La sécurité dans les trains s’invite dans la campagne des régionales

Après l’attaque du Thalys, les politiques réagissent. Ces derniers jours, les propositions pour sécuriser les trains ont fusé : portiques, augmentation de la vidéosurveillance, contrôles en gare plus fréquents. Dans la région, la sécurité sur le réseau ferroviaire est-elle menacée ? Les candidats à l’élection régionale en Auvergne-Rhône-Alpes s’attaquent au sujet.

Gare Part-Dieu, 2015

© Eliot LUCAS
Vue extérieur de la Gare Part-Dieu, 2015

“Est-ce le retour cynique des sinistres contrôles au faciès dans les gares ?” se sont offusqués Corinne Morel Darleux et Jean-Charles Kohlhaas, le tête de liste EELV/PG pour les élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes, dans un communiqué. La réaction fait suite aux propos du ministre délégué aux Transports, Alain Vidalies, qui s'est prononcé pour "des contrôles aléatoires dans les gares". Dans la foulée, sa ministre de tutelle, Ségolène Royal, suggérait de créer des portiques de sécurité aux abords des trains grandes lignes.

Thématique d'actualité nationale, la sécurité dans les trains doit-elle devenir un sujet de réflexion local ? Les 1 200 trains régionaux quotidiens (TER) et 265 gares sont en effet sous l'autorité partielle de la région, grâce à une convention d'exploitant avec la SNCF. Pour cette rentrée politique, les candidats aux élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes n'ont pas tardé à s'emparer du sujet.

“Il y a un dispositif de sécurité compétent”

Christophe Boudot, tête de liste du Front national, a le premier appelé le président du conseil régional, Jean-Jack Queyranne, à une réunion d'urgence. "Je suis membre de la commission Transports de la région, mais nous ne connaissons pas la situation. Il nous faut un état des lieux", a-t-il déclaré à Lyon Capitale. Toutefois, Jean-Jack Queyranne ne compte pas répondre à son appel : "Les réunions ont déjà eu lieu ! La réaction de M. Boudot est due à l'agitation de la période. Il y a un dispositif de sécurité compétent. Ce qu'il faut, c'est renforcer la prévention."

La prévention, mais sous quelle forme ? Pour le candidat du "Rassemblement" EELV/PG, Jean-Charles Kohlhaas, il faut éviter de "tout déshumaniser" et de tomber dans le "tout sécuritaire" des portiques ou de l'excès de vidéosurveillance : "La machine n'est que peu efficace, la caméra ne fait que déplacer l'insécurité. Nous devons adapter les moyens humains aux trains et cibler ligne par ligne", a-t-il expliqué à Lyon Capitale. "C'est typique des arguments écologistes, répond Laurent Wauquiez. L'avantage des caméras, c'est qu'elles permettent de suivre les individus et de pister la délinquance."

7 600 agressions dans la région ?

Laurent Wauquiez, tête de liste Les Républicains aux élections régionales, annonce le chiffre de 7 600 agressions et incivilités dans la région en 2014. Un chiffre que la SNCF refuse de confirmer, pas plus que le nombre de caméras de surveillance en service. Notons qu'il y a environ 150 000 usagers de la SNCF en Auvergne-Rhône-Alpes chaque jour, selon des estimations de la SNCF.

D'après la tête de liste Les Républicains, une prise en main forte de la région est nécessaire sur le sujet : "Il est inacceptable que la région Ile-de-France possède une force policière dédiée sur son réseau, et pas notre région. J'en ai assez du centralisme parisien, l'usager lyonnais a les mêmes droits. J'accuse Jean-Jack Queyranne de n'avoir rien demandé sur ce dossier."

En effet, l'Ile-de-France possède une force policière déléguée sur son réseau de transport, qui s'ajoute aux agents de la sûreté ferroviaire SNCF (Suge). Auvergne-Rhône-Alpes, deuxième réseau ferroviaire du pays, ne dispose que de 300 agents de la Suge, sur les 2 800 dispersés en France. "Il est prévu de mobiliser, à titre expérimental, les militaires opérationnels de la gendarmerie du Rhône, notamment sur les terminus. D'autre part, le plan Vigipirate est constamment présent dans les principales gares", rappelle Jean-Jack Queyranne.

Sûreté ferroviaire ()

© DR
La sûreté ferroviaire

Comme un policier sans formation

Dans un communiqué diffusé ce jeudi après-midi, Jean-Jack Queyranne relaie les propos des dirigeants de la SNCF : "Tous les agents, quelles que soient leurs fonctions ou leurs missions, sont quotidiennement engagés dans la surveillance des lignes et des sites."

Pour Eric Santinelli, représentant de Sud Rail, deuxième syndicat de cheminots régional, c'est bien le problème : les contrôleurs ne sont ni formés ni habilités à effectuer un travail de surveillance. "Il faut que chacun ait son métier. C'est comme si on avait un policier sans formation !" s'exclame-t-il. Pour lui, la Suge souffre d'un manque de moyens patent. "Autrefois, l'utilisation de la Suge était négociée en fonction du besoin de chaque région, grâce à des commissions locales, explique-t-il à Lyon Capitale. Depuis cinq ans, il y a un véritable abandon. La sécurité, c'est comme la bicyclette : quand on arrête de pédaler, on tombe."

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