En ouvrant ses listes à la société civile et à ses partenaires, Gérard Collomb les a refermées à plusieurs socialistes qui espéraient de meilleures places. Sur eux plane la menace d’un second tour ou d’un accord d’entre-deux tours avec EELV. Exemples.
Les candidats socialistes lyonnais font tous le même cauchemar, incarné par la figure de Loïc Rousseau, directeur de cabinet du maire de Lyon. C'est lui qui, en composant les listes de Collomb, a raboté les ambitions des uns et des autres à apparaître en haut de liste. Parfois avec brutalité. "Sylvain Aubray [le précédent directeur de cabinet, NdlR] était aussi dur, voire beaucoup plus, mais il avait la manière. Rousseau donne l'impression de ne pas respecter les gens", persifle un élu.
La nouvelle génération PS, victime aussi des sexagénaires ?
Il a fallu faire de la place. Le cabinet a endossé le mauvais rôle de traduire la volonté de Gérard Collomb d'ouvrir ses listes. Des places de choix ont été réservées à la société civile et aux alliés (radicaux, écologistes et communistes en rupture de ban avec leurs partis, centristes et divers gauche). Au final, 4 têtes de liste sur 9 ne sont pas socialistes. Dans le 5e, qui pourrait basculer à droite, ce sont les six premiers rangs qui sont trustés par des partenaires. Un élu a fait les calculs : sur les trois plus gros arrondissements, le PS devrait arracher environ 45 % des postes éligibles.
Certains socialistes déchantent, rétrogradés. La nouvelle génération, qui incarne la relève de demain, n'a pas obtenu le tremplin et la visibilité qu'elle espérait. D'autant que les sexagénaires n'ont pas libéré les postes : Richard Brumm, Nicole Gay, Christian Coulon, Rolland Jacquet, Roland Bernard, Jean-Louis Touraine – qui ont tous plus de 65 ans – sont bien décidés à rempiler. Sandrine Runel (12e dans le 8e), Serge Barbet (6e dans le 1er), Sarah Peillon (9e dans le 7e), Romain Blachier (photo ci-contre, 10e dans le 7e) lorgnaient sur les avant-postes. Anne Brugnera (2e dans le 3e) a été secourue par Thierry Philip, qui a tenu bon face au cabinet. Cécile Michaux a bénéficié du retrait de Geneviève Brichet pour se hisser au 3e rang dans le 6e. En revanche Walter Graci, 6e, est en lice pour le conseil d'arrondissement. Mathieu Jeannet, 5e dans le 2e, n'est pas éligible, sauf à ce que le PS conquière le 2e.
“Ça a un côté Kleenex”
Aucun, hormis Brugnera (photo ci-contre), n'aura les honneurs de l'hôtel de ville. En revanche, plusieurs briguent la métropole, "fléchés", comme Michaux, Blachier, Runel ou Peillon. Mais des menaces planent sur leur élection : un regain de l'UMP ou des triangulaires face au FN qui obligeraient à un second tour, ou encore une alliance d'entre-deux tours avec Europe Écologie-Les Verts. À chaque fois, le PS y laisserait des plumes, même en cas de victoire. Dans le 7e, un siège de conseiller communautaire serait revendiqué par Bruno Charles, au détriment par exemple de Romain Blachier. "On savait à quoi s'en tenir, alors on ronge notre frein", philosophe un jeune socialiste.
C'est aussi la soupe à la grimace pour certaines figures de l'ouverture de 2008 : les prises de guerre qui venaient d'ailleurs. Élus sortants, ils sont désormais associés à Gérard Collomb et tout aussi comptables que lui de son bilan. "Ils n'ont plus rien à offrir. Ça a un côté Kleenex", s'émeut une socialiste. Ainsi, Anne-Sophie Condemine (ex-Modem, photo ci-contre) est 7e dans le 7e arrondissement, soit la dernière place éligible pour le conseil municipal. En cas de triangulaire avec le FN, l'adjointe devrait se contenter du conseil d'arrondissement. "On fait tout pour que ça passe dès le premier tour", prie celle qui a failli être tête de liste dans le 6e arrondissement. Gilles Vesco (11e dans le 3e) a sauvé sa peau pour la métropole, mais ne siégera plus au conseil municipal, où il était lui aussi adjoint. Eric Desbos (11e) et Thérèse Rabatel (8e) ne sont pas en situation confortable dans le 8e arrondissement, où Gérard Collomb avait enlevé dix billets pour l'hôtel de ville en 2008, dans un contexte plus favorable. Ici, la présence du FN au 2e tour est quasi acquise.
Les Philip et Képénékian de demain
La société civile bouc émissaire facile ? La tactique électorale n'est pas tout. "Si Gérard Collomb est allé chercher des talents ailleurs, c'est qu'il a compris qu'il ne les avait pas au PS", nous souffle un observateur. "Aucune personnalité n'émerge vraiment", reconnaît l'une des jeunes pousses. Peut-être que parmi Elvire Servien, Myriam Picot, Christophe Bombana et Yann Cucherat se cache le Thierry Philip ou le Georges Képénékian de demain. Ces derniers, issus de la société civile, sont devenus des piliers de la majorité.
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Oh je serais curieuse de savoir qui est cet 'observateur'. Sans doute un notable quinqua bien servi qui considère qu'il suffit d'être notable pour avoir du talent et qu'il n'est pas de voix au chapitre à donner sous les cinquante ans. Le même sans doute qui doit plus loin parler d'absence d'émergence, là où Lyon Cap est surpris de voir certains noms bien connus si mal placés.
M. Paulin, cadre de l'UDI sur la liste Collomb du 2ème, déclarait il y a 6 mois : ' HAVARD AVEC NOUS. Je le félicite de sa très belle victoire aux primaires de l’UMP... Je vais m’investir à fond dans mon mouvement. Mon objectif est d’être élu au conseil d’arrondissement ... Le temps n’est pas venu pour finaliser mon ambition. Le temps est au travail... présenter ma vision de Lyon. Et pour réussir l’alternance dont nous avons tant besoin dans dans cette ville'. Triste pour les vrais amis PS de GC
Elections régionales RHONE-ALPES ( 10/03/1992 ) Métier: ' la politique c'est un métier qui nécessite une formation, de I 'expérience et une conviction ' a déclaré ****** ****** en dénonçant l'irruption des socio-professionnels dans la vie électorale.