Gérard Collomb
Gérard Collomb © Tim Douet

La gauche de Collomb veut l’encadrement des loyers à Lyon

Les écologistes et communistes ont déposé lundi soir au Grand Lyon le vœu d’un encadrement des loyers. Ils ont été rejoints par deux autres groupes de gauche. Mais le président de l’agglomération n’a pas cillé. “Il y a des remèdes qui sont pires que le mal”, a lancé Olivier Brachet, vice-président au logement.

Gérard Collomb

Gérard Collomb © Tim Douet

Non, Collomb n'emboîtera pas le pas à Martine Aubry et Éric Piolle, maires de Lille et de Grenoble. Il ne demandera pas au Gouvernement l'encadrement des loyers, tel que l'envisageait la loi Alur, dite Duflot. Le sujet s'est invité au conseil communautaire du Grand Lyon lundi soir, à la faveur d'un vœu déposé conjointement par les groupes communiste et écologiste. L'occasion pour Gérard Collomb de dire tout le mal qu'il pense de cette loi.

“22e engagement de François Hollande”

Pierre Hémon-Gérard Collomb. Montage Lyon Capitale.

© Tim Douet

Moquant le tombereau de critiques qui s'abat sur la loi de l'ex-ministre EELV, Pierre Hémon a défendu la mesure au nom de la justice sociale. "Les loyers qui ont le plus augmenté sont ceux des petites surfaces, qui sont souvent habitées par les occupants les moins riches", a-t-il fait valoir. Il a rappelé que le dispositif figurait au 22e rang des engagements de François Hollande à la présidentielle. "Pourquoi ce qui paraissait une excellente loi en mars est vidé de sa principale mesure en septembre ?"

Ce vœu a trouvé d'autres soutiens à gauche. Thérèse Rabatel (Lyon métropole gauche solidaire) a souligné que "10 à 12 % des Français déménagent chaque année", exposés aux hausses locatives. "À trop penser aux investisseurs, nous oublions les habitants", a renchéri Nathalie Perrin-Gilbert (Gram).

Bret ne prend pas part au vote

Jean-Paul Bret (PS)

Jean-Paul Bret (PS) © Tim Douet

Dans un numéro d'équilibriste, Jean-Paul Bret, le maire PS de Villeurbanne, a fait entendre sa musique singulière, dissonante de celle du président de l'agglomération. Lors du débat sur l'élargissement de l'octroi de l'aide à l'accession à la propriété (lire ici), il avait vanté "la politique interventionniste menée par la communauté urbaine". Il avait cité à plusieurs reprises Nathalie Perrin-Gilbert et défendu la création d'un "observatoire des loyers à l'échelle de la métropole".

"Régulation, oui (…) Le dispositif d'encadrement des loyers viendra après", avait dit Jean-Paul Bret, mettant en garde contre toute "logique de posture". On pensait alors qu'il visait Gérard Collomb, qui s'oppose mordicus à une action publique dans le marché de la location. Mais, après les interpellations des autres groupes de gauche, Bret a repris la parole pour dénoncer "un débat binaire" : "Oui, il faut se doter des instruments pour mettre en place la régulation", mais pas selon les termes du vœu déposé. Jean-Paul Bret a expliqué ne pas vouloir prendre part au vote, tout comme les socialistes villeurbannais.

“On n’aura pas des locataires si on n’a pas des propriétaires”

Le Grand Lyon ne comptera pas de frondeurs socialistes. Aucun ne s'est abstenu ni n’a voté pour le vœu. Olivier Brachet, vice-président au logement, a souligné que la question de l'augmentation des loyers ne concernait que les nouveaux baux, la hausse annuelle des loyers étant commandée par l'indice de référence des loyers (IRL). Il craint que l'encadrement des loyers ne vienne "raréfier l'offre". "On a déjà perdu 100 000 logements", a-t-il souligné, le nombre de logements neufs étant tombé à 331 867 en 2013. "On n'aura pas des locataires si on n'a pas des propriétaires", a-t-il lancé. Et de conclure : "Il y a des remèdes qui sont pires que le mal et cette mesure l'a démontré."

Gérard Collomb a défendu sa méthode lyonnaise de "confiance" entre acteurs publics et privés, vantant son bilan : 1 500 logements sociaux en 2001, 4 400 l'an dernier, acquis pour moitié grâce aux promoteurs privés. "Un certain nombre d'entre nous pensent qu'il suffit de légiférer et que cela va mieux après", s'est-il moqué. Il a souligné la modération de la hausse des loyers dans l'agglomération lyonnaise ces dernières années : 1 % en 2010, 2,2 % en 2011, 2,4 % en 2012, 1,6 % en 2013. "On est dans un marché régulé", a-t-il conclu.

Collomb sur la loi Duflot : l’UMP l’accuse de “mensonge”

"Vous êtes contre une loi que vous avez votée." Les débats ont pris un tour polémique, lundi soir, quand le maire de Caluire, Philippe Cochet (UMP), a accusé le maire de Lyon de double langage au sujet de la loi Duflot : socialiste à Paris, libéral à Lyon. Gérard Collomb s'est en effet vanté de ne pas avoir voté le texte en première lecture au Sénat. "J'avais averti le Gouvernement", a-t-il affirmé.
Dans les travées, Stéphane Guilland (UMP) était furieux. Il a déjà interpellé Gérard Collomb sur ce sujet. À la première occasion, il s'est saisi du micro ce lundi soir, houspillant le maire. "La mémoire vous fait défaut. Je vous l'avais déjà fait remarquer en conseil municipal. Un oubli délibéré est un mensonge", a grondé l'élu. "Vous avez découvert qu'il existe dans le Grand Lyon des propriétaires", a ricané Cochet.
Ils n'ont pas complètement tort : le maire de Lyon a en effet voté pour la loi Alur en première lecture, le 26 octobre 2013, puis en commission mixte paritaire, le 20 février 2014. En revanche, le 31 janvier 2014, il fut effectivement le seul sénateur socialiste à ne pas prendre part au vote. "Il a déposé une dizaine d'amendements", signale une collaboratrice.

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