Touraine
© Tim Douet

Collomb comparé à "un souverain" par son 1er adjoint

Lundi, au conseil municipal de Lyon, le 1er adjoint, Jean-Louis Touraine, a présenté ses vœux et ceux de tout le conseil municipal au maire de Lyon. Un texte drôle, et bien écrit, où l'adjoint compare Collomb à un "souverain" à deux mois des municipales. Nous publions ici le texte en intégralité.

Extrait du Compte rendu de la séance du conseil municipal du 20 janvier 2014.

M. LE MAIRE : "Chers collègues, nous allons commencer ce Conseil municipal un peu particulier puisque c’est le dernier de cette mandature. Je suis heureux d’accueillir le groupe scolaire Aveyron qui est avec nous, peut-être futurs élus de Lyon sur ces bancs. Je donne la parole à M. Touraine".

Jean-Louis Touraine © Tim Douet

© Tim Douet
Jean-Louis Touraine.

M. TOURAINE Jean-Louis, Premier Adjoint : "Monsieur le Maire, mes chers collègues, pour la 13ème année consécutive, je vais formuler les vœux du Conseil municipal au Maire de Lyon. Je forme donc pour vous, Monsieur le Maire et pour vos proches, des vœux de santé, de bonheur et de pleine activité. Au-delà de votre personne, j’étends ces vœux à tous les Lyonnais dont le bon épanouissement est notre désir le plus cher. Ces vœux ne sont pas seulement les miens, mais bien ceux de l’ensemble du Conseil municipal que je représente en cet instant.

L’exercice est singulièrement compliqué, voire périlleux, en cette année 2014, année électorale qui n’autorise pas, en de telles circonstances, de bilan municipal ni, bien sûr, de développement des projets envisagés. De plus, étant pour l’heure le porte-parole de tous les Conseillers municipaux de la Majorité, comme de l’Opposition, je me dois de n’être aucunement partisan, ni oublieux des prérogatives de nos respectables collègues de l’Opposition, ni -ce qui n’est pas forcément plus simple- insuffisamment soucieux des équilibres subtils au sein de la Majorité.

“Once upon a time..."

Dès lors que je ne peux parler de l’action municipale, je vais vous raconter une histoire. Laissez-moi donc vous conter une fable anglaise, une fiction pure et si, par hasard, quelque ressemblance avec des faits réels se faisait jour, ce ne serait bien sûr que coïncidence totalement fortuite.

“Once upon a time, there was a pleasant and famous city…” Mais je vais vous traduire : il était une fois une grande cité, construite au cœur de contrées plaisantes. Cette cité était réputée pour la bonne chère à laquelle ses habitants étaient attachés. La grande cité était très respectée, même si elle se trouvait parfois en compétition avec une grande ville du Sud, et surtout avec une très grande ville plus au Nord.

Cette cité du milieu, dans son immodestie, avait choisi le nom et l’étendard du roi des animaux. Avec un tel emblème, la cité aspirait à un grand développement et à un important rayonnement. Elle se choisissait donc habituellement des souverains poursuivant ces objectifs ambitieux. Or, il advint qu’à grands coups de trompettes, un nouveau millénaire fut annoncé. Le vénérable souverain alors en charge de la cité décida de réunir ses sujets et s’exprima en ces termes : « Peuple bien-aimé, des temps nouveaux, différents, sont devant nous. Je suis moi-même un peu âgé pour conduire ce changement, cette évolution. Choisissez-vous donc un nouveau souverain plus jeune, dynamique mais également expérimenté. Avec lui, construisez les fondations de la cité des temps nouveaux".

"Un souverain normal"

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Pour un tel objectif, et pour voir loin dans le siècle à peine ébauché, certains préconisaient le choix d’un homme de grande taille, d’autres rappelaient ce passé récent où un souverain géant avait réalisé de bonnes choses mais avait terminé sa mission d’une façon moins glorieuse. Alors fut choisi un homme de taille moyenne et qui, surtout, n’avait pas de perruque afin de faciliter le port de la couronne. Chacun dans la ville disait : « Voilà, nous avons un souverain normal », une expression qui allait prochainement être popularisée très au-delà des frontières de la cité. On lui octroya cependant un carrosse pour ses déplacements. Bien sûr, l’usage du scooter fut proscrit car trop dangereux.

