Michel Mercier, président départemental de l'UDF est tout sourire à la sortie du meeting de François Bayrou, au palais des sports de Gerland. Son candidat a enthousiasmé au moins 8 000 personnes (10 000 selon les organisateurs)... Un record pour un centriste à Lyon ! C'est moins que Sarkozy la semaine dernière à Eurexpo (15 000), mais un peu mieux que Ségolène Royal en meeting à Nantes lundi soir (9 000 selon les organisateurs).Â
Il a fallu à Bayrou une dizaine de minutes pour traverser le palais des sports chauffé à blanc et relooké en orange. "Quand je vous vois, comment douter de la réalité et de la force de la vague de changement" a-t-il lancé en introduction d'un discours très porté sur les valeurs de gauche. Dédiant son meeting à Gilbert Dru, jeune résistant fusillé en 1944 à Lyon, Bayrou a lancé "aux jeunes générations" : "Il n'y a de combat qui vaille que les combats de résistance, que ceux qui veulent changer le monde ! Nous sommes là parce que nous voulons changer le monde et la France !"
Avant d'entrer dans le vif du sujet, Bayrou s'est fait plaisir en allumant ses deux principaux concurrents. Il a d'abord plaisanté sur "la modération" de Ségolène Royal, qui a estimé, dans le Journal du Dimanche, que sa propre élection serait un "événement planétaire". Il a surtout fustigé ce qu'il qualifie "d'appel à la toute puissance de l'Etat", quand elle veut "créer cinq nouveaux services publiques", alors que lui entend privilégier "la société civile". Bayrou s'en est ensuite pris à "la société dure" incarnée par Nicolas Sarkozy, qui "accable le fraudeur du métro et accorde toutes les grâces à Bernard Tapie..." Selon Bayrou, la priorité en terme de sécurité est "de faire baisser les tensions et non pas entrer en confrontation. (...) Une société divisée, c'est une société dangereuse, (...) tous les incidents dégénèrent !"
Face à Royal et Sarkozy, Bayrou s'est défini comme "le seul vote utile" : "Je suis le seul candidat qui offre la réponse à deux questions : qui peut devancer Nicolas Sarkozy au 2e tour ? (...) Qui peut faire bouger les lignes ?"
Après cet apéritif, Bayrou a développé son propre projet. Et fixé quelques objectifs ambitieux. Sur l'éducation d'abord : "Les jeunes Français doivent être, dans les dix ans qui viennent, les mieux formés de la planète". Sur l'égalité des chances : "les places dans les prépas doivent être réparties égalitairement dans tous les lycées de France". L'Europe : "Je veux réconcilier les Français avec l'Europe (...). Il faut que l'Europe s'occupe du Darfour, (...) du réchauffement climatique, (...) d'énergie, de recherche..." L'immigration : "Tant que vous n'aurez pas rééquilibré l'extrême déséquilibre (entre les pays riches et les pays pauvres), les pauvres viendront chez les riches !" Et d'appeler à un "plan Marshall" pour l'Afrique et à la "préférence communautaire", pour permettre "au paysan africain de nourrir son continent". Après ce final très internationaliste, Bayrou a lancé "vive la France" et fait entonner la Marseillaise.
Vidéo d'Aurélie Marois