Chuzeville
© Lambert Segura

Chuzeville à la tête du Rhône : "Il va falloir que j'apprenne à dire non"

Ce lundi, majorité et opposition ont loué l'esprit d'ouverture de la première femme présidente du conseil général du Rhône. Peu avant, ils ont aussi communié pour vanter Michel Mercier, dont ils ont souligné le sens de la formule. "C'est un chat" a résumé Jean-Jacques Pignard.

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HIS-TO-RI-QUE, ce lundi. L'investiture d'Obama ? Sans doute. Mais aussi celle de Danielle Chuzeville, à la tête du conseil général. Elle succède à 51 hommes qui s'étaient passés le relais depuis la Révolution française, comme l'a souligné le président du groupe socialiste, Thierry Philip. "Le changement, c'est maintenant et vous l'incarnez", a-t-il badiné. L'Amplepuisienne a recueilli 28 voix sur 31 votants, contre 3 suffrages pour sa challenger communiste, Marie-Christine Burricand. Socialistes et écologistes avaient décidé de ne pas prendre part au scrutin.

Chuzeville "a le goût des autres"

Sitôt élue, la nouvelle présidente a lu un discours plan-plan. A destination de l'opposition qu'elle qualifie de "minorité", elle a affirmé "avoir toujours apprécié travailler" avec, "dans un climat apaisé". Comme enseignante, elle "a le goût des autres", a-t-elle confié. Et d'ajouter : "Il va falloir que j'apprenne à dire non". Ces déclarations ont répondu à un concert de louanges, la séance étant placée sous le signe de la communion oecuménique. Le chef des socialistes avait auparavant convenu que son groupe "avait de très bonnes relations avec elle", et qu'elle avait été "une très bonne vice-présidente". "Si nous étions dans la majorité, nous aurions volontiers voté pour vous", a renchéri l'écologiste Gilles Buna.

Plus tôt dans la matinée, la séance avait commencé par l'éloge funèbre de Michel Mercier… qui était pourtant bien présent. Décidément très conciliant, Thierry Philip, qui n'avait plus la tête aux emprunts toxiques, a souligné "les moyens" dont a disposé l'opposition. Il a rappelé que Michel Mercier avait refusé de se compromettre avec Charles Millon en 2001, aux municipales de Lyon. "Ce jour-là, nous étions très proches de lui". Aujourd'hui aussi.

"Faire semblant de dormir pour tromper l'adversaire"

Gilles Buna a même avalisé la démarche adoptée pour créer l'euro-métropole, dont ses collègues écologistes avait critiqué l'absence de concertation. "On ne peut gouverner sans laconisme", a-t-il lancé, citant St-Just. A l'heure du bilan, il est significatif que la plupart des interventions louaient l'homme plutôt que son action. Que restera-t-il de ses 23 ans de présidence ? Uniquement des bons mots ? Les élus se sont plus à citer Mercier qui citait lui-même quelqu'un d'autre. C'est d'abord Georges Barriol qui a retenu une phrase de St-Augustin : "Je combats l'erreur, mais j'aime celui qui la commet". Et justement, il aime bien Mercier... Gilles Buna en a opté pour une autre: "Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit", sans que l'on sache vraiment dans quel sens la formule collait si bien au président sortant.

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Comme l'a relevé Jean-Jacques Pignard, il y a une langue Mercier. "Les mots n'ont pas la même acception selon qu'ils sont prononcés le lundi ou le vendredi, les verbes sont toujours de déclinaison irrégulière, le passé y est toujours composé, le futur y est toujours antérieur". Selon lui, il faut un bac+8 pour décrypter toutes les subtilités de cette langue "finno-ougrienne".

Son discours bienveillant et inspiré a cependant pris un tour hagiographique et un peu trop appuyé, quand il a lancé, à propos du musée des Confluences, "nous aurons semé dans la peine, d'autres moissonneront en chantant", ou quand il a associé Mercier à la Confluence lyonnaise, point de rencontre de la double racine de Lyon, chrétienne et humaniste. De la pointe sud de Lyon, on a ensuite voyagé à la Croix-Rousse et à Fourvière, puisque selon lui, Mercier "est l'homme des deux collines, celle qui travaille et celle qui prie". Il s'est ensuite adressé à la présidente : "mettez vos pas ou plutôt vos pattes dans celles de Michel Mercier car Michel Mercier est chat". Un chat "chattemite", et il lui conseille de "faire semblant de dormir pour tromper l'adversaire". Et de sommeil, il en va comme d'une retraite, sur-jouée, sur-interprêtée. "On sait bien que ce n'est pas un au revoir. Vous serez toujours plus que présent dans cette collectivité", a lancé Louis Pelaez. "Surveillez-le, c'est difficile de l'astreindre au silence. Je le voyais à la manoeuvre pendant le scrutin", a relevé Gilles Buna. Michel Mercier a été nommé 1er vice-président.

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