Gérard Collomb, à la mairie de Lyon en janvier 2020 © Antoine Merlet
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À Lyon, la chute de Collomb et l’envol des verts

De l’abstention record à la chute brutale de Gérard Collomb en passant par la vague verte, le premier tour des élections municipales et métropolitaines aura été historique. Mais c’est peut-être l’annulation du scrutin pour cause de coronavirus qui fera entrer ce 15 mars dans l’histoire.

Le jour se lève sur l’entre-deux tours au lendemain d’une journée historique. Pour la première fois, les électeurs de la Métropole étaient convoqués aux urnes. Mais difficile ce lundi matin de savoir pour quelle raison ce scrutin restera dans les mémoires. Comme un rendez-vous manqué si le report des municipales, envisagé par de nombreux candidats, devait se confirmer ? Comme la fin de l’ère Collomb ? Comme de l’avènement des écologistes ?

14 de chute pour Collomb

Indépendamment du devenir d’un scrutin brouillé par le coronavirus, c’est le mélange de ces trois éléments qui a créé un cocktail détonnant dimanche. Chaque information semblant chasser l’autre et s’annihiler. Politiquement, la terre a tremblé. Gérard Collomb a pu se voir revenir 30 ans en arrière dimanche soir, à l’époque où il enchaînait les revers. Ses candidats ne sont arrivés en tête dans aucun des neuf arrondissements d’une ville qu’il dirige depuis 2001. Dans son fief du 9e où il s’était fait élire maire d’arrondissement en 1995, il est devancé de huit points par la candidate écologiste Camille Augey qui se présentait à une élection pour la première fois de sa vie. Le dauphin qu’il s’était choisi, Yann Cucherat, n’arrive qu’en troisième position, autour de 15%. Gérard Collomb le parrainait pourtant jusque sur les affiches ou les bulletins de vote. Les demandes de selfies dans la rue ne se sont pas transformés en bulletin de vote. Le maire de Lyon n’avait fait campagne que sur la marque Collomb. Elle a implosé et lui avec. Dans deux des neuf arrondissements lyonnais, ses candidats ne pourront même pas se maintenir au second tour. En 2020, Gérard Collomb ne brigue que la présidence de la métropole et il ne pourra pas se consoler avec l’échelon communautaire. Son revers lyonnais obère ses chances de victoire d’une manière irrémédiable. Surtout qu’en dehors de Lyon, ces choix n’ont pas été payants. Dans le Val de Saône, son directeur de campagne a été battu dans sa ville comme dans sa circonscription métropolitaine. Aucun de ses candidats n’arrive en tête sur l’ensemble des 14 circonscriptions. Pas même lui dans celle de Lyon ouest où l’écologiste Bertrand Artigny le devance de deux points.

Le baron PS devenu paria de la gauche

L’écheveau d’alliance qu’il imaginait s’est fracassé en une soirée. Les Républicains semblent mieux placés que lui, à la métropole comme à la Ville de Lyon, et ne voleront pas à son secours. À celui de la défaite. Bruno Bernard, le chef de file métropolitain d’EELV, a dès dimanche soir tourné la page Collomb évoquant une ère révolue. Sur le parvis de l’Hôtel de Ville, Gérard Collomb, abattu, a lancé un appel à ses anciens dauphins David Kimelfeld et Georges Képénékian : “sur la ville, il y a incontestablement une poussée des verts qui est le fruit de nos divisions. Si l’on ajoute les deux listes de l'ancienne majorité, on serait partout en tête et en position de l'emporter au second tour. Une erreur a été commise et il convient de la réparer. J'appelle électrices et électeurs à se rassembler autour de nos listes. La division ne paye jamais, quand on se divise on en subit les conséquences”. Peu de temps avant d’en appeler à l’union sacrée, Gérard Collomb avait tenté de les joindre. Mais les dissidents d’En Marche n’ont pas décroché leur téléphone. Ils regardent désormais sur leur gauche en direction des écologistes.

Presque un grand chelem pour les écologistes

Les Verts sont assurément les grands gagnants du premier tour. Même si leur victoire est éclipsée par la chute de Gérard Collomb et le coronavirus. Mais les faits sont là. Les écologistes sont en tête dans 8 des 9 arrondissements lyonnais. Une performance que même Gérard Collomb n’avait pas réussie en 2008. Seul Michel Noir et son grand chelem a fait mieux. C’était en 1989, dans un autre monde. “Lyon a l’âme écologiste. Lyon est prête à répondre à l’appel du climat. Il est temps d’entamer la grande transition écologique dont notre cité a besoin”, invitait Grégory Doucet dans un discours très offensif. Quelques minutes plus tôt, sur l’estrade des écologistes, Bruno Bernard, le candidat écologiste à la présidence de la métropole, évoquait sur un ton moins triomphal : “une situation favorable avec des conditions jamais atteintes sur nos territoires". Les scores lyonnais et son résultat sur la circonscription villeurbannaise lui ouvrent pourtant un boulevard vers la présidence de la métropole. Surtout que Les Verts vont avoir l’embarras du choix pour s’allier. Les listes de Nathalie Perrin-Gilbert, du PS et de David Kimelfeld ont clairement fait savoir qu’elles étaient disposées à discuter. Un seul de ces partenaires pourrait suffire. Les tractations ont déjà débuté dans la nuit de dimanche à lundi. Même si pour l’heure les dissidents d’En Marche ne sont pas invités à la table des négociations. Avec Lyon et Villeurbanne, les écologistes ont théoriquement déjà près de 40% des élus métropolitains. “Nous avons la responsabilité historique de faire de cette ville une ville exemplaire, la première ville du pays de plus de 500 000 habitants à basculer dans le camp de l’écologie en acte, soulignait d’ailleurs Grégory Doucet. Il nous reste une semaine pour être pour de bon au rendez-vous de l’histoire”. Mais ce rendez-vous pourrait être reporté et le responsable en est connu : le Covid-19.

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