendre

Jusqu'à son entrée au gouvernement, Olivier Dussopt ne figurait même pas dans une espèce de zone grise entre le PS et La République en Marche. Il avait voté contre la confiance au Premier ministre, contre les ordonnances de la loi Travail et ce mardi contre le budget porté à l'Assemblée nationale par Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, ses ministres de tutelle. "Olivier Dussopt considère que ses qualités n'ont jamais été reconnues et que c'était sa dernière occasion d'entrer dans un ministère pour quelqu'un qui est un exemple d'ascension sociale méritocratique. Il en est à son troisième mandat de député. Avec la loi sur la moralisation, il ne pourra plus l'être. C'est triste, mais c'est comme ça. Pour moi, le problème, c'est qu'on ne lui ait pas proposé avant, préfère pointer un de ses anciens camarades du Rhône. Qu'il ait été ministre ou secrétaire d'État sous François Hollande n'aurait pas été scandaleux : il était maire, député, président de l'Association des petites villes, c'est un bosseur." Cet ancien ami se refuse à en dire plus, pointant que Benoît Hamon et Régis Juanico s'en sont déjà chargés. Le PS aussi, qui l'a exclu. Des socialistes s'amusent maintenant en l'imaginant, dès les prochains jours, défendre au Sénat un budget contre lequel il a voté.

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