Que Michel Havard gagne ou perde l’an prochain, Denis Broliquier restera un acteur incontournable à droite, tant à la Ville qu’à la métropole. Il a obtenu autant de postes de conseillers municipaux et métropolitains que l’UDI canal historique. Et restera le vrai patron de la mairie du 2e arrondissement.
C'est un peu le "sparadrap Haddock" de la droite lyonnaise. Arrivé en politique dans le sillage de Charles Millon il y a une quinzaine d'années, Denis Broliquier est toujours là, solidement accroché à la mairie du 2e arrondissement. L'accord scellé entre Michel Havard et l'UDI en début de semaine n'y changera rien : si l'opposition gagne en mars prochain, il lui est promis un poste d'adjoint au maire et une vice-présidence importante à la métropole. Et si l'opposition perd, il restera solidement retranché à la mairie du 2e arrondissement, en embuscade. “Il sera alors véritablement gagnant car Havard, lui, sera affaibli et contesté”, souffle un fidèle. Ils sont nombreux à l'UMP à regretter les ponts d'or fait à Lyon Divers droite, le micro-parti de Broliquier, en 2008, quand Dominique Perben lui avait offert sur un plateau les deux seules mairies gagnées par l'opposition. Si l'édile du 2e arrondissement a arraché un accord favorable en 2013, c'est pour une large part l'héritage de cet accord de 2008. Explications.
Son cauchemar : faire face à une liste Fenech
Michel Havard et Christophe Geourjon ont parfois caressé le même rêve : se débarrasser de cet allié encombrant. A dix-huit mois des municipales, plus personne ne donnait cher de sa peau. Isolé avec quelques irréductibles, il ne lui restait plus qu'à présenter ses listes Lyon Divers droite, jouer de son pouvoir de nuisance… et accuser de lourdes pertes. Il a cependant réussi à s'inviter chez l'UDI, faisant d'abord profil bas face à des centristes qui ne lui pardonnaient pas son passé sulfureux auprès de Millon. Lui savait qu'il avait des troupes derrière lui. Il a bien perdu l'investiture face à Geourjon en juillet dernier, mais a réussi à s'inviter à la table des négociations avec l'UMP. Il n'était pas le seul : Fabienne Lévy et Michel Mercier se sont aussi incrustés, appuyant un leader jugé trop tendre.
C'est là que Denis Broliquier s'est rapproché un peu trop près du précipice : Christophe Geourjon agitait le spectre d'une alliance entre l'UMP et Dessinons Lyon, son cercle rapproché. Georges Fenech aurait été l'exécuteur de leur basse œuvre, en se présentant face à Broliquier dans le 2e arrondissement. Les deux hommes visent la même cible électorale : la droite traditionnelle qui a manifesté contre le mariage gay.
Ce scénario n'a pas faire rire le chef de file de Lyon Divers droite, qui est revenu plus accommodant à la table des négociations. Au final, son micro-mouvement a obtenu la parité avec l'UDI canal historique, tant au conseil municipal qu'à la métropole. Ainsi, en cas de reconduction de Gérard Collomb à la tête de la Ville et de la communauté urbaine, Denis Broliquier serait flanqué de Laurence Croizier et de Christelle Madeleine au Grand Lyon, tandis que Christophe Geourjon serait secondé par Djida Tazdaït et Marc Augoyard. Quant au conseil municipal, le rapport de force interne à l'UDI serait de 4 contre 4. De quoi laisser des incertitudes quant à la présidence du groupe UDI à la Ville de Lyon.
Obligé de sacrifier le 6e
Si Denis Broliquier a réussi ce tour de force, c'est en partie dû à une situation acquise. S'il est isolé à la communauté urbaine, où ses anciens collègues, collombophiles de droite, sont partis constituer le groupe Objectif Lyon Metapolis, il a su conserver l'unité de son groupe municipal, composé de six élus, contre trois pour Christophe Geourjon – et encore Fouziya Bouzerda est-elle partie chez Collomb. Sa force réside aussi dans son fief, le 2e arrondissement, où il a encore fait 23,5 % des voix aux législatives de 2012 en se présentant en dissident face à Emmanuel Hamelin (UMP). De plus, il disposait d'une monnaie d'échange très précieuse, presque une prise de guerre à l'UMP : le 6e arrondissement, dirigé par Jean-Jacques David, membre aussi de Lyon Divers droite. Pour arracher des concessions à l'UMP, Denis Broliquier n'a cependant pas eu trop de mal à le sacrifier. Il est vrai que l'édile s'était engagé à ne faire qu'un mandat. “C'était un préalable à l'ouverture de discussions avec l'UMP”, souffle Denis Broliquier.