L’eurodéputée EEVL de la Drôme Michèle Rivasi dénonce le scandale sanitaire du chlordécon, un pesticide neurotoxique utilisé pendant des années aux Antilles alors qu’il était interdit partout dans le monde. Ni plus ni moins qu’un “génocide” perpétré par les plus hautes sphères de l’État, explique-t-elle à Lyon Capitale.
Dans le cadre des élections européennes, l’eurodéputée (EELV) drômoise Michèle Rivasi a fait le tour des Antilles, “ces territoires oubliés” dont on parle beaucoup ces dernières semaines. La cause : le chlordécone, un pesticide neurotoxique, reprotoxique, probablement cancérogène et perturbateur endocrinien, utilisé pendant des années à très haute dose, alors qu’il était interdit partout dans le monde, pour éradiquer le charançon, un coléoptère friand de bananes, l’or jaune des Antilles. Pour elle, le scandale sanitaire du chlordécone n’est ni plus ni moins qu’un “génocide” perpétré par les plus hautes sphères de l’État et “le prochain scandale sanitaire, politique et judiciaire français”.“Ça fait penser au sang contaminé ou au Mediator, ces scandales sanitaires où on voit qu’il y a un cordon entre l’exécutif et la justice”
Lyon Capitale : “Il ne faut pas dire que c’est cancérigène (…) sinon on alimente les peurs.” Comment jugez-vous la réponse d’Emmanuel Macron à propos du chlordécone, en février dernier aux Antilles, lors du grand débat avec des élus d’outre-mer ? Michèle Rivasi : Les réponses de M. Macron ne tiennent absolument pas la route. D’autant que l’OMS a déclaré la chlordécone1 cancérogène et perturbateur endocrinien. C’est une substance qui reste six cents ans dans le sol, vous imaginez… Un demi-millénaire, cela représente près de vingt-cinq générations ! Nous avons donc affaire à un véritable problème à la fois environnemental et sanitaire car ce pesticide altère la fertilité, c’est un poison pour le système nerveux, il a des effets sur le développement cognitif des nourrissons. Aujourd’hui, il est d’ailleurs admis que la quasi-totalité des Guadeloupéens et des Martiniquais sont contaminés au chlordécone. Pire, la Martinique détient le record du monde de cancers de la prostate, avec 227 nouveaux cas sur plus de 100 000 hommes. Ce qui se passe là-bas, c’est absolument épouvantable. M. Macron a, délibérément et en connaissance de cause, menti aux élus et aux citoyens. Il s’agit donc bel et bien d’un mensonge d’État français. En prime, c’est la France qui a autorisé l’utilisation de cette substance toxique, alors qu’elle était prohibée dans la plupart des autres pays, notamment aux États-Unis dès 1976. Comment expliquez-vous que le chlordécone, dont les effets néfastes sur l’environnement et la santé ont été pointés du doigt dès le milieu des années 1970 – il a d’ailleurs été interdit dans la foulée aux États-Unis –, ait continué d’être utilisé aux Antilles jusqu’en 1993 ?
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