Exclusif. Dans le numéro de décembre de Lyon Capitale, Alain Carignon défend la réforme de la justice et règle ses comptes. Sa principale cible : Philippe Courroye, le juge qui avait instruit l'affaire qui a valu à l'ancien maire de Grenoble une condamnation en 1996 à 4 ans de prison ferme pour corruption passive, recel d'abus de biens sociaux et subornation de témoins. Grâce à l'amitié jamais démentie de Nicolas Sarkozy, Alain Carignon reprend du service comme "conseiller politique bénévole" du ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux. Un rôle de "visiteur du soir", "de boîte à idées", "à la manière d'un Alain Minc auprès de Nicolas Sarkozy", précise Le Monde. Extraits.
Le renvoi devant la justice de Jacques Chirac
“C’est un peu regrettable que ces dossiers soient traités si tardivement par la justice. Cela tombe sur Chirac, par des jeux de hasard. Pourquoi lui plus qu’un autre ? Tous les hommes politiques de l’époque devraient être traduits devant la justice : 100% d’entre eux ont bénéficié, directement ou indirectement, de financements qui ne pouvaient être qu’illégaux… puisqu’il n’y avait pas de loi ! (…) Je ne vois pas pourquoi Pasqua serait poursuivi, et pas Daniel Vaillant ainsi que tous les ministres de l’Intérieur de sa génération ! (…) Tout le monde a pu voir que pour Pasqua les ennuis ont commencé au moment où il a souhaité se présenter à la présidentielle. Comme on voit bien que le juge Courroye qui s’en est occupé a eu des promotions extrêmement rapides, à tel point que le Conseil Supérieur de la Magistrature s’est opposé à certaines d’entre-elles. Les excès de pouvoir des juges d’instruction aboutissent à leur disparition.”
La disparition des juges d’instruction
“Ils ont commis des excès, ils seront supprimés. Souvenez-vous de l’affaire Outreau et de Patrick Dils ! J’ai rencontré beaucoup de gens qui ont été victimes du pouvoir solitaire du juge d’instruction. On va passer à une justice plus équitable, où dans l’instruction les droits de la défense seront mieux préservés. Et où un homme seul ne pourra plus décider de tout. (…) Quand on entend Éva Joly s’exprimer comme députée européenne (Europe Écologie), cela justifie la disparition du juge d’instruction. Elle a des côtés totalitaires. Comme justiciable, auriez-vous envie d’être confronté à elle, avec tous les pouvoirs de son seul côté ?”
Philippe Courroye
“En arrivant à la mairie de Grenoble, j’ai eu le tort de ne pas mettre fin au système. Mais ça fonctionnait indépendamment de moi. Et tous les partis y participaient, y compris la gauche. C’est évidemment une faute que le juge Courroye a utilisé pour sa carrière. Maintenant M. Courroye passe ses vacances à St-Tropez, fréquente M. Bouygues, M. Pinault et son épouse travaille pour M. Naouri, pdg de Casino. Il a même organisé un dîner révélé par le Canard enchaîné entre l’enquêteur de la PJ chargé du dossier casino, son épouse, M. Naouri et Me Lombard l’avocat ! S’il s’appliquait sa doctrine des années 90 il devrait se mettre lui-même en détention provisoire... car c’est sur la base d’un déjeuner avec 8 personnes que j’ai été placé en détention. Et ma femme n’était pas salariée de la Lyonnaise des eaux ! C’est vraiment très agréable que la vie soit longue car on peut mieux approcher la vérité des hommes.”
Son rôle auprès de Brice Hortefeux
“J’officie à titre amical. C’est une fonction amicale et bénévole. En total accord avec le Président de la République.”
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