La soirée a été historique à plus d'un titre. La gauche a remporté toutes les circonscriptions lyonnaises et la moitié des sièges dans le Rhône. Le RN a réussi pour la première fois à faire élire deux de ses candidats.
Le grand chelem de la gauche lyonnaise
Le Nouveau Front populaire a réussi le grand chelem à Lyon. Ses quatre candidats ont été élus. Marie-Charlotte Garin l'avait emporté dès le premier tour. Ce dimanche soir, elle a été rejoint par Anaïs Belouassa-Chérifi (1re), Boris Tavernier (2e) et Sandrine Runel (4e). Pour cette dernière, la victoire était plus incertaine. Elle l'a emporté dans une triangulaire avec 42,48% des suffrages devant Anne Brugnera (Renaissance) (39,67%) et Yannick Chaumont (RN) (17,86%). Cette circonscription n'avait jamais envoyé de député de gauche à l'Assemblée nationale. La victoire de Sandrine Runel permet au PS de sortir la tête haute de cette séquence des législatives dans le Rhône et de concrétiser le bon score de Raphaël Glucksmann aux européennes. Ce dimanche soir, les militants comme les élus ont été surpris à l'annonce des résultats à 20h quand les premières projections ont annoncé la victoire du Nouveau Front populaire. La gravité du premier tour a laissé place à une forme d'euphorie. "Personne n'était en mesure de dire de quel côté allait retomber la pièce. On resent un soulagement. On a évité le pire", souriait Marie-Charlotte Garin.
"Le front républicain a fonctionné. Le RN a été contenu. Le Nouveau front populaire est la force démocratique en mesure de gouverner et cerise sur le gâteau : 4 députés du Nouveau front populaire élus à Lyon. Ont été élus une Insoumise, une écologiste, une socialiste et un membre de la société civile. Ils sont à l'image de la composition de mon exécutif", se félicitait Grégory Doucet, maire de Lyon au micro de Lyon Capitale. Dans le Rhône, ce sont les Insoumis qui sortent vainqueurs de ces élections législatives. Gabriel Amard (6e)et Idir Boumertit (14e) conservent leur mandat. Ils seront rejoints par Abdelkader Lahmar (7e) et Anaïs Belouassa (1re). Les écologistes confortent aussi leurs positions grâce aux talents de négociateur de Bruno Bernard lors de la constitution du Nouveau Front populaire.
Les premiers députés RN du Rhône
Le Front national puis le Rassemblement national n'avait jamais réussi à envoyer un de ses candidats rhodaniens à l'Assemblée nationale. Le lyonnais Bruno Gollnisch s'y était invité par le truchement de l'introduction d'une dose de proportionnelle en 1986. Le scrutin direct à deux tours leur avait toujours empêché de l'emporter. Ce juillet 2024, ce plafond de verre local s'est brisé. Tiffany Joncour, dans la 13e, et Jonathan Géry, dans la 8e, ont été élus. L'une dans un duel serré face à un candidat Insoumis du Nouveau Front populaire. L'autre dans une triangulaire, qui était au départ une quadrangulaire. "C'est le fruit d'une dynamique nationale et locale", notait Tiffany Joncour. Dans la 11e, le candidat RN-LR Alexandre Humbert Dupalais a été battu par le député sortant qui a profité de la bonne tenue du front républicain. "Les Français se sont faits voler cette élection avec cette tambouille électorale et ces désistements. Nous perdons des députés mais notre groupe grossit", voulait retenir Tiffany Joncour dans une soirée paradoxale pour le RN dans le Rhône. "A titre individuel, je suis satisfait. A titre collectif, la pilule a du mal à passer car la vague RN n'est pas aussi immense qu'on le voulait", opposait Jonathan Géry, l'autre député du Rassemblement national du Rhône.
Un sursaut inespéré pour Renaissance
Après les europénnes et le premier tour des élections législatives, la dynamique de Renaissance semblait condamner à l'échec le pari d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Ce dimanche 7 juillet, les électeurs ne lui ont clairement pas donné raison mais ils ont atténué l'ampleur de la vague "dégagiste". Au soir du premier tour, le camp présidentiel était donné vainqueur dans 90 circonscriptions dans le meilleur des cas. Par la grâce des désistements de candidats du Nouveau Front populaire, Renaissance termine avec 142 députés. Dans le Rhône, la majorité présidentielle a résisté et conserve quatre députés. Elle perd toutefois la moitié de son contingent. A Lyon, les députés sortants Thomas Rudigoz et Anne Brugnera ont été défaits. Dans la 13e, Sarah Tanzilli s'était désistée au soir du premier tour pour faire barrage au RN. Dans la 7e, Alexandre Vincendet (Horizons) a été largement battu dans une triangulaire. Jean-Luc Fugit a lui conservé son siège à l'Assemblée nationale en bénéficiant d'un front républicain dans la 11e. Tout comme Thomas Gassilloud dans la 10e. Les Modem Cyrille Isaac-Sybille (12e) et Blandine Brocard (5e) ont, eux, gagné dans des triangulaires face au RN et au Nouveau Front populaire en s'appuyant sur les réserves de voix des candidats LR éliminés dans leurs circonscriptions au soir du premier tour.
On a plus qu'à subir la suite !