Anne Brugnera
Anne Brugnera, députée Renaissance

Brugnera : "Nous ne sommes pas habitués à une majorité relative"

Anne Brugnera, députée Renaissance du Rhône et conseillère du 6e arrondissement, est l'invitée de 6 minutes chrono.

La loi immigration a provoqué un séisme d'une magnitude inédite dans la majorité présidentielle. Mis en minorité à l'Assemblée nationale, le gouvernement a dû composer avec les sénateurs LR. "Le Sénat en a fait un texte très dur avec une majorité qui au Sénat est une majorité de droite. À l'Assemblée, nous avons une majorité qui est relative et ce qui s'est passé de très étonnant et d'inédit en fait sur cette loi, c'est que l'Assemblée nationale a décidé de ne pas étudier ce texte du fait d'une motion de rejet de la Nupes. C'est une sorte d'abandon de poste des députés qui moi me choque énormément puisque nous, députés de la majorité, nous étions prêts à travailler ce texte et que nous n'avons pas pu le faire", regrette Anne Brugnera, députée Renaissance.

La députée du 3e et du 6e fixe une ligne rouge pour elle sur les étudiants étrangers : "Le Sénat a rajouté tout un tas de dispositifs sur les étudiants étrangers qui n'étaient pas dans le texte initial avec notamment le sujet d'une caution qu'on demanderait aux étudiants étrangers de verser quand ils viennent étudier en France. C'est un point qui a heurté, je pense, tout le monde de l'enseignement supérieur, tous les députés qui connaissent le sujet et qui est un très mauvais signal à l'international en disant que seuls les plus riches pourront venir étudier en France. Que pour tous les autres, il y a une suspicion généralisée sur les étudiants étrangers et qui met en péril nos collaborations avec des universités à l'étranger, nos voyages et nos propres étudiants français lorsqu'ils iront à l'étranger, c'est vraiment une très mauvaise idée".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Anne Brugnera

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez6 minutes chrono le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous recevons Anne Brugnera. Vous êtes députée renaissance du Rhône. On voulait revenir avec vous sur la loi immigration. Est-ce que cette loi marque la fin du en même temps très macronien qui a longtemps été présenté comme et à gauche et à droite. Est-ce que là finalement avec cette loi on ne se rend pas compte que Renaissance a pris un virage à droite puisque la loi a été négociée avec Les Républicains et pas avec la gauche ?

Il y a trois choses importantes dans votre question. Tout d'abord sur la fin du en même temps, moi personnellement, je ne le crois pas parce que ce que représente le en même temps pour moi c'est qu'on peut traiter d'un sujet et d'un autre en même temps car les deux sont importants et qu'il nous faut les régler. La loi immigration est effectivement un bon exemple de en même temps puisque aujourd'hui c'est une loi qui vient après la loi que nous avons voté avec Gérard Collomb qui avait déjà réglé un certain nombre de sujets mais d'autres sont apparus depuis et donc nous devons à la fois progresser sur le sujet des travailleurs dans les métiers en tension, ça c'est très clair, c'est très net. Depuis quelques temps, nous devons travailler, nous voulons améliorer notre lutte contre les passeurs, contre l'immigration clandestine, c'est aussi des sujets dont nous entendons parler hélas souvent et puis éloigner les les étrangers qui sont des menaces graves pour l'ordre public et hélas nous en avons eu un exemple à Arras. C'est ça le en même temps, c'est plusieurs sujets qui sont dans une loi qui a du sens parce qu'elle va régler des problèmes que nous connaissons aujourd'hui dans toutes nos circonscriptions. C'est du pragmatisme.


En même temps c'était aussi de dire un peu à gauche, un peu à droite, or là sur la loi immigration il n'y a plus grand chose de gauche...

Le en même temps c'est et de droite et de gauche, du moment que c'est pragmatique et que ça répond aux besoins des Français. Le vrai sujet effectivement sur la loi immigration, c'est qu'elle a eu un trajet particulier, déjà elle a commencé au Sénat, ce qui est le cas d'un certain nombre de lois. Le Sénat en a fait un texte très dur avec une majorité qui au Sénat est une majorité de droite. À l'Assemblée, nous avons une majorité qui est relative et ce qui s'est passé de très étonnant et d'inédit en fait sur cette loi, c'est que l'Assemblée nationale a décidé de ne pas étudier ce texte du fait d'une motion de rejet de la Nupes. C'est une sorte d'abandon de poste des députés qui moi me choque énormément puisque nous, députés de la majorité, nous étions prêts à travailler ce texte et que nous n'avons pas pu le faire.


