Régionales : débat pipé et cabale sur l’homosexualité

Le débat organisé mardi 23 février par les associations Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans de Lyon a créé la polémique dans la campagne des régionales. En refusant de venir débattre, Françoise Grossetête s’est vivement fait attaquer et s’est mollement défendue. Retour sur cette polémique.

Les associations Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans de Lyon ont fait le buzz de la campagne la semaine du 22 février en organisant un débat entre candidats aux régionales. Les têtes de liste n’étaient pourtant pas présentes et le contenu, lui, est passé à l’as. Finalement, tout s’est joué en amont. Quand Françoise Grossetête a refusé de débattre en soulignant que les thèmes abordés ne collaient pas aux élections régionales. La réaction des associations a été vive.

“Elle avoue sans rougir que les questions Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans ne font pas partie de ses priorités. Elle démontre ainsi la vacuité de son programme sur ces questions et le vide abyssal de son projet. Par ces propos, Françoise Grossetête affiche un mépris assumé aux associations Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans et à leurs revendications. C’est parfaitement inacceptable !”, déclarent-ils dans un communiqué.

Un organisateur à la double casquette

Sauf que derrière ce communiqué comme derrière ce débat se trouve un homme : David Souvestre. Joint par téléphone vendredi 26 février, il nous a confié être “le porte-parole naturel des 10 associations qui organisaient ce débat”. Professionnellement, il est surtout chargé de mission à la région Rhône-Alpes. Son employeur est donc Jean-Jack Queyranne. Et dans le débat sur les régionales se trouvait l’élue du Conseil régional à laquelle il est rattaché : Katia Philippe, conseillère déléguée à la jeunesse sous l’actuelle mandature socialiste (Front de Gauche). Toujours dans ce débat, Jean-Jack Queyranne était représenté par Stéphane Gomez, candidat dans le Rhône et secrétaire de l’association dont David Souvestre est le président, la Lesbian & Gay Pride (LGP).

La double casquette de l’organisateur était donc difficilement tenable dans un exercice qui demandait une impartialité totale. “Nous savions que ce débat serait diligenté par l’entourage de Jean-Jack Queyranne. Ce sont ses salariés qui l’ont organisé et l’on pouvait s’interroger sur l’impartialité de cette rencontre”, attaque après coup le directeur de campagne de Françoise Grossetête.

Un coup tordu ?

Et les faits corroborent ce sentiment. Quelques jours avant le débat, David Souvestre se posait en juge et partie en rédigeant avec sept autres associations du collectif le bilan de la mandature Queyranne. “Le soutien du Conseil Régional Rhône-Alpes à la défense des droits des LGBT n’a jamais été aussi important que sous la mandature de l’exécutif de Jean-Jack Queyranne. Le bilan est certes positif mais des efforts restent à faire”, affirmait le communiqué. En tant que chargé de mission, il a participé à la mise en place de ces actions. “Notre fonctionnement est démocratique, je n’ai rien organisé tout seul”, se défend David Souvestre.

Dans les jours qui ont suivi le débat, les rédactions des journaux ont pourtant été abreuvées de mails de sa part avec le fameux communiqué taclant sévèrement l’absence de Françoise Grossetête. Vendredi 26 février, il relance même les rédactions en envoyant une revue de presse. La campagne de presse est réussie. Mais l’on peut toutefois s’interroger : n’est-ce pas une cabale ? L’un de ces coups tordus qui font toujours le sel d’une campagne.

“Le débat n’était pas truqué”

Car l’argument est repris. Jeudi 25 février lors d’un débat sur la jeunesse entre candidats, un jeune militant socialiste a attaqué Fabienne Lévy, qui représentait Françoise Grossetête, sur l’absence de la candidate UMP au débat des associations Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans de Lyon. Sur Google Actualités, le nom de la candidate UMP n’est rattaché qu’à cette polémique. Le piège était un peu gros mais elle est tombée dedans.

“Le débat n’était pas truqué. Ce n’était pas un piège pour Françoise Grossetête. Il lui suffisait d’y aller pour ne pas tomber dedans. Le mode d’organisation de ce débat ne me choque pas. Ce n’était pas un acte commandité. Nous avons été informés en même temps que les autres partis. La seule maladresse, elle vient de Françoise Grossetête qui n’a envoyé personne à ce débat”, souligne Hervé Saulignac, le directeur de campagne de Jean-Jack Queyranne. Et vu l’emballement autour du débat, la candidate UMP est tombée dans le piège.

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