Occupée par de jeunes migrants en errance, sans ressources et très souvent toxicomanes, la place Mazagran est aujourd’hui un "four" bien installé, qui engendre tensions, nuisances, désordres et violences.
C’est l’histoire d’un petit bout d’espace public qui a mal tourné. Un coin passablement arboré, réputé pour être paisible et familial.
Au cœur de la Guillotière, Mazagran, une place aux trois quarts grande comme celle des Terreaux, est en passe d’être totalement contrôlée par les dealeurs. "Nous sommes en train de perdre la bataille de la drogue à Mazagran", observe un policier en patrouille régulière sur ce rectangle aux cinq entrées méticuleusement surveillées par des guetteurs.
Un constat partagé par bon nombre de riverains de la place qui assistent, désemparés, à la lente dégradation de leur quartier. "Une minorité a pris le pouvoir et impose sa loi et ses trafics", déplorent Julie et Damien (1), un couple de trentenaires installé depuis six ans dans un appartement avec vue sur la place.
“Il n’y a pratiquement plus d’enfants ni de mères de famille”
Julie et Damien (1), un couple de trentenaires installé depuis six ans dans un appartement avec vue sur la place.
Une vue qui n’a plus rien de celle de l’époque où ils sont arrivés à Mazagran. "Il y avait des enfants sur l’aire de jeux, des mères de famille. Les gens discutaient, se rencontraient, c’était hyper sympa. Un endroit tranquille et 'inoffensif', bien qu’à côté de la place Gabriel-Péri, nettement plus compliquée. Aujourd’hui, l’aire de jeux est squattée par les dealeurs et les consommateurs ‘zombies’, bruyants et parfois violents. Il n’y a pratiquement plus d’enfants ni de mères de famille. Cet espace n’est définitivement plus public."
Migrations et syndromes post-traumatiques
Les "zombies", qualificatif qui ressort fréquemment quand on aborde les profils de Mazagran, ce sont les jeunes qui ont élu domicile sur la place. Des mineurs, pour un tiers d’entre eux (selon leurs déclarations), issus de l’Afrique subsaharienne, et principalement originaires de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et du Mali.
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