Le consulat honoraire de Russie de Lyon s'est transformé en bureau de vote le temps d'une journée. Les ressortissants russes sont appelés à exprimer leur voix pour le premier tour des présidentielles. Leurs avis sur cette élection sont divisés.
Agitation inhabituelle au 66, rue Cuvier. C’est ici, au consulat honoraire de Russie de Lyon, que, comme dans six autres villes françaises et à Monaco, les ressortissants russes sont appelés aux urnes. De nombreux électeurs se succèdent, pour voter au premier tour de l’élection présidentielle organisée dans leur pays d’origine. Même après des années passées en France, ils se sentent toujours concernés par la politique russe. "Cela reste mon pays, mes parents vivent toujours là bas, confie Anastasia, en France depuis 8 ans. C’est très important de voter, pour choisir dans quelles conditions ils vivront !".
Si les chiffres de la participation ne seront pas disponibles avant lundi matin, force est de constater que le petit bureau du consulat n'a pas désempli de la matinée. Artem Dowidovich, responsable du scrutin à Lyon, s'en réjouit. "Il y a eu beaucoup de passage, il y a déjà plus de monde que ce que l’on attendait", se félicite-t-il, annonçant un nombre d’électeurs en hausse par rapport à 2012 et ses 400 bulletins glissés dans l'urne lyonnaise.
"La démocratie est morte"
L’issue du scrutin fait peu de doutes. A tel point que l'homme fort du Kremlin n'a donné qu'un seul meeting... de cinq minutes. Il n'a pas non plus jugé utile de participer aux débats télévisés réunissant les autres candidats. Ses sept adversaires ne représentent pas une menace sérieuse. Vladimir Poutine figurant largement en tête des intentions de vote Vladimir Poutine, il devrait être réélu pour un 4e mandat. Le seul opposant crédible au président sortant, Alexei Navalny, a été banni du scrutin en raison d’une condamnation judiciaire, que ce dernier estime orchestrée. À l’étranger, le caractère démocratique de cette élection est souvent remis en question.
Malgré les apparences, Vladimir Poutine ne fait pas l’unanimité. Pour Inna, rencontrée au bureau de vote lyonnais, "la démocratie en Russie est morte depuis très longtemps. Tout est déjà fait, ce n’est pas nous qui décidons de qui sera élu." Elle s’est pourtant déplacée aujourd’hui : "C’est important d’utiliser mon droit de vote. Je viens voter pour ne pas lui donner ma voix". D’autres ne voient pas l’intérêt d’exprimer leur suffrage. A la veille du scrutin, une ressortissante russe de Lyon nous confiait avec regret refuser de voter pour "ce qu’on appelle une démocratie Poutine".
Poutine : président courageux ou autoritaire ?
Pour Victoria, venue voter avec sa mère, non plus, la réélection de l'ancien officier du KGB à la tête du pays ne fait aucun doute. Mais cela n’est pas dû à des lacunes démocratiques, selon elle, plutôt aux compétences de Vladimir Poutine. "Il y a un seul candidat pour qui les gens vont voter, car on ne voit pas ce que les autres feraient de mieux, avance Victoria. Il n’y a que lui qui mérite d’être président". Anastasia est plus nuancée : "C’est vrai que, sur certains points, c’est une fausse démocratie, mais c’est pour le bien du pays. C’est un pays immense, il a besoin d’être bien encadré".
Pour Elena aussi, la situation géopolitique du pays explique la popularité du président : "Il faut comprendre l’histoire, après des années de guerre, les gens sont rassurés par cet homme fort. Il a le courage de dire les choses pour s’affirmer face aux autres pays !"