Henry Chabert, avec moins de 24% a raté son pari de faire de Villeurbanne une nouvelle rampe de lancement pour sa carrière politique. Richard Moralès, lui, ne sera pas l'arbitre du second tour.
A voir le maire de la 27e ville de France venir lui-même annoncer à la poignée de journalistes présents à l'hôtel de ville, les résultat des premiers bulletins de vote, on se doutait que les nouvelles ne devaient pas être mauvaises. Surpris par l'ampleur des résultats, plus de 46% pour sa liste, Jean-Paul Bret s'est félicité que " les Villeurbannais aient plébiscité le bilan et le projet " de l'équipe sortante. Même s'il a souligné " le désaveu cinglant pour l'UMP et Henry Chabert " qu'il accuse d'avoir " agité des chiffons rouges durant la campagne ", Jean-Paul Bret a réservé ses piques à l'adversaire Modem, Richard Moralès crédité de 14% des voix : " Les chiffres sont éloquents pour celui qui avait annoncé avec rodomontade (fanfaronnade ndlr) qu'il allait choisir entre Chabert et moi, son premier adjoint ".
Aux questions des journalistes d'une possible alliance avec le Modem, inutile au vu du score de la gauche, Jean-Paul Bret, un brin ironique, invitait son adversaire centriste Richard Moralès à venir le rencontrer... par courtoisie.
" Ce n'est pas une victoire de la démocratie "
Richard Moralès, retranché dans sa permanence avec des militants du Modem, même s'il admet sa déception, préfère sortir l'attirail rhétorique des soirées de défaites électorales : " Avec 50% d'abstention, seulement 1 Villeurbannais sur 4 a voté pour Bret. Ce n'est pas ce que j'appelle une victoire de la démocratie ! ". Rappelant, à juste titre, que son score de 14% " est plutôt bon par rapport aux résultats du Modem dans les grandes villes de France ". Une ambiance plutôt combative donc, notamment parmi certains militants qui ne cachaient pas leurs colères contre " les méthodes de la gauche " accusée d'avoir par exemple " volontairement recouvert leurs affiches de campagne ". Richard Moralès avait soutenu Pascale Crozon (PS) aux législatives contre Henry Chabert. Pour ce second tour, il admettait " que son choix serait beaucoup plus difficile avec Bret ". Et de congédier les médias " pour prendre une décision à huis-clos avec ses colistiers ". Entre ex-UDF, anciens électeurs de gauche ou UMP désencarté, la nuit des Modem s'annonçait longue...
Chabert a raté son pari.
Henry Chabert avait confié avant le scrutin qu'il ne se prêterait pas à la traditionnelle rencontre avec les journalistes à la Préfecture. Préférant rester avec son staff et ses proches après les résultats. Son unique intervention fut donc réservée très tôt, dès les premiers résultats, aux personnes présentes à sa permanence de campagne. Avec 23% des voix, un score historiquement bas pour la droite à Villeurbanne, il a reconnu sa défaite, et " celle de la droite en France, qui a subi la vague rose et l' effet anti-Sarkozy ", tendant une perche au MoDem, en appelant " tous les démocrates à s'unir au second tour ". Du côté des militants, on avait du mal à cacher sa déception. Seul motif de consolation pour certains. " Ne pas avoir été éliminé, comme Dominique Perben à Lyon, au premier tour. "
Analyse
Dernier combat pour Chabert ?
Jean-paul Bret s'était agacé de cette " petite ritournelle " entendue un peu partout dans les médias qui faisait de Villeurbanne une ville prenable pour la droite.
Sans doute la presse, dont Lyon Capitale, avait reporté sur la deuxième ville de l'agglomération les enjeux qu'il n'y avait plus tout à fait à Lyon, tellement l'affaire semblait entendue pour Gérard Collomb.
Les voix dissonantes de la gauche à Villeurbanne, le bon score de Moralès aux législatives et le CV de Chabert, ont pu faire croire qu'il pouvait y avoir du suspense, surtout dans la perspective de l'élection du président du Grand Lyon. Sarkozy avait promis ce poste à Henry Chabert, si celui-ci laissait place nette à Dominique Perben à Lyon.
Après la défaite aux législatives, Chabert, certes desservi par les résultats nationaux, n'a pas réussi sa greffe à Villeurbanne et risque de terminer sa carrière politique sur une claque électorale, malgré une campagne où il n'aura rien lâché. La droite avait alors fustigé 30 ans de gouvernance socialiste à Villeurbanne. Elle avait peut-être un peu trop vite oublié que c'était autant d'années de scrutins gagnés par la gauche...
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