Candidats En Marche législatives 2017
© Lyon Capitale

Qui sont les candidats d’En Marche à Lyon et dans le Rhône ?

Ce jeudi, après des semaines de suspense et des heures de retard, En Marche a enfin livré le nom d’une grande majorité de ses candidats aux législatives. À Lyon, Gérard Collomb a été écouté. Le renouvellement se fait hors de sa ville avec des profils issus de la société civile. La promesse est à moitié tenue.

L'annonce des candidatures aux législatives d'En Marche devait être le premier élément de clarification profonde du réel positionnement politique d'Emmanuel Macron. Après avoir promis de renouveler la classe politique avec le ni gauche ni droite en thème imposé, les investitures avaient valeur de révélateur. Au niveau national, la promesse est plutôt tenue. À Lyon, comme annoncé sur ce site depuis plusieurs jours, le compte n'y est pas vraiment. La liste qui a reçu l'imprimatur de Gérard Collomb est à dominante PS. Sur les quatre circonscriptions lyonnaises, trois échoient à des socialistes (Touraine, Brugnera et Julien-Laferrière). La 4e a été confiée à Thomas Rudigoz, le maire du 5e arrondissement, allié de toujours de Gérard Collomb. Pour faire passer ce plat indigeste pour de nombreux “marcheurs” apolitiques, En Marche a ajouté un soupçon de société civile (Bruno Bonnell, Blandine Brocard, Jean-Luc Fugit, Danielle Cazarian) et arrosé le tout d'une dose de centre-droit infusé au Modem (Cyrille Isaac-Sibille, Thomas Gassilloud ou Marion Riou). Nombre d'entre eux sont élus municipaux ou ont déjà été candidats à des élections. Bruno Bonnell, référent départemental d'En Marche, défend cette liste rhodanienne : "J'avais précisé que les conditions décrites par Emmanuel seraient atteintes au niveau national. C'est le cas. Dans le Rhône, on ne s'en sort pas si mal. Lyon, c'est un autre volet. J'avais glissé dans les conversations aux militants que nous avions un objectif stratégique différent. Pour obtenir des voix face, par exemple, à Nora Berra, une ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, on ne pouvait pas envoyer une novice. C'est pour ça que nous sommes moins dans le renouvellement. Pour chaque bataille, nous avons cherché à optimiser nos chances. Mais sur le département nous avons un équilibre, il faut maintenant dépasser les querelles de quartier." La pilule sera toutefois difficile à avaler pour les recasés de la société civile ou de la classe politique.

1re circonscription

Thomas Rudigoz

Maire centriste du 5e arrondissement, conseiller métropolitain et ancien conseiller départemental

Initialement soutenu par Caroline Collomb, secrétaire de section du PS dans le 5e, Thomas Rudigoz a définitivement décroché l'investiture en décrochant le soutien de Gérard Collomb. Le maire de Lyon soutenait originellement Thierry Braillard. Celui-ci, malgré son statut d'ancien secrétaire d'Etat aux Sports, collègue d'Emmanuel Macron à la table du conseil des ministres pendant deux ans, et de député sortant, n'a eu aucun passe-droit. Comme Najat Vallaud-Belkacem à Villeurbanne. C'est donc le scénario de 2012 qui refait surface, avec un candidat officiel et un "dissident". Thomas Rudigoz, avec son profil d'ancien de l'UDF et du Modem, recentre aussi le paysage lyonnais d'En Marche. Ancien collaborateur d'Anne-Marie Comparini, il a intégré la galaxie Collomb en 2008 : élu municipal puis conseiller régional. En 2014, Gérard Collomb l'a propulsé tête de liste dans le 5e arrondissement, où il a annihilé les ambitions de Michel Havard. Thomas Rudigoz explique son investiture, plutôt que celle de Thierry Braillard, par son positionnement politique et son ancrage dans le 5e arrondissement, qui constitue la base de la 1re circonscription : "Thierry Braillard est peut-être plus connu que moi du fait de ses fonctions ministérielles, mais ça ne veut pas dire qu'il est apprécié. Il est complexe de transformer une notoriété en popularité. Moi, je peux arriver à obtenir suffisamment de voix pour être élu."

