Auditionné par la commission d’enquête parlementaire, Gérard Collomb a déclaré qu’il ne savait rien (ou presque) de l’affaire Benalla – quitte à renvoyer la balle à l’Élysée et à la préfecture. Alors que Michel Delpuech, le préfet de police de Paris, a assumé (notamment l’octroi d’un permis de port d’arme) mais dénoncé “des dérives inacceptables sur fond de copinage malsain”.
L’audition de Gérard Collomb (à retrouver ici) a duré 2h30 ce lundi matin à l’Assemblée nationale. Questionné par la commission d’enquête parlementaire créée pour “l’affaire Benalla”, le ministre de l’Intérieur s’est montré flou, esquivant certaines questions et insistant sur le contexte sécuritaire de ce 1er mai 2018 où “1 200 black blocks encagoulés ont décidé d’attaquer les forces de l’ordre et des magasins”. Gérard Collomb a aussi “condamné avec la plus grande fermeté les actes de M. Benalla, que ce soit pendant le 1er mai ou après le 1er mai” et assuré qu’il ne connaissait pas ce proche d’Emmanuel Macron. “Je pensais même que c’était quelqu’un qui faisait partie des services de police”, a ajouté l’ancien maire de Lyon.
Le ministre de l’Intérieur dit avoir pris connaissance de la vidéo le 2 mai dans l’après-midi, par l’intermédiaire de son directeur de cabinet. “Après cela, je n’ai plus suivi cette affaire”, a affirmé Gérard Collomb, qui a par la suite expliqué : “M. Benalla ne faisant pas partie des effectifs sous mon autorité, le cabinet du président de la République et la préfecture de police disposant de toutes les informations nécessaires pour agir, j’ai considéré que les faits signalés étaient pris en compte au niveau adapté et ne me suis plus préoccupé.” Rejetant ainsi la question de la sanction vers l’Élysée.
“Je n’en sais rien. Le préfet de police devait être au courant”
Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs déclaré avoir parlé de cette affaire ce week-end avec Emmanuel Macron, mais “le moins possible”, sous les moqueries de la salle. Gérard Collomb a par ailleurs évité de nombreuses questions, comme “Quelle vidéo avez-vous visionnée le 2 mai ?” ou “Quand avez vous été informé qu’Alexandre Benalla portait un brassard de la police, et par qui ?” ou encore “Quel était le lien entre Jean-Marie Girier et Alexandre Benalla, vu leur passé dans la campagne d’Emmanuel Macron ?” Le ministre de l’Intérieur a plutôt renvoyé la balle au préfet de police concernant M. Benalla à la manifestation. “Je n’en sais rien. Le préfet de police devait être au courant”, a-t-il déclaré. Enfin, sur la saisine de la justice sur la base de l’article 40 du Code de procédure pénale, Gérard Collomb considère que “c’est à ceux qui sont en responsabilité dans leurs administrations, au plus près du terrain, de recueillir les éléments permettant de justifier la transmission d’un signalement au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale”, renvoyant, là aussi, la responsabilité vers la préfecture de police et l’Élysée.
La prestation de Gérard Collomb a été largement critiquée par l’opposition. “On est dans le faux-semblant. On voit bien que les fusibles ont été enclenchés. Deux fusibles : le directeur de cabinet du président de la République, Patrick Strozda, et le préfet de police, Michel Delpuech”, estime Éric Ciotti (LR). “On a eu un ministre de l’Intérieur qui nous a donné le sentiment de n’être informé de rien et du coup de n’être responsable de rien”, a déclaré de son côté Boris Vallaud (Nouvelle Gauche). “Gérard Collomb pointe la responsabilité que nous pointons depuis le début, c’est-à-dire la responsabilité de M. Macron, y compris sur l’application de l’article 40”, a ajouté Éric Coquerel (LFI).
Delpuech assume
De son côté, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, sur lequel s’était largement défaussé Gérard Collomb dans son audition de la matinée, a deux heures plus tard tout assumé et s’est défendu avec détermination : “J’ai été informé le 2 mai. Aux alentours de 10h15, j’ai reçu un appel d’un collaborateur du cabinet du président de la République. Il venait aux nouvelles sur “l’affaire Benalla”. Je ne comprends pas de quoi il parle et ma réponse est toute de surprise. Je n’ai jamais, à cette heure-là, entendu parler de cette affaire.” L’ancien préfet du Rhône a par ailleurs déclaré que l’Élysée et le ministère de l’Intérieur étaient déjà au courant. Le préfet de Paris a aussi assuré que “M. Benalla était un interlocuteur connu”, contrairement à ce qu’avait pu dire plus tôt Gérard Collomb. Le préfet s’est d’ailleurs dit étonné de la présence d’Alexandre Benalla le soir du 1er mai au poste de commandement de la police, où était aussi présent Gérard Collomb.
“Des dérives inacceptables, condamnables, sur fond de copinage malsain”
Michel Delpuech a battu en brèche l’idée avancée par Gérard Collomb qu’il était de son ressort de traiter le cas Benalla. “L’affaire a été prise par le niveau hiérarchique pertinent (l’Élysée). Ce n’était donc pas au préfet de le faire”, a-t-il assuré. Le préfet de police a dénoncé des “dérives inacceptables, condamnables, sur fond de copinage malsain”, en visant les cinq personnes mises en examen dans cette enquête. Selon lui, “ce n’est pas la place d’un observateur de faire lui-même le maintien de l’ordre. Si c’est un observateur raisonnable, sage et intelligent, il reste à sa place, en retrait”.
Michel Delpuech a enfin assumé l’autorisation de port d’arme accordée au proche d’Emmanuel Macron, malgré le double refus du ministère de l’Intérieur. Le préfet de Paris a assuré qu’il n’y avait pas eu de pression de l’Élysée et que l’autorisation était circonscrite aux missions d’Alexandre Benalla.
si les explications du préfet semblent crédibles, c'est loin d'être le cas du ministre de l'extérieur
Michel Delpuech avant sa "promotion parisienne" a été préfet du Rhône. Il y a laissé un souvenir très mitigé auprès de la population. Pour l'anecdote, les 2 éléphantes du Parc de la Tête d'Or, qu'il voulait euthanasiés, ont finit leur vie à Monaco recueillies dans le zoo des Grimaldi !
Dans les pays autres que les dictatures, les chefs assument que les identités des hommes avec brassard "police" soient réellement des policiers, et s'il y a un problème, ils démissionnent. Mais en France, les chefs ne démissionnent pas, ils utilisent des fusibles.
Marc Antoine reste sérieux, son comportement face aux représentants de l'assemblée précis évoquant des faits pas des émotions, comparé à celui du ministre qui ne savait rien et puis c'était aux autres à décider d'agir !! il n'y a pas photos,.