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@ laurent benoit

Caravane des primaires : le PS lyonnais en ordre de bataille

La "caravane des primaires citoyennes" est passée par Lyon ce vendredi : une manière pour les militants socialistes et radicaux de gauche d'informer les Lyonnais sur les primaires d'octobre. Mais aussi de soigner leur unité, avant d'entrer, à partir de septembre, dans une deuxième phase de la campagne.

On ne l'attendait pas, elle s'est finalement arrêtée à Lyon : la "caravane des primaires citoyennes", pilotée par quatre membres du Mouvement des jeunes socialistes [MJS], s'est posée de 14h30 à 17h30 sur le parvis de la Part-Dieu. Tout l'après-midi, une quinzaine de militants lyonnais du Parti socialiste [PS] et du Parti radical de gauche [PRG] ont prêté main forte aux envoyés de Solférino pour informer les passants sur le déroulement des primaires. Elles doivent permettre, les 9 et 16 octobre prochains, de choisir le candidat PS aux élections présidentielles de 2012. Une première en France, nécessitant une explication de texte : beaucoup ignorent que le vote est ouvert même, et peut-être surtout, aux non-adhérents du parti socialiste.

Bonne mobilisation lyonnaise

Juliette Berchepied, 23 ans, des MJS est satisfaite : après Annecy ce matin, l'étape lyonnaise est un succès pour cette caravane qui fera, jusqu'au 25 août, un tour de France en 37 étapes. "Nous sommes partis de Paris le 14 juillet, et pour l'instant c'est ici qu'on a eu le plus de monde", estime Juliette. "Beaucoup de militants sont venus nous aider, et la collecte de coordonnées marche bien : on a récolté environ 100 e-mails". Car l'opération a aussi pour objectif de constituer une base de données, permettant de diffuser régulièrement, et jusqu'au scrutin, des piqûres de rappel à ceux qui se seront montrés intéressés.

Chez les passants qui se croisent à l'entrée ou la sortie de la gare, deux attitudes : certains, comme ces ados sapées qui vont au centre commercial, lancent sans s'arrêter un "Je ne suis pas socialiste !" rigolard. Jonathan Bocquet, 25 ans et délégué départemental du Parti radical de gauche, en profite pour tirer son épingle du jeu : "Je leur réponds : ça tombe bien, moi non plus !"

Pour lui, l'enjeu est de faire savoir que les primaires ne sont pas 100% socialistes, avec la présence parmi les candidats de Jean-Michel Baylet, président du PRG, représenté à Lyon par Thierry Braillard. "On fera campagne à partir de septembre, notamment avec la venue de Jean-Michel Baylet pour parler de développement économique. Mais aujourd'hui on est là avec les socialistes, c'est normal", explique l'adjoint aux sports de Lyon, présent ce vendredi.

Charte d'adhésion

D'autres passants, à l'image de Marianne, 26 ans et originaire du Sud-Ouest, s'approchent spontanément pour demander des informations. La jeune femme est chef de projet chez Renault à Saint-Priest depuis avril : "J'étais pour DSK, alors je suis un peu perdue, parce qu'on entend plus de rumeurs sur les candidats que d'explications sur leur programme. Donc aujourd'hui c'est une manière d'en savoir plus."

Max, 19 ans, n'a pas voté aux élections cantonales mais pense le faire en 2012 : "Je suis plutôt à droite, mais puisque tout le monde peut voter aux primaires, j'irai peut-être !" Une militante en profite pour rappeler que la signature d'une "charte d'adhésion aux valeurs de la gauche" est obligatoire avant le vote. Tout comme le versement de 1€, "mais vous pouvez donner plus, bien sûr !"

C'est loin l'Amérique ?

"C'est comme en Amérique alors", s'amuse Fred devant le stand. Jules Joassard, soutient de Martine Aubry, sourit : " C'est vrai, les organisateurs ont fait des voyages d'étude aux Etats-Unis. Savoir si ça prendra en France, c'est un peu le défi, mais on est optimiste !" Jacky Darne, 1er secrétaire fédéral du PS dans le Rhône, renchérit : "C'est dans l'air du temps, et le parallèle avec les États-Unis fonctionne bien dans l'esprit des gens. Aujourd'hui la politique est plus personnalisée, c'est important de faire connaitre les candidats et de permettre aux gens de choisir celui ou celle qu'ils préfèrent."

Code de bonne conduite

C'est d'ailleurs un des points épineux de ces primaires. Les socialistes lyonnais doivent atteindre deux objectifs pas forcément faciles à concilier : d'un côté la mobilisation des citoyens, pour réunir "20 à 25 000 participants" dans le Rhône, où 185 bureaux de vote seront ouverts. Une sensibilisation qui passe, depuis déjà plusieurs semaines, par du porte-à-porte dans l'agglomération lyonnaise. De l'autre, le soutien à la personnalité qu'ils ont choisie, sans céder à la tentation de dénigrer les candidats adverses.

Un "code de bonne conduite" a donc été adopté après de longues discussions, comme l'explique Hélène Geoffroy, conseillère générale de Vaux-en-Velin et mandataire dans le Rhône de Ségolène Royale : "On n'en est pas à se partager le territoire, mais on essaie de ne pas passer six fois chez les gens !" Martine Roure, conseillère municipale et soutient de François Hollande, précise : "Si les gens avec qui on discute ont déjà une préférence, on ne dit rien. S'ils n'ont pas encore d'avis, on leur parle de notre candidat. On se fait confiance !"

Entente cordiale

Cette unité, à en croire les militants, n'est pas que de façade : "En 2007, il y avait une ambiance à couper au couteau ", se souvient Alain Focachon, secrétaire de la section de Pierre-Bénite. "Cette fois, c'est différent. Ouvrir le vote à l'extérieur, ça adoucit la compétition et ça évite les histoires style congrès de Reims, puisque les voix seront comptées aussi par des non-adhérents". Une allusion aux accusations de trucages des votes portées contre Martine Aubry, au moment de sa désignation comme première secrétaire.

Unité réelle, peut-être, mais provisoire : dès septembre, déclarent tous les présents, des débats entre les candidats aux primaires seront organisés, et chacun se battra pour son champion. La compétition promet d'être chaude : le passage de la caravane des primaires à Lyon, non prévu à l'origine et finalement organisé à la dernière minute, suscite quelques rumeurs. Certains y voyant un refus des MJS, plus proches de Martine Aubry, de venir dans la ville de Gérard Collomb, soutient de François Hollande.

José Berenguer, délégué à la culture à Vaux-en-Velin, préfère parler des "cafouillages habituels à Solférino, qui décide tout sans nous consulter. Ils avaient choisi de n'aller que dans les endroits où les gens sont en vacances !" Des vacances que de certains militants lyonnais ne prendront pas cette année, pour mieux faire campagne en vue du 9 octobre.

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