2e circonscription

Hubert Julien-Laferrière

Maire PS du 9e arrondissement

Depuis des années, il est présenté comme la variable d'ajustement de Gérard Collomb. Le maire de Lyon lui a souvent promis des postes : adjoint, sénateur, député, conseiller régional ou encore député européen. Au dernier moment, il avait toujours été sacrifié. Alors, pour ces législatives, Hubert Julien-Laferrière a douté jusqu'au dernier moment. Investi par le PS à l'automne, il a rejoint En Marche avant la primaire de la Belle Alliance populaire. Pour lui, les législatives se joueront au premier tour, qui aura des allures de primaire avec Nathalie Perrin-Gilbert, la maire Gram du 1er arrondissement. La présence d'un candidat de la France Insoumise (qui a réalisé ses meilleurs scores lyonnais sur ces terres) devrait l'aider, en dispersant les voix de la gauche radicale. Mais il devra aussi faire face à la fronde interne qui couve. Des “marcheurs” se réunissent dès ce vendredi pour établir leur stratégie face à une investiture à laquelle ils ont eu du mal à adhérer. Dans un communiqué pour se féliciter de sa nomination, Hubert Julien-Laferrière leur a envoyé un message : "Dans mes fonctions locales, j’ai l’habitude de rassembler les acteurs du territoire pour toujours plus d’efficacité et de m’inspirer des réussites de la société civile pour les incarner dans l’action politique."

3e circonscription

Jean-Louis Touraine

Député PS sortant, ancien premier adjoint au maire de Lyon (2001-2014)

À 71 ans, il rate, à quelques mois près, le titre honorifique de doyen des candidats En Marche. Gérard Collomb lui avait promis l'investiture avant l'automne et a tenu parole malgré des doutes émanant des “marcheurs” issus de la société civile. Ou des autres candidats socialistes, qui se sont longtemps imaginés sauvés par son éviction des listes. Jean-Louis Touraine ne coche qu'une seule case dans les critères mis en avant par En Marche : l'expérience. En cas de victoire, il s'agirait de son troisième mandat de député.

4e circonscription

Anne Brugnera

Adjointe PS à l’éducation à Lyon et conseillère métropolitaine

Aux législatives de 2012, elle avait remplacé au pied levé Najat Vallaud-Belkacem, qui s'était fait porter pâle après son entrée au gouvernement. Cinq ans plus tard, elle a pris du galon dans l'appareil socialiste autour de Gérard Collomb : adjointe à l'éducation en 2014 et présidente du groupe PS à la métropole. C'est justement cette étiquette qui est au cœur des doutes sur sa candidature. Un groupe important de “marcheurs” du 6e arrondissement ne cache pas son scepticisme quant à ses chances de victoire dans une circonscription taillée pour la droite.

5e circonscription

Blandine Brocard

Juriste, adjointe au maire de St-Germain-au-Mont-d’Or

Elle est l'un des nouveaux visages d'En Marche, un gage du renouvellement de la vie politique. Mais la chose politique ne lui est pas non plus étrangère. Elle est juriste à l'Association des maires ruraux de France et adjointe au maire de Saint-Germain-au-Mont-d'Or. Une commune dans laquelle Emmanuel Macron est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle. Le maire de cette commune, Renaud George, est aussi l'un des premiers maires Divers droite du val de Saône à avoir embarqué dans l'aventure Macron.

