Lyon Capitale révélait ce mercredi les avantages dont bénéficie le président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes en tant que fonctionnaire détaché du Conseil d’État. Une situation néanmoins légale, comme nous l’écrivions.
Treize ans de droits à la retraite pour un poste occupé deux mois. Lyon Capitale révélait ce mercredi la situation du président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, en détachement du Conseil d'État depuis 2004. Situation qui lui permet de bénéficier de son avancement et de ses droits à la retraite pour le poste de maître des requêtes, qu'il n'a occupé que deux mois. Rappelons que si Laurent Wauquiez a travaillé durant trois ans au Conseil d'État, à des postes inférieurs, c'est sur son grade actuel que sont calculés ses droits.
Alors que nos sollicitations envers son entourage sont restées vaines, avant comme après la publication de notre article, l'actuel candidat à la présidence du parti Les Républicains a réagi par voie de communiqué ce jeudi après-midi, sur les réseaux sociaux. En voici la copie in extenso :
“Réaction à l'article de Lyon Capitale :
“Je ne suis pas dupe du calendrier de ce genre d'attaques en pleine période de reconstruction de l'opposition. Mais je n'ai aucun problème à faire la totale transparence sur ma situation. Je suis aujourd'hui dans le régime du détachement prévu par la loi. Je ne perçois évidemment aucune rémunération du Conseil d'État.
“Comme la loi le prévoit pour tous les élus en detachement, je dois cotiser au régime des pensions civiles de l'Etat. Il est important de préciser d'une part qu'il ne s'agit pas d'un régime spécial de retraite, d'autre part que tous mes droits à la retraite sont évidemment ouverts par des cotisations que je paye réellement.
“Cette situation ne m'est pas propre, c'est l'application stricte de la loi pour tous les élus locaux en détachement.”
L’arrêté de détachement publié le 6 septembre
Comme Laurent Wauquiez, les internautes qui le soutiennent critiquent depuis la publication de notre article le “calendrier”. Cette temporalité de publication n'a rien de politique, elle aurait plutôt à voir avec le calendrier institutionnel. L'arrêté renouvelant le détachement de Laurent Wauquiez a en effet été publié au Journal officiel le 6 septembre et fait l'objet d'un premier article de Lyon Capitale le lendemain. Le temps d'enquêter, de vérifier nos informations et d'obtenir quelques éclaircissements du Conseil d'État, nous publions un second article moins d'une semaine plus tard. Difficile, donc, d'accuser le calendrier.
Laurent Wauquiez insiste sur la légalité de sa situation. Un point que nous avions évidemment souligné. Comme il l'écrit, le candidat à la présidence du parti Les Républicains ne touche pas de rémunération pour ce travail qu'il n'effectue pas. Il paye normalement des cotisations pour ses droits à la retraite.
Dans la même situation, Valérie Pécresse a démissionné
Enfin, si cette situation n'est pas propre à Laurent Wauquiez, comme il le rappelle, le président du conseil régional aurhalpin se trouve esseulé parmi ses collègues d'autres régions. Beaucoup, comme Bruno Retailleau, Bruno Muselier ou Xavier Bertrand, sont issus du privé et ne sont donc pas concernés. Quant à Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d’Ile-de-France, elle occupait également le poste de maître des requêtes et se trouvait aussi en position de détachement depuis plusieurs années... Mais elle a démissionné de la fonction publique en novembre 2015. À gauche, Jean-Yves Le Drian a profité des avantages du détachement avant de prendre sa retraite d'inspecteur de l'Éducation nationale en 2001.
Principal opposant au conseil régional, le groupe des élus socialistes, démocrates et écologistes a relayé l'information de Lyon Capitale via son compte Twitter en rappelant une déclaration de Laurent Wauquiez de 2011 : "L'assistanat est le cancer de la société." Mais le président du groupe, Jean-François Debat, n'a pas souhaité réagir dans nos colonnes. Lui aussi est fonctionnaire du Conseil d'État et continue de se rendre au Palais-Royal pour honorer ses fonctions. Un poste que le trésorier du PS cumule avec trois mandats d'élu.
Il y a un réel problème avec ces politiques. Premièrement ils votent des lois qui s'appliquent pour eux (le fonctionnement des retraites des députés est un fonctionnement d'entre-soi d'une autre époque). Deuxièmement ils précisent bien respecter ces lois (qui ont été bâties spécialement), sans pour autant remettre en question l'équité vis à vis de la population de celles-ci (comme Fillon). Enfin au lieu de répondre comme une personne responsable et compréhensive de la réaction que cette situation suscite, ces politiques projettent un écran de fumé en accusant les journalistes de produire ce genre d'article pour les discréditer. Donc sur le fond Wauquiez ne répond pas, et sur la forme ne comprend pas le fait que la population soit choquée par ce type de fonctionnement dérogatoire.
Loi inique bien entendu, et les énarques, serviteure de l'état, devraient être interdit de politique sans démission de la fonction publique. Trop facile!