À la suite de l’arrêt rendu ce mardi par la Cour de cassation, les victimes de l’amiante reprennent espoir. Martine Aubry, mais également les responsables de la société Eternit, des lobbyistes du Comité permanent amiante (CPA) et des décideurs politiques restent mis en examen.
"C'est une victoire pour toutes les victimes de l'amiante. C'est presque historique. Nous sommes en route vers le procès pénal que l'on attend depuis dix-huit ans !" s'enthousiasme Alain Bobbio, secrétaire général de l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), après l'arrêt de la Cour de cassation, ce mardi, qui a invalidé l'annulation de la mise en examen de Martine Aubry et de huit autres personnes, dont les responsables principaux d'Eternit, fabricant d'amiante, et des lobbyistes du Comité permanent amiante (CPA). "Nous souhaitons que les responsables de cette catastrophe sanitaire, qui va entraîner 100 000 morts d'ici à 2025, selon les autorités sanitaires, soient jugés, et rapidement. Les premières plaintes ont été déposées il y a dix-huit ans !" précise Alain Bobbio.
La France s’est opposée, en 1986, à la proposition d’interdire l’amiante
La Cour de cassation souligne que "l'usage contrôlé de l'amiante, dont la réglementation relevait de la direction des relations du travail (…) a été maintenu jusqu'au décret d'interdiction du 24 décembre 1996, bien que l'amiante ait été classé comme étant cancérogène pour l'homme par le Centre international de recherche sur le cancer depuis 1977 et qu'en 1982 la conférence de Montréal ait indiqué que les valeurs limites d'exposition ne protégeaient pas du risque de cancer. (…) La France s'est opposée en 1986 à la proposition d'interdire l'amiante faite par l'Agence américaine de protection de l'environnement, puis, en 1991, au projet de directive de la Commission européenne tendant, à l'initiative de l'Allemagne, à une interdiction globale, et qu'enfin ces prises de position faisaient suite, l'une au dépôt d'un rapport, l'autre à la transmission d'un avis du CPA qui s'était montré très actif pour défendre l'“usage contrôlé” de l'amiante dont il ne contestait pas le caractère cancérogène".
Aubry “totalement sereine”
Martine Aubry, ministre du Travail de 1991 à 1993, a déclaré rester "totalement sereine" après cet arrêt. "Comme chacun le sait, j'ai toujours agi au regard des connaissances de l'époque, pour protéger au mieux la santé des salariés et notamment ceux exposés à l'amiante", a écrit la maire de Lille dans un communiqué.