A moins de deux mois de la primaire du parti socialiste, le temps n’est plus à la franche camaraderie. Chacun joue pour son camp. Reportage à Frangy-en-Bresse où Arnaud Montebourg défendait, dimanche 21 août, sa candidature à l’élection présidentielle, lors de la traditionnelle Fête de la Rose.
A Frangy-en-Bresse, l’invité d’honneur de la Fête de la Rose n’était autre que l’organisateur de l’événement : Arnaud Montebourg, député et conseiller général de Saône-et-Loire. Une invitation stratégique dans la dernière ligne droite avant la primaire PS.
Laurent Fabius, Hubert Védrine, Ségolène Royal, François Hollande, Elisabeth Guigou, Jack Lang, Jean-Pierre Chevènement : depuis quinze ans, tous les caciques de la gauche se sont pourtant succédés à la Fête de la Rose de Frangy, organisée par Arnaud Montebourg, lui-même héritier de Pierre Joxe à l'origine de la manifestation.
"Vous ne pensiez quand même pas que nous allions inviter un autre candidat aux primaires ?" s’étonne une proche du député. "Si on en invitait un, il fallait alors envoyer l’invitation à tous et organiser un grand débat, mais ce n’était pas possible…"
"Nous avons organisé combien de fêtes pour les autres ? Nous pouvons bien organiser une fête pour nous !" s'amuse Arnaud Montebourg devant la salle des fêtes de ce village de 600 âmes où il s’était déclaré candidat à la présidentielle en novembre dernier.
Christiane Taubira, députée de Guyane et candidate à l'élection présidentielle de 2002, a fait le déplacement. Elle est venue affirmer son soutien à Montebourg.
Devant une assemblée de 1000 personnes, le député de la circonscription lance un appel : "Je vous demande un mandat pour les 9 et 16 octobre (…) afin de porter la cause de la démondialisation la plus loin possible." La démondialisation, thème phare de sa campagne, est, d’après lui, l’un des remèdes à la crise de la dette que traverse la France.
Il s’attaque aux marchés financiers et tance, au passage, le gouvernement en place : "Ce sont les responsables politiques qui ont décidé de se défaire de leur pouvoir pour les confier aux marchés. (…) Il y a eu abdication du pouvoir politique d’exercer le contrôle sur l’économie. On a mis des radars sur toutes les routes départementales des Français, mais on a oublié de mettre des gendarmes sur les routes de l’économie et de la finance ? On a oublié ? Et pour quelles raisons ?"
Un brin virulent, et toujours amateur de petites phrases, il assure que "la France est devenue un petit chien en laisse attaché au piquet du pouvoir de la finance".
Faisant référence au sommet franco-allemand entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, il assure ne pas vouloir voter la règle d’or, selon laquelle il faudrait inscrire dans la Constitution le retour progressif à l'équilibre budgétaire. "Cette règle d’or consistera à ponctionner 40 milliards par an par une austérité sans précédent qui tuera la croissance en faisant monter mécaniquement la dette", prévient-il.
Arnaud Montebourg conclut finalement son discours en égrenant ses principales mesures : la prohibition de la spéculation des établissements financiers avec l’argent de leurs clients sous peine de retrait de licence, l'obligation d’investir tout ou partie de l’épargne collectée dans le système bancaire dans l’économie nationale et européenne, des salaires maximums fixés par la loi pour les traders, l'interdiction des offres publiques d'achat (OPA) des entreprises industrielles françaises par des groupes non-européens, la création d’une taxe sur les transactions financières de 0,01% et le démantèlement des agences de notation.
Arnaud Montebourg veut y croire. Il assure, sans sourciller : "la victoire est à portée de main". Mais d'après les derniers sondages réalisés, il se classerait à la 4e, voire à la 5e place derrière François Hollande, Martine Aubry, Ségolène Royal et Manuel Valls.