Gérard Collomb
©Tim Douet

Absences sanctionnées au Sénat : le "difficile" cas Gérard Collomb

Le journaliste Yvan Stefanovitch publie prochainement "Le Sénat. Un paradis fiscal pour des parlementaires fantômes". Une enquête dans laquelle il livre les noms des sénateurs sanctionnés financièrement pour leurs absences. Contacté par Lyon Capitale, il précise le cas "le plus difficile" : celui de Gérard Collomb, à la tête d'une des villes les plus importantes de France.

Gérard Collomb aurait pu ne pas voir ses indemnités amputées de 2130 euros en janvier dernier à cause de ses absences répétées au Sénat au dernier trimestre 2015. En réalité, il n'est sanctionné qu'à un cheveu, explique Yvan Stefanovitch. En commission des lois et pour les votes solennels, Gérard Collomb est "dans les clous". En revanche, c'est pour les séances de "question d'actualités au gouvernement" que l'édile de Lyon semble avoir traîné des pieds. Présent 5 fois sur les 11 séances, il ne lui manquait qu'une séance de présence pour échapper à la sanction : "au dernier trimestre 2015, il ne voulait pas être sanctionné, il voulait être là. Mais le problème c'est que son voyage en Algérie lui a cassé son coup." L'équipe de Gérard Collomb avait expliqué ses absences par un emploi du temps trop chargé. Suite à un problème de santé au début du mois de janvier, Gérard Collomb ne siégera pas au Sénat pendant les mois de janvier et de février dernier: "au premier trimestre 2016, il n'est pas venu parce qu'il était malade, il a recommencé à venir au mois de mars. Il ne sera pas sanctionné là dessus puisqu'il a un certificat médical. Mais avant cela, pour des raisons que je ne connais pas et pour lesquels il n'a pas voulu répondre, il ne voulait pas se faire excuser, c'était une question de principe. Quand il était en voyage en Algérie, il aurait pu dire que c'était aussi pour le Sénat qu'il allait là bas, que c'était un rôle officiel pour la France, etc. Il y en a qu'il le font au Sénat. À partir du moment où il a été malade, il demande à être excusé, ce qui est nouveau."

Sénateur et maire de Lyon : mission impossible.

Si Yvan Stefanovitch considère que le cas de Gérard Collomb est le plus "difficile", c'est bien parce qu'il est également maire de la ville de Lyon et président de la métropole : "Le cas de Collomb prouve tout simplement que c'est extrêmement difficile de mener un mandat parlementaire et d'être patron d'une très grande agglomération. C'est un peu compréhensible qu'il soit sanctionné parce que c'est une mission impossible. C'est très difficile de tout mener de front. Déjà qu'il arrive à ça, ce n'est pas mal du tout. Certains sont sanctionnés alors qu'ils ne sont pas cumulards du tout. S'il est sanctionné, c'est parce qu'il fait passer son mandat lyonnais avant." Gérard Collomb pourrait très certainement ne pas finir son mandat de sénateur. En effet, dès le 1er avril 2017, la loi interdit d'être parlementaire et patron d'un exécutif dans une ville telle que Lyon.

"La plus grande sanction est de rendre les noms public"

Le nom de Gérard Collomb parmi les absentéistes sanctionnés est rapidement sorti dans la presse malgré la volonté du président du Sénat, Gérard Larcher, de ne pas "donner les noms en pâture". Pour Yvan Stefanovitch, le choix de taire les noms est compréhensible, mais leur révélation donne une toute autre dimension : "Je pense que la plus grande sanction pour un sénateur n'est pas de retirer, comme ils ont retiré à Collomb, 2 130 euros, mais c'est que son nom soit rendu publique. La preuve, c'est que le président du Sénat n'a pas voulu le faire. Je comprend son point de vue, il dit que jeter les noms à la vindicte publique n'est pas bien et ce n'est pas son rôle de faire ça. Mais pour moi, le seul moyen pour que les sénateurs viennent aux séances, c'est qu'ils aient peur que leur nom soit rendu public". Et en effet, cette peur se ressent dans l'opacité qui règne autour du Palais du Luxembourg : "Je considère que comme les gens ont de moins en moins confiance dans le politique, le problème est qu'il faut améliorer la transparence. Même si cela s'est amélioré, sortir le nom des parlementaires est très difficile, il faut faire de multiples recoupements. Ils nous compliquent tellement la tâche que l'on peut se tromper. J'ai mis par exemple le nom de Jean-Vincent Placé parce que je ne savais pas qu'il avait été excusé par un voyage avec le président de la République. Mais ça n'avait rien à voir avec le Sénat, tout comme Collomb aurait pu dire que son voyage en Algérie était pour la République française et obtenir ainsi une justification d'absence." Parmi les autres sénateurs sanctionnés, on compte Serge Dassault, Hubert Falco, Bruno Gilles (qui ont démenti sur Twitter), Jean-Pierre Masseret, Stéphane Ravier, David Rachline, Jacques Gillot, Didier Robert, Hilarion Vendégou, Pierre Frogier, Robert Laufoaulu et Thani Mohamed Soilihi. Jean Vincent Placé a également démenti avoir été sanctionné. Un seul nom de sénateur reste manquant à cette liste.

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