Laurent Wauquiez vainqueur
© Elise Julliard

Régionales 2015 : ce qu’il faut retenir de cette soirée électorale

Jean-Jack Queyranne (PS), heureux d’être resté dans la course jusqu’au bout, espérait “l’emporter dans le sprint final”. Mais, dans la dernière ligne droite, c’est son adversaire Laurent Wauquiez qui a fait nettement la différence (40,61%), creusant l’écart comme il n’a jamais réussi à le faire dans les sondages des dernières semaines. Le candidat PS a donc perdu son sprint. Il termine deuxième avec 36,84% des suffrages, devant Christophe Boudot et ses 22,55%. Retour sur cette soirée électorale en Auvergne-Rhône-Alpes.

Une victoire “impressionnante” pour la droite

En remportant 113 sièges (contre 57 pour le PS et 34 pour le FN), le parti Les Républicains sera très largement majoritaire dans l'assemblée régionale. Une victoire "impressionnante", pour Phillippe Cochet, président de LR dans le Rhône. "C'est plus qu'un coup de reins. Il y a eu un transfert de voix, une mobilisation des abstentionnistes et apparemment les très nombreuses procurations ont beaucoup penché en notre faveur. C'est la victoire d'un discours clair, des valeurs assumées. C'est un élu du XXIe, il a mis un coup de vieux sur la politique à papa", conclut le maire de Caluire à propos de Jean-Jack Queyranne.

Un changement de politique et de personnes dont a aussi parlé Laurent Wauquiez dimanche soir : “Les habitants ont fait le choix du renouveau, cela me touche. Maintenant, nous allons pouvoir travailler en rassemblant tous les habitants de la région. Les électeurs voulaient du renouvellement et c'est pour cette raison qu'il ont défié les sondages. Ils veulent du changement, pas des discours." Le nouveau président du conseil régional a ensuite tendu la main à ses deux adversaires : "Je n'ai pas d'ennemi. Je les respecte et je tends la main à M. Queyranne et M. Boudot." Et il a fini par conclure en réaffirmant ses valeurs, des valeurs bien ancrées à droite : "Nos convictions, c'est qu'il n'y aura pas de hausse des impôts, le travail plutôt que l'assistanat, des élus qui retrouvent les sens de l'exemplarité et une République ferme face au communautarisme. Je ne trahirai pas ces valeurs. Nous allons mettre toute notre énergie pour faire d'Auvergne-Rhône-Alpes une région qui retrouve ces valeurs.

Un PS entre introspection et dénonciation de la politique “droitière” de Laurent Wauquiez

"La mobilisation des électrices et des électeurs qui ont porté leurs suffrages sur la liste que je conduis n’a pas suffi”, a commenté Jean-Jack Queyranne au soir du second tour, avant d'attaquer son adversaire LR : “Le candidat de la droite a recherché en permanence les voix de l’extrême droite. Il doit sa victoire au Front national.” Même son de cloche du côté de Jean-Paul Bret, le maire de Villeurbanne : “À l’évidence, Laurent Wauquiez a réussi à capter au second tour une partie des voix du Front national. C’est une droite dure qui s’installe à la tête de cette nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes. Cela ne présage rien de bon.” Face à cette victoire d'une "droite ultra-dure", Corinne Morel-Darleux (FG) appelle à y opposer "une gauche ultra-dure".

Des propos relativisés par Bernard Cheverot, tête de liste PS dans le Rhône : "En règle générale quand les électeurs se mobilisent ça profite à la gauche, pas cette fois. Au niveau national et local, la gauche a essayé de mobiliser les abstentionnistes. Mais ceux qui se sont mobilisés ont peut-être voté pour le leader du premier tour afin de faire barrage au FN. Les résultats sont là et il faut les accepter. C’est évidemment une déception et il faudra analyser les résultats."

Christophe Boudot dénonce un “pillage de ses thèmes de campagne par Laurent Wauquiez”

Comme dans la bouche de ses partisans, l'amertume dominait chez Christophe Boudot ce dimanche soir. "Je souhaite bonne chance à Wauquiez pour gouverner la région, mais je suis inquiet. Inquiet parce qu'il a fait un grand écart dans sa campagne. Wauquiez a pillé mon programme de façon éhontée dans l'entre-deux tours. Je serai un opposant vigilant et rigoureux”, a lancé le candidat du FN durant son discours.

Pour la tête de liste FN, cette défaite "en demi-teinte" est due "au système". Un constat partagé par Agnès Marion, deuxième tête de liste du FN dans le nouveau Rhône : "Ce soir, nous avons le sentiment d'un hold-up électoral ! Nous sommes victimes d'un déni de démocratie. Il y a 30 % des Français qui ne sont toujours pas représentés." Malgré tout, cette dernière se sent confiante pour l'avenir : “Nous faisons plus de voix, on a multiplié par trois nos élus. Nous progressons, nous aurons plus de capacités et on s'en réjouit. On pourra être force de proposition si Wauquiez joue correctement le jeu. À l'avenir, nous serons une vraie force d'opposition", a-t-elle conclu.

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