Les abandons de poste ils étaient plutôt chez les quelques députés renaissance qui n'ont pas voté....


Franchement, ça je n'ai pas arrêté de l'entendre et ce n'est pas vrai. Nous n'avons jamais été aussi nombreux, aussi présents et honnêtement pour être tous là un lundi à 16 heures c'est compliqué, certains étaient bloqués dans les transports, d'autres ont eu des problèmes de délégation. Il y avait d'ailleurs plus d'absents ailleurs, nous étions tous là. Donc ce n'est pas ça le sujet, le sujet c'est que les oppositions se sont coalisées pour faire chuter ce texte et le vote de la motion de rejet et ne pas le faire étudier par l'Assemblée. Donc de facto le texte aujourd'hui qui existait à la sortie des deux assemblées c'est celui du Sénat et c'est donc un texte qui est plus à droite. Ce n'est pas le fait de notre majorité, c'est le fait de la Nupes.

Quelles sont vos lignes rouges qui pourraient vous faire ne pas voter ce texte ?

Dans le texte du Sénat, il y a énormément de sujets qui ont été rajoutés, dont certains d'ailleurs sont anticonstitutionnels ou des cavaliers parce que ce n'était pas en lien avec le texte. Moi, le sujet qui m'a le plus surprise est touché en tant que député lyonnaise et ancienne adjointe à la vie étudiante et aux universités, c'est le sujet des étudiants étrangers. Le Sénat a rajouté tout un tas de dispositifs sur les étudiants étrangers qui n'étaient pas dans le texte initial avec notamment le sujet d'une caution qu'on demanderait aux étudiants étrangers de verser quand ils viennent étudier en France. C'est un point qui a heurté, je pense, tout le monde de l'enseignement supérieur, tous les députés qui connaissent le sujet et qui est un très mauvais signal à l'international en disant que seuls les plus riches pourront venir étudier en France. Que pour tous les autres, il y a une suspicion généralisée sur les étudiants étrangers et qui met en péril nos collaborations avec des universités à l'étranger, nos voyages et nos propres étudiants français lorsqu'ils iront à l'étranger, c'est vraiment une très mauvaise idée et j'étais très désagréablement surprise de l'avoir dans ce texte.

Ca ne concerne pas l'aide médicale d'État...

L'aide médicale d'État est a priori un cavalier. Sur l'aide médicale d'État, on dit aux Français des choses complètement fausses, du genre que ça coûte très cher et que ça donne des soins à des gens étrangers que les Français n'ont pas. Ce n'est pas vrai et pour moi, il y a deux risques si on supprime l'aide médicale d'État. C'est d'une part d'avoir sur notre sol des personnes mal soignées qui peuvent véhiculer des maladies, des épidémies très dangereuses pour le pays et d'autre part d'engorger nos hôpitaux. D'ailleurs, la majorité des soignants sont contre la suppression de l'aide médicale d'État.

Est-ce qu'il y aura un avant et un après finalement loi émigration dans la majorité puisque vous avez bien perçu que votre majorité n'était que relative. Est-ce que vous allez pouvoir continuer durablement comme ça à coups de 49.3 de temps en temps ou est-ce que vous allez être obligé finalement soit de nouer une alliance avec les Républicains soit de dissoudre l'Assemblée nationale?Est-ce qu'il y a un avenir à cette majorité bancale?

Je pense que c'est un peu trop tôt pour le dire. Je suis élue depuis 2017. J'ai vu de nombreuses lois passer. Certaines ont créé beaucoup de remous médiatiques, mais aussi d'interpellation sur les marchés puisque c'est là que moi, j'entends le plus les Français. Il faut attendre pour voir ce qu'il en est. Nous avons voté de nombreuses lois, même sous ce mandat de majorité relative. Certaines avec des voix de droite, d'autres avec des voix de gauche, d'autres avec des abstentions. C'est le jeu de la majorité relative. Nous ne sommes pas très habitués, en France, à avoir une majorité relative. Nous non plus, moi qui étais députée avant avec une majorité absolue, ça change. Ça demande du travail, une autre façon de travailler. Je pense que là, c'est trop tôt pour le dire. Et moi, je le crois, il y aura d'autres lois et il y aura d'autres discussions à venir. Dans notre groupe, ça discute, mais c'est notre richesse. C'est pour ça que je suis venue à En Marche puis à Renaissance. C'est pour la diversité des opinions, mais dans le respect et la bienveillance. Je suis bien dans mon groupe.

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