Les deux élus figurent parmi les 101 députés sanctionnés pour absences non justifiées en commission. Le député PCF n'a pas assisté à une seule réunion de la commission défense nationale.
André Gerin et Jean-Jack Queyranne ont été tous les deux mis à l'amende. Ils font partie des 101 députés sanctionnés (sur 577) pour participation insuffisante aux commissions. Le nouvel règlement du Palais Bourbon (article 42.3) dispose qu'une retenue financière de 355 euros (soit 25% de leur indemnité) est appliquée pour chaque absence non justifiée aux commissions du mercredi matin, au-delà de deux autorisées. La liste des parlementaires punis n'est curieusement pas rendue publique par l'Assemblée nationale, mais le collectif Regards citoyens s'en est chargé. Lors de cette session parlementaire 2010/2011, 95142 euros vont ainsi être ponctionnés sur leurs indemnités.
C'est Patrick Balkany (UMP, Haut-de Seine) qui se hisse en tête du palmarès, séchant les 33 réunions de commission auxquelles il était censé participé. Il devra verser 4615 euros au bureau de l'Assemblée. Parmi les personnalités connues, Arnaud Montebourg (PS, Saône et Loire) redevable de 3905 euros. Le Rhône compte deux parlementaires "absentéistes" : André Gerin et Jean-Jack Queyranne. Le communiste devra s'acquitter de 2485 euros : il s'est fait porter pâle aux 21 réunions de la commission défense nationale à laquelle il appartient. Quant au président de la Région, il a zappé 15 réunions sur 29 de la commission des lois et devra 710 euros.
Fabius signait sans entrer
Plusieurs réserves encadrent ce règlement. D'une part, le nombre de réunions varie d'une commission à l'autre. Celle ayant trait à la défense nationale est autrement plus exigeante, par exemple, que celle des Affaires Etrangères, étudiant le budget arme par arme et service par service. Ainsi Christian Bataille (PS), puni de 710 euros, a-t-il participé à 25 réunions sur 33, soit beaucoup plus que Christian Patria (UMP, 2 réunions sur 6), pénalisé de 355 euros - et plus aussi que nombre de parlementaires ne figurant pas sur la liste des sanctionnés.
Par ailleurs, nombre d'élus entrent en commission pour signer la feuille de présence et tournent aussitôt des talons. C'est d'ailleurs un jeu auquel se sont prêtés plusieurs parlementaires : chronométrer le temps de présence de leurs collègues pratiquant l'école buissonnière. Le député rhodanien Christophe Guilloteau (UMP, photo ci-contre) révèle que Laurent Fabius faisait même sortir l'huissier avec le cahier d'émargement, lui évitant d'entrer dans la salle de commission ! L'élu assure n'avoir jamais croisé André Gerin dans la commission défense nationale à laquelle il appartient lui aussi. Mais lui trouve des circonstances atténuantes : "il a travaillé comme un forcené comme président de la mission sur la burqa. Je peux en témoigner, je l'ai accompagné à l'étranger". Pour autant, cette disposition, adoptée en mai 2009, produit des effets : la présence des députés en commission a doublé entre 2007 et 2011, relève Regards citoyens.
Ce classement confirme celui que nous établissions en février dernier, palmarès qui prenait en compte plus largement les prises de parole en commission et en séance publique, les lois signées et les rapports rendus (lire ici). André Gerin et Jean-Jack Queyranne se positionnaient respectivement en 406 et 509e position (sur 577) tandis que Patrick Balkany (501e) et Arnaud Montebourg (529e) figuraient déjà parmi les cancres. "Sur nos 577 députés, seuls 150 jouent un rôle actif", concluait notre enquête.