Une crainte s’exprima plus tardivement chez les plus anciens : le nouveau souverain était un professeur. Or, dans des temps reculés, un souverain avait été choisi parmi des professeurs pour ne faire qu’un bref passage à la tête de la cité -un souverain de transition en quelque sorte- et puis il y était resté un demi-siècle. Est-ce que le nouveau ne risquait pas d’en faire autant ? On calcula alors en fonction de son âge et des astres, on interrogea la Pythie et les nouveaux oracles : les augures étaient bien ceux d’un séjour prolongé mais qui n’atteindrait pas les cinq décennies.

"cultivé, et particulièrement éloquent en latin"

Ceux qui s’étaient inquiétés se sentirent rassurés et tous se mirent au travail pour faire une ville plus grande, plus peuplée, plus prospère, plus belle, plus juste. Les uns œuvraient avec le souverain, les autres, plus discrètement, préparaient des plans pour les périodes futures, après les décennies actuelles.

Un jour, le souverain décida de réunir toute la population de la cité et tint ce propos devant l’assemblée du peuple : " Mes chers concitoyens, même s’il existe quelques prétendants à un poste de bouffon d’un roi, je ne suis pas votre monarque, mais seulement « primus inter pares ». Il était en effet cultivé, et particulièrement éloquent en latin. Il poursuivit son discours : « Valeureux habitants de notre cité, je veux pour chacun de vous, et de façon durable, davantage de bien-être, plus de prospérité. Pour cela, nous devons construire un nouvel ensemble mieux organisé, plus dynamique et très vaste. Il y aura une production intense, des richesses pour tous et un rayonnement culturel dans les contrées alentour. Nous baptiserons cette réalisation nouvelle " métropolis ", du grec mêtêr (la mère), et polis (la ville)."

Le souverain était en effet féru de grec antique, tout autant que de latin. D’ailleurs, si l’on prend une autre orthographe – police -, cela lui convenait aussi, car il professait qu’une bonne répartition de la nouvelle opulence ne serait possible que dans le bon ordre, dans la justice et dans la tranquillité publique.

Le souverain poursuivit son exposé, et les propos suivants attirèrent des applaudissements de plus en plus intenses : « Sans même attendre la réalisation complète de la métropolis, nous devons nous amuser, nous divertir ensemble ». Comme le souverain était aussi cultivé en français, il cita La Bruyère : « Il faut rire avant d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri ». Il évoqua même une écrivaine du nouveau monde, Ella Wilcox : " Riez et le monde rira avec vous, pleurez et vous pleurerez seul."

Clin d'oeil à Giordano et Reynaud

" Il nous faut nous réjouir fréquemment ensemble, il nous faut rire et nous divertir ; pour cela, il convient d’organiser de grands jeux du cirque. Il n’y a pas de place suffisamment spacieuse dans le cœur de la cité, alors nous construirons un très grand amphithéâtre à proximité de la ville ".

Malgré quelques polémiques et déchirements transitoires, un lieu fut choisi, l’endroit propice aux jeux du cirque fut élaboré, et de très grandes festivités y furent organisées en même temps que des compétitions internationales.

L’histoire ne serait pas complète si j’omettais de rapporter tous les mariages qui furent célébrés entre personnes semblables ou différentes. Les adversaires d’hier se retrouvaient dans les réjouissances, et des jeunes femmes du camp opposé vinrent épouser des hommes travaillant avec le souverain. Les nombreux enfants qui naquirent obligèrent la construction de nouvelles crèches et d’écoles supplémentaires. On chuchote même que, parmi les adversaires du grand amphithéâtre pour les jeux du cirque, certains venaient discrètement, mais régulièrement, aux grandes fêtes en ce lieu.

J’arrête là mon conte, mais des aventures ultérieures sont prévues et nous pourrons dans quelques années vous rapporter les épisodes prochains.

En ce qui me concerne, si j’ai tenu la plume de ce récit je ne veux pas mettre un point final, même temporaire, sans avoir exprimé de vifs remerciements à l’ensemble de l’Exécutif, à l’ensemble des Services, à tous les Conseillers et à tous les membres du Cabinet. Et bien sûr, un grand merci à vous, Monsieur le Maire. Permettez-moi de dire tout simplement que ce fut un privilège de travailler dans cette équipe dynamique et dévouée, sous votre impulsion et votre responsabilité. Sans aucune emphase et en toute sincérité, ce fut un plaisir d’œuvrer avec vous au service des Lyonnais. Quel que soit l’avenir, que l’aventure continue de façon radieuse !"

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