6e circonscription

Bruno Bonnell

Chef d’entreprise

En 2001, il était le premier chef d'entreprise à soutenir Gérard Collomb. En 2016, il a été l'un des premiers patrons à s'engager en politique pour Emmanuel Macron. Référent départemental d'En Marche, il s'est démultiplié pendant les six mois de campagne dans le Rhône. Après avoir longtemps refusé de se positionner sur les législatives, le verdict est tombé jeudi soir : il est candidat à Villeurbanne. Une circonscription bien ancrée à gauche mais qui pourrait vaciller : Emmanuel Macron est arrivé en tête, loin devant le PS. Bruno Bonnell se lance donc officiellement dans la vie politique, après s'en être approché durant le quinquennat de François Hollande : il a été conseiller chef de projet robotique du Made In France d'Arnaud Montebourg, prédécesseur d'Emmanuel Macron au ministère de l'Economie. Bruno Bonnell se défend de tout parachutage : "Villeurbanne, j'y suis arrivé en 1966, quand ma famille a quitté l'Algérie. J'ai créé toutes mes entreprises ici. J'y ai fait mes études. C'est un territoire sur lequel je suis légitime. Je suis tout l'inverse de Najat Vallaud-Belkacem. Elle est née dans le monde politique et n'est villeurbannaise que depuis un an. Je suis villeurbannais depuis toujours et en politique depuis quelques mois. Et dans Villeurbanne, il y a deux N et deux L : comme dans Bonnell."

7e circonscription

Anissa Khedher

Cadre de santé

La 7e circonscription du Rhône est l'une de celles qui provoquent l'ire du Modem et de François Bayrou. François-Xavier Pénicaud, conseiller régional et patron de la fédération centriste métropolitaine, revendiquait l'investiture. Longtemps il s'est imaginé en balance avec le socialiste Izzet Doganel. Mais Anissa Khedher cochait plus de cases qu'eux. Elle permet à la République En Marche de respecter la promesse de parité et d'investir des candidats qui n'ont jamais été élus. Pour cette cadre de santé, cette dernière condition s'est jouée à quelques voix. Elle était en 29e position sur la liste d'Annie Guillemot aux municipales 2014 à Bron, qui a obtenu 27 sièges.

8e circonscription

Joëlle Terroir

Technicienne de laboratoire

Cette technicienne de laboratoire a été investie par En Marche dans la 8e circonscription lors de la deuxième vague d’investitures. Elle est présentée par son mouvement comme "très investie dans plusieurs associations du pays de l’Arbresle". Dans la 8e circonscription, elle fera face au député sortant Patrice Verchère. Une circonscription qui sera difficilement gagnable au vu des scores d’Emmanuel MAcron durant le 1er tour de l’élection présidentielle. Arrivés en tête au 1er tour avec 27,30 % (contre 23,95% pour En Marche), Les Républicains peuvent envisager les législatives sereinement dans cette circonscription. Le député sortant, Patrice Verchère, a, a priori, de bonnes chances d'être réélu. À moins que le Front national ne s'invite dans des triangulaires, ce qui rendrait le sort du scrutin bien plus indécis.

9e circonscription

Marion Riou

Adjointe au maire de Belmont-d’Azergues, fonctionnaire

Adjointe au maire d'une commune de 628 habitants, Marion Riou peut difficilement être taxée de professionnelle de la politique. Fonctionnaire dans un service d'urbanisme, elle portera les couleurs d'En Marche dans une circonscription très compliquée, face au député sortant, le maire de Villefranche-sur-Saône Bernard Perrut, et au frontiste Christophe Boudot.

