À La Rochelle, le PS se sert du FN pour taper sur l'UMP

Le Parti Socialiste a décidé de consacrer sa rentrée politique à la lutte contre le Front National et la droitisation de l'UMP. Un choix qui permet aux dirigeants socialistes de mobiliser leur électorat en vue d'une année électorale périlleuse mais aussi de s'attaquer aux dérives droitières de l'UMP.

Le thème de la remise de la France sur les rails de la croissance ayant été préempté par le séminaire gouvernemental de rentrée, la direction du PS s'est rabattue sur des thèmes plus électoraux comme base de travail de sa traditionnelle université d'été à La Rochelle. L'accent est donc mis sur la lutte contre le populisme avec en ligne de mire le FN et l'UMP dont il dénonce une porosité grandissante aux idées du Front National. "On sent une lame de fond réactionnaire monter comme dans les années 30", compare Pascal Cherki, député PS, pour planter l'importance du choix du PS de lutter contre les populismes. Un constat partagé par Hélène Geoffroy : "nous avons ce que donnent les recettes du populisme en 1939. Nous avons essayé l'extrême-droite et nous avons que cela ne marchait pas".

Au travers des positions des socialistes, il est pourtant plus question chez les intervenants de la dérive du parti de droite que du péril frontiste. Et d'une certaine manière, c'est à la reconquête de l'électorat populaire que veut s'atteler le PS. "Il faut s'intéresser aux causes de la montée de l'extrême-droite. Nous devons nous investir sur le social, les retraites, ce qui fait le quotidien des gens. Je préfèrerai que l'on parle plus des retraites que de la sécurité", prône Jérôme Guedj comme réponse à apporter aux angoisses des français.

François Lamy voit, lui, aussi des causes économiques à la progression des idées d'extrême droite : "J'ai constaté que la carte de la pauvreté en France épouse celle des régions où le FN progresse en voix, sur un arc qui va du Nord à la région PACA. Le vote frontiste ne se limite plus aux banlieues, il gagne les zones péri-urbaines du fait de déplacement de population. Il faut apporter des réponses sur l'emploi, le logement ave l'encadrement des loyers, la fabrication des prix de l'immobilier pour répondre à ces gens qui ont été contraints de quitter les zones urbaines". "Je suis élue d'une banlieue et je vois le FN prospérer sur les désillusions, la défiance des élus et la colère des français. Dans ce climat anxiogène, nous devons apporter de la sérénité et faire nos preuves. Nous n'avons peut-être pas su les convaincre durant la première année du quinquennat", estime Hélène Geoffroy, députée de Vaulx-en-Velin.

UMP/FN, le PS dénonce des passerelles idéologiques

Avant de pouvoir retrouver la confiance des français, le PS s'attèle à brouiller l'image de la droite en la confondant dans les idées de l'extrême-droite. "Aujourd'hui, c'est le FN qui dicte le tempo et contamine la droite. Les digues cèdent, il suffit d'écouter Pierre Mazeaud dire que Jean-François Copé est devenu le cousin du FN. En s'attaquant à l'extrême-droite, nous ciblons aussi les dérives de l'UMP", explique Jérôme Guedj, député PS. "La ligne Buisson a été une fuite en avant qui a permis à Nicolas Sarkozy de resserrer l'écart entre lui et François Hollande au second tour de la présidentielle. C'est une tendance inspirée du Tea Party américain et qui avait permis à Bush d'être réélu, une stratégie d'hystérisation", analyse François Kalfon, secrétaire national du PS en charge des élections.

Pascal Cherki, député-maire du 14e arrondissement de Paris, avance, lui, l'explication du vide idéologique pour expliquer le glissement à droite de l'UMP : "la droite se cherche un modèle de remplacement après l'échec du libéralisme mis en évidence par la crise de 2008. Ils tatonnent à la recherche d'une idéologie de remplacement et éprouvent la tentation du choc civilisationnel : l'Occident contre le reste du monde avec le musulman comme agent dissolvant".

"Une partie de l'UMP devient outrancière sur certaines questions de société", pense Hélène Geoffroy. "Le mariage pour tous a permis au FN et à la droite d'opérer une jonction idéologique et militante. Ils font le lit du populisme qui monte", souligne Laurianne Deniaud, secrétaire nationale du PS à la vie associative, qui s'inquiète aussi d'une équation "entre le fondamentalisme religieux qui augmente et nourrit le FN et l'inverse". D'autres socialistes redoutent que les digues du front républicain cèdent définitivement à l'occasion des municipales de 2014. "Dans le sud, un risque d'alliance entre le FN et l'UMP n'est pas à exclure. Jean-François Copé a fait une erreur majeure en renvoyant dos à dos le PS et le FN avec sa stratégie du ni-ni. Ce genre de décisions a permis de dédiaboliser Marine Le Pen", s'inquiète François Lamy, ministre de la Ville.

Le populisme touche-t-il aussi la gauche ?

Le thème assez large du populisme permet aussi à certains socialistes de s'en prendre à Jean-Luc Mélenchon, auteur d'une violente sortie sur Manuel Valls qu'il comparait à Marine Le Pen. "J'ai du mal avec ce concept de populisme. Je veux être populaire mais il ne faut pas flatter les bas instincts comme peut le faire la droite par démagogie. Ce que fait Jean-Luc Mélenchon est différent, on ne peut pas le comparer à Marine Le Pen même si certains propos peuvent être gênants", différencie Jérôme Guedj, membre de l'aile gauche du parti. "Il est dans l’exagération, il ne rend pas service à la gauche par ses déclaration", regrette Hélène Geoffroy. François Lamy, ministre de la Ville, va plus loin au sujet de son ancien camarade : "Le FN est le parti populiste le plus dangereux mais certains propos à gauche m'inquiète".

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