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©Alain Jocard AFP

“Pas un sou d’argent liquide” dans la campagne de Sarkozy

ENTRETIEN – Philippe Briand, député (UMP) d'Indre-et-Loire et trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, revient pour Lyon Capitale sur la décision du Conseil constitutionnel de rejeter les comptes du candidat. Il pointe du doigt des incohérences de jugement de la part de la commission des comptes de campagne. Il affirme qu’"une chasse à l'homme est lancée contre Nicolas Sarkozy". Un Nicolas Sarkozy qui voulait une campagne exemplaire "sans espèces, ni liquide".

Lyon Capitale : Quel est votre sentiment au lendemain de la décision du Conseil constitutionnel d'invalider les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy ?

Philippe Briand : C'est la stupéfaction. Le Conseil constitutionnel n'a fait que reprendre les conclusions de la commission des comptes de campagne ; normalement, c'est une structure d'arbitrage qui doit regarder les choses. Il n'a nullement regardé les éléments que nous avons transmis. Nicolas Sarkozy a voulu une campagne exemplaire. C'est, peut-être, une des premières campagnes présidentielles où il n'y a pas un sou d'argent liquide, il n'y a pas d'espèces. Toutes les rentrées sont régulièrement prouvées.

Plusieurs éléments, comme la réunion à Villepinte, ont été largement imputés au compte du candidat par les Sages.

On a présenté des comptes qui sont un demi-million d'euros de moins que le plafond. Mais certaines réintégrations, décidées par le Conseil constitutionnel sur ces comptes sont des éléments totalement improbables. Par exemple, le grand meeting réalisé à Villepinte. Il comporte trois temps : un temps du congrès de l'UMP, un deuxième temps pour les élections législatives, et enfin deux heures consacrées à Nicolas Sarkozy. En 2005, lorsque Nicolas Sarkozy est aussi candidat à la présidentielle, la commission des comptes de campagnes a réimputé 50 % sur le compte du candidat, 50 % sur le compte du mouvement. Cette fois-ci, dans les mêmes circonstances, elle impute 85 % de l'organisation de la salle au candidat. Donc, on a changé les règles du jeu, on passe de la barrière de 50 à 85 %.

Les Sages ont également considéré que plusieurs déplacements de Nicolas Sarkozy en septembre et en octobre 2011 devaient être imputés au compte du candidat car ils avaient une portée politique. Mais ce n'était que l'expression du chef de l'Etat. En revanche, pour François Hollande, qui a fait sa campagne lors des primaires socialistes, on ne réintègre à aucun moment ses passages à la télévision ou dans la presse. Il y a deux poids deux mesures.

En fait, en alignant ces nouvelles dépenses comme un numéro spécial d'un magazine, on arrive à un dépassement de 2 % du compte de campagne. Pour 2 %, on nous retire 100 % de la recette. J'y vois quelque chose de très grave pour la démocratie. Car, si François Hollande veut être candidat à sa propre succession, cela voudrait dire qu'il ne pourra plus se déplacer l'année précédente. Le mandat de président serait donc réduit à 4 ans.

C'est une décision politique selon vous ?

Je n'ai pas à juger si c'est une décision politique, car cela voudrait dire qu'il y a eu des ordres. Mais je crois que c'est une espèce de chasse à l'homme contre Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, durant sa campagne, on l'a critiqué sur sa personne mais pas vraiment sur le débat d'idées. Je trouve que tout cela commence à faire beaucoup. Nicolas Sarkozy est attaqué sur l'affaire Bettencourt. Mme Bettencourt était responsable pour présider le conseil d'administration de l'Oréal ou de Nestlé mais elle n'était pas bien le soir chez elle. L'affaire de Kadhafi qu'on veut lui mettre sur le dos alors que c'est lui qui a restauré la démocratie en Libye. L'affaire Tapie et maintenant le rejet de comptes de campagne. Je trouve qu'il y a une espèce de forme d'acharnement contre Nicolas Sarkozy, qui commence à faire très lourd dans une démocratie qui s'appelle la France.

Avez-vous été en contact avec Nicolas Sarkozy ?

Oui, bien sûr. Le sentiment de Nicolas Sarkozy, ce n'est pas une erreur comptable. Il y voit plus une manœuvre politique qu'autre chose. Il est peut être dangereux pour l'avenir, car il est susceptible de revenir au pouvoir.

L'UMP se voit priver de 11 millions d'euros supplémentaires alors que sa situation financière est difficile. Est-ce la fin du parti ?

Ce n'est pas la fin de l'UMP, parce qu'elle est composée de gens solides, enracinés et prêts à se battre. Mais finalement cela représente quoi ? En retirant 10 millions à l'opposition, on la muselle. On lui empêche d'avoir des moyens d'expression, d'éditer des tracts, de réaliser des affiches, de former ses candidats, de les soutenir. On a, d'un côté, un Parti socialiste déliquescent à la tête de l'Etat, qui fait un flop économique, social, industriel et moral et qui est en train d'essayer de condamner son opposition. Après, il ne faudra pas s'étonner si les extrêmes remontent.

La souscription est-elle une solution ?

Absolument. L'UMP compte 300 000 adhérents : si chacun fait un geste, si les sympathisants semblent se mobiliser, si tous les gens qui, au-delà des frontières de l'UMP, se sentent moralement responsables d'une vraie alternative politique et de la démocratie en France veulent se mobiliser, on devrait arriver à sortir de l'impasse. Mais l'Etat n'en sortira pas grandi dans cette affaire.

Nicolas Sarkozy peut-il faire son retour sur le devant de la scène politique ?

Si on avait voulu réveiller l'UMP et Nicolas Sarkozy, on ne l'aurait pas fait autrement. Je note que Jean-François Copé est à la manœuvre. Il a immédiatement appelé, comme président du mouvement, au combat, et maintenant nous allons rentrer dans le combat.

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