10e circonscription

Thomas Gassiloud

Chef d’entreprise et maire de Saint-Symphorien-sur-Coise

Dans la 10e circonscription, Thomas Gassilloud maire et chef d'entreprise de 35 ans a été choisi pour faire face au candidat sortant Christophe Guilloteau ou à sa femme Sohpie Cruz. Il semblerait d'ailleurs que ce soit cette dernière qui se présentera pour que son mari puisse garder sa place en tant que président du département. Dans une circonscription marquée à droite, le choix de Thomas Gassilloud, maire de Saint-Symphorien-sur-Coise, semble cohérent. Ce dernier était déjà candidat divers droit sous l'étiquette "Ensemble pour la 10e" avant de recevoir son investiture d'En Marche. Un candidat qui souhaite aujourd’hui : "donner toutes ses chances à Emmanuel Macron en portant son programme". Contacté, celui-ci s'est déjà montré offensif vis-à-vis couple Guilloteau : "Ce que je peux simplement dire c’est qu’en tant qu’élu local, quand on travail sur des dossiers on a plusieurs interlocuteurs principaux dont l'État et le département. Dans la 10e circonscription l'état c'est Guilloteau puisqu'il est député et le département c'est encore Guilloteau. Et cette concentration posera toujours problème si chaque interlocuteur fait partie du couple Guilloteau. On peut se poser la question de savoir comment madame Cruz a été choisie".

11e circonscription

Jean-Luc Fugit

Vice-président de l'université de Saint-Etienne et référent d'En Marche à Givors

À 47 ans, Jean-Luc Fugit fait partie des nouvelles têtes du mouvement En Marche dans le Rhône. Cet enseignant-chercheur chimiste et docteur en pollution de l'air est présenté par son mouvement comme "très engagé sur les questions de développement durable et de santé en lien avec ses travaux scientifiques". Vice-président d'un établissement au sein du pôle universitaire Lyon/Saint-Etienne, il est en charge des politiques d'orientation, d'insertion professionnelle et d'entrepreneuriat. Il sera opposé au député sortant Georges Fenech. Au 1er tour de l'élection présidentielle François Fillon n'est arrivée qu’en troisième position fragilisant la position du député sortant. Un handicap que Georges Fenech a les moyens de remonter, mais il lui faudra mordre nettement sur le FN pour éviter une triangulaire bien périlleuse. Cette circonscription, qui a souvent basculé d’un bord à l’autre, semble en effet gagnable pour le candidat qui sera désigné par En Marche.

13e circonscription

Danielle Cazarian

Chef d'entreprise et présidente du Centre national de la mémoire arménienne

À 52 ans, il s'agit du premier réel engagement politique pour cette chef d'entreprise et présidente du Centre national de la mémoire arménienne. Dans une circonscription où le FN à fait de très gros scores durant les deux tours de l'élection présidentielle, elle déclaré s'être engagé : "pour lutte contre le FN." Très implantée à Décines où elle est investie dans le Centre national de la mémoire arménienne, elle sera notamment opposée au député sortant Philippe Meunier. C'est Emmanuel Macron qui est arrivé en tête dans cette circonscription du Rhône, mais avec un score inférieur à sa moyenne nationale. Arrivés dans un mouchoir de poche (respectivement avec 24,31 et 23,84 % des voix), le mouvement En Marche et le Front national mettent en péril la réélection de Philippe Meunier, député sortant. Une triangulaire serait favorable aux Macronistes.

14e circonscription

Yves blein

Député PS sortant et maire de Feyzin

Ainsi donc l'organisateur des primaires PS dans le Rhône se présentera sous l'étiquette aux législatives des 11 et 18 juin. Le revirement de situation a de quoi surprendre tout en comportant une forme de logique. Yves Blein, député PS sortant, n'a jamais caché son ressentiment vis-à-vis des frondeurs qu'il a souvent accusé d'avoir gâché le quinquennat de François Hollande. Surfant plutôt sur l'aile droite du PS, il a, par exemple, été le rapporteur parlementaire du CICE, une mesure soufflée à François Hollande par Emmanuel Macron. Aux primaires PS, il avait soutenu Manuel Valls et avait refusé de rallier la candidature de Benoît Hamon au lendemain de sa victoire. Frappé par le cumul des mandats, il abandonnera la mairie de Feyzin en cas de victoire. Un scénario qui n'a rien d'une évidence à un mois de l'élection. En 2012, sur fond de vague rose, il avait tombé un bastion communiste. Cinq ans plus tard, boosté par l'effet France Insoumise, Michèle Picard, maire PCF de Vénissieux (la ville la plus importante de la circonscription) apparaît en ballotage favorable.

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