Comment fonctionnent les conseils de quartier à Lyon ? Attirent-ils vraiment les habitants ? À quoi servent-ils ? La semaine dernière, celui du quartier Croix-Rousse Centre a connu une soirée rocambolesque, où des démissionnaires du bureau ont été réélus faute d’autres candidats. Loïc Graber, adjoint en charge de la démocratie participative à la Ville de Lyon, fait le point sur ces instances qui cherchent leur rythme de croisière. Entretien.
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Loïc Graber
Lyon Capitale : Comment éviter les dysfonctionnements, comme celui du quartier Croix-Rousse Centre, avec des tensions entre conseillers de quartier et l’absence de candidats au bureau ?
Loïc Graber : Les conseils, sauf ceux des 2e et 6e arrondissements, ne sont pas présidés par des élus mais par des habitants. Il faut savoir gérer l'humain ! Après, j'ai du mal à comprendre comment certains conseillers peuvent s'imaginer en nouveaux notables… Ce n’est pas un statut, ni un strapontin pour quoi que ce soit ! Il faut aussi préciser que c'est un problème unique, dans un conseil, sur 36 conseils de quartier dans la ville de Lyon. Sans doute devra-t-on revoir la charte des conseils, car elle ne prévoit pas tous les cas de figure en cas de démission de conseillers...
Comment sont nés les conseils de quartier ?
Ce sont des instances pérennes de participation des habitants à la vie de la ville. Ils sont issus de la loi Vaillant de 2002, qui les rend obligatoires pour les communes de plus de 80 000 habitants. Ce ne sont pas des associations avec une personnalité juridique, mais bien des instances consultatives et participatives. À Lyon, comme à Paris et Marseille, ils relèvent de la compétence des mairies d'arrondissement. Voilà pourquoi ils peuvent avoir un fonctionnement différent d'un arrondissement à l'autre. Mon rôle est de coordonner l'ensemble, impulser une dynamique, voire de contrôler si jamais on constate de gros dysfonctionnements.
“Je les pousse à aller au-delà des doléances !”
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Les conseils de quartier ont-ils du poids dans les décisions municipales ?
Ils sont l'interface entre la population et les élus municipaux ou services de la ville. Mais ils n'ont qu'un rôle consultatif : on ne peut pas imaginer qu'ils puissent remettre en cause les décisions de personnes élues et donc le principe de la démocratie représentative.
Concrètement, ils peuvent demander à l'élu référent du conseil un rendez-vous avec un représentant de la mairie, suggérer des idées d'aménagement, mettre en œuvre des projets en lien avec la ville. Je les pousse d'ailleurs à aller au-delà des simples doléances ! On les consulte aussi pour certains chantiers et leur voix peut peser. Comme pour le réaménagement du parc Blandan [image ci-dessus], où l'ensemble des consultations auprès de trois conseils de quartier ont été reprises.
Sont-ils représentatifs d’une population de quartier ?
Peuvent s'inscrire les personnes qui habitent, travaillent ou font partie d'une association implantée dans le quartier. Après, on retrouve souvent les mêmes personnes dans les conseils et dans les associations de quartier, avec une surreprésentation des retraités. La difficulté est réelle... C'est un problème global d'engagement des citoyens et aussi de temps de l'action politique. On remarque ainsi que les habitants se mobilisent plus facilement sur un projet précis ou une cause immédiate que dans une instance permanente, dont les projets peuvent prendre plusieurs années.
“Nous développons des services de participation numérique”
Comment mobiliser alors les citoyens dans une instance purement consultative et dépendante de l’action politique ?
Nous avons mené l'an dernier une grande campagne pour susciter un renouvellement des membres des conseils, avec un certain succès, même si cela a remis en cause certaines habitudes de conseils qui fonctionnaient autour d'un noyau dur. Nous travaillons actuellement à développer des services de participation numérique, car je suis persuadé que les nouveaux outils (smartphones, réseaux sociaux…) pourraient permettre à davantage d'habitants, notamment plus jeunes, d'intervenir dans la vie locale. Par ailleurs, la création d'un fonds abondant des projets à l'initiative des conseils de quartier, à hauteur de 5 000 euros par projet, rencontre un vrai succès. Enfin, nous avons lancé début 2015 des "universités citoyennes" : nous formons les conseillers à l'animation d'un conseil, nous leur faisons découvrir certaines facettes de la politique de la ville, par des visites d'établissements municipaux ou de chantiers par exemple.
Sur le site de la Ville de Lyon, retrouvez toutes les infos pratiques sur les conseils de quartier.