Il nous livre quelques un des secrets du prochain Premier Ministre.
Lyon Capitale : François Fillon devrait être nommé premier ministre jeudi 17 mai. Vous le connaissez bien, depuis que vous avez été son directeur de cabinet entre 1993 et 1995, au ministère de l'enseignement supérieur...
Christian Philip : Et même avant : j'ai été son professeur de droit, en 1972, au Mans ! Puis j'ai été son suppléant aux législatives de 1981, dans la Sarthe. Et quand il a été nommé ministre, j'étais recteur à Clermont-Ferrand.
Qu'est-ce qui vous a frappé chez lui ?
Il est convaincu qu'on peut réformer ce pays. On dit d'ailleurs qu'il sera le garant des réformes de Sarkozy : il peut chercher le meilleur timing, concerter, mais l'objectif, c'est d'y aller ! Il a le sens du dialogue, ce n'est pas un homme de conflit. C'est d'ailleurs agréable de bosser avec lui : on ne s'engueule pas.
En 1994, sa réforme des IUT a mis beaucoup de monde dans la rue...
Le vrai problème, c'était le CIP, même si certains ont essayé de lui faire porter le chapeau. Nous, on a peut-être un peu attisé les braises... Mais l'Enseignement est un milieu difficile à faire bouger. Il va pourtant devoir s'y atteler puisque Sarkozy a promis une loi sur l'autonomie des Universités.
Qu'avez vous retenu de cette crise ?
Pour qu'une décision soit acceptée, il faut trouver des alliés et prendre le temps de l'explication. On ne peut pas aller dans le mur. Quand plus tard Fillon a dû s'attaquer à la réforme des retraites, il a agi par étape. Et il s'est trouvé un allié : Chérèque, de la CFDT.
Il donne l'impression d'être un faux calme, un peu soupe au lait...
Sincèrement non. Intérieurement, comme tous les calmes, ça peut bouillonner... Mais en deux ans à ces côtés, je ne l'ai jamais vu piquer une colère. Il sait se contenir. C'est un gaulliste social, comme Seguin, mais ce n'est pas le même style ! (rires)
On l'a senti en colère contre Chirac, après son éviction du gouvernement en 2005...
Il se sentait trahi. Il avait le sentiment qu'on l'avait envoyé au charbon, avant de le remercier sans y mettre les formes. Il sait faire preuve de souplesse, quand il faut, mais il sait aussi où il veut aller ! Mais ce n'est pas un coléreux. S'il l'avait été, il n'aurait pas pu s'entendre avec Sarkozy...
C'est l'eau et le feu ?
Oui, mais ça ne veut pas dire que c'est un béni-oui-oui. S'il n'est pas d'accord avec Sarkozy, il n'élèvera pas la voix, mais il lui proposera une autre solution.
Qu'est-ce qui le singularise ?
Sa capacité à déconnecter. Il sait prendre le temps de la vie familiale avec ses cinq enfants, rentrer dans la Sarthe, passer son dimanche à bricoler dans son jardin... C'est d'ailleurs comme ça qu'on peut réfléchir et prendre les meilleures décisions. En fait, c'est un type très équilibré.
Quel est son jardin secret ?
Il a une passion pour la course automobile, c'est son côté Manceau. Il pilote quelques fois sur le circuit... Il aime aussi faire du ski. Il aime d'ailleurs beaucoup la montagne, hiver comme été. Sinon, il est très intéressé par les nouvelles technologies. En 93, on avait obtenu de Matra un des premiers prototypes de téléphone portable.
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