Michèle Picard, maire communiste de Vénissieux depuis sept ans, a tenu cette semaine sa conférence de presse de rentrée. L’occasion pour l’élue d’aborder notamment les projets concernant le logement, avec le démarrage des travaux du nouveau quartier d’entrée de ville, le Puizot.
"Les villes populaires sont soumises à des choix cornéliens, contraintes de réduire leurs investissements, pourtant au service de l'intérêt général et de l'économie de proximité. Nous n'échappons pas à la règle, mais la solidité de notre budget nous permet, malgré tout, d'avancer." Avec une perte de 6 à 7 millions d'euros de budget d'ici à 2017, liée à la chute des dotations de l'Etat, la majorité communiste de la mairie de Vénissieux décide de "faire front et de garder le cap" de sa politique.
Au programme : dialogue et concertation des habitants, notamment sur le grand projet urbain du nouveau quartier d'entrée de ville, le Puisoz. La maire rappelle que, du 5 octobre au 23 novembre, les conseils de quartier tiennent leurs assemblées générales, "l'occasion pour tous les habitants de parler des problèmes du quotidien, des aménagements à envisager, et de lever les interrogations au sujet des grands projets d'urbanisme que la ville porte".
Logement social : établir une plus grande mixité ?
Entre Gérard Collomb et la maire de Vénissieux, la manière d'établir une plus grande mixité sociale par la politique de logement est sensiblement différente. Interrogé récemment par Le Progrès, le maire de Lyon estimait qu'il ne faudrait pas construire plus de 50 % de logement social car, "à terme, cela risquerait de renforcer les tendances à la ghettoïsation". “Je souhaite les Minguettes de la diversité", avait précisé le président de la métropole.
Pour Michèle Picard, "70 % des Français sont éligibles au logement social. S'ils avaient tous accès à un logement social de qualité, il y aurait la mixité de fait". Pour l'élue communiste, il ne s'agit pas de faire du pourcentage de logement social un "enjeu en soi" mais de "tout simplement répondre à la demande de toutes les familles, et pas seulement des plus défavorisées".
La maire de Vénissieux note cependant avec ironie que, sur le chiffre de 50% indiqué par Gérard Collomb, sa majorité est bien d'accord. "Ce que ne dit pas le président de la métropole, estime-t-elle cependant, c'est que l'on nous annonce dans le PLUH un maximum de 100 logements sociaux par an, sur une prévision de 400, soit 25% , voire moins, dans la mesure où la barre des 400 constructions sera dépassée." Michèle Picard se demande si, avec une telle prévision, "Gérard Collomb mesure réellement l'urgence sociale du moment ou s'il entend laisser faire les promoteurs privés". Elle estime qu’"en matière de diversification des parcours résidentiels, qui fait le succès depuis des années de notre politique de logement, nous n'avons pas, je le crois, de leçon à recevoir !"
Les programmes forts de l'année en termes de logement à Vénissieux seront la livraison de l'îlot B Vénissy ou les résidentialisations et constructions d'Armstrong. Les résidences Edouard-Herriot et Le Couloud seront réhabilitées et, dans le cadre du programme national de renouvellement urbain, les barres de Monmousseau et la Tour 36 seront démolies.
La maire est également "fière" de la livraison des 22 maisons de La Glunière, début 2017, un programme de logement adapté qui accueille des familles de gens du voyage, installées à Vénissieux depuis 1988. La maire s'est également félicitée de l'ouverture la semaine dernière du 21e groupe scolaire de la ville, Flora-Tristan. Avec un investissement de 14 millions d'euros, c'est le plus gros investissement du mandat municipal.
Le Puisoz, “une chance pour Vénissieux”
Le démarrage des travaux dans le secteur de Parilly-Le Puizot pour bâtir un nouveau quartier d'entrée de ville aura lieu dès la fin de l'année. Les travaux pour construire les enseignes Ikea et Leroy-Merlin débuteront eux au printemps 2017. Pour Michèle Picard, le Puizot est "un beau projet, une chance pour Vénissieux" : "Ikea et Leroy-Merlin seront des locomotives économiques sur la ville. Cette entrée était un champ, souvent squatté. J'entends les craintes de certains habitants sur l'accessibilité et le trafic routier, elles sont légitimes. Mais c'est beaucoup plus intéressant urbanistiquement, socialement et économiquement de développer ce secteur plutôt que de le laisser en jachère. Il faut travailler avec les habitants pour que ce projet soit accepté et bien vécu."
Michèle Picard souligne que, "même si on ne parle pas à Gérard Collomb tous les matins, on peut très bien travailler avec les services de la métropole et certains vice-présidents". Entre l'investisseur privé, la métropole et la maire de Vénissieux, les discussions se poursuivent avec des "allers-retours dans la réflexion pour améliorer toujours plus les choses". Mme Picard précise avoir insisté pour qu'il y ait dans le projet la construction d'un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), ce qui a très vite été accepté.
Face au terrorisme, “il faut faire bloc”
Michèle Picard avait débuté la conférence par la condamnation des attentats "lâches, odieux, barbares et injustifiables" qui ont touché "la France et les valeurs qu'elle incarne". "Nous ne devons pas céder un centimètre à ce qui nous définit : la liberté de nos convictions, la liberté de croire ou de ne pas croire, sans prosélytisme, et la liberté de disposer de son corps. Il faut faire bloc, c'est la seule réponse possible, là où Daech souhaite diviser notre communauté."
L'élue communiste insiste sur la nécessité de reprendre les fondamentaux par l'éducation et la discussion, car "certains sont ignorants de leur propre religion". Il est également nécessaire selon elle de travailler sur Internet et les réseaux sociaux pour "préserver nos jeunes de tous les prédateurs". "Si la radicalisation pouvait auparavant se faire en deux ou trois mois, maintenant cela peut se faire en quinze jours, souligne-t-elle. Le fascisme, car pour moi c'est une sorte de fascisme, s'est toujours développé sur des crises sociales et politiques, on n'y échappe pas. Il y a aussi des amalgames, des paroles racistes qui se libèrent, il faut que les progressistes et les musulmans disent des choses fortes. Il faut faire bloc pour faire gagner la liberté, face à la terreur religieuse, et pour faire triompher la raison, face à la folie meurtrière."