Depuis juin, les tentatives de médiation d’Emmanuel Macron entre David Kimelfeld et Gérard Collomb ont échoué © AFP

Collomb/Kimelfeld : duel politique au cœur de la visite de Macron à Lyon

La venue à Lyon d’Emmanuel Macron pour la Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a aussi été le nouveau théâtre du duel qui oppose Gérard Collomb et David Kimelfeld depuis plusieurs mois. Si le président de la République semble avoir tranché pour le premier, le second se dit toujours le véritable candidat légitime pour représenter La République en Marche à la métropole.

Tout le monde guettait un signe, une geste d'affection en plus ou un mot plus appuyé pour l'un ou l'autre. Pourtant, mercredi, Emmanuel Macron n'a rien laissé transparaître de tel, affichant le même sourire et les mêmes remerciements à l’égard de Gérard Collomb et de David Kimelfeld. À son arrivée à l'hôtel de ville, pour le dîner en marge de la sixième Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le président de la République a accompagné le maire de Lyon dans les couloirs de la mairie. L'entourage de Gérard Collomb affirme que les deux hommes ont eu “un bon entretien”. Difficile d'en savoir plus sur la teneur de leur échange. “La force des images parle plus que les bavardages”, s'est contenté de commenter un proche de l'édile lyonnais. Une référence à la déambulation des deux hommes, tout sourire, dans les rues de Lyon vers 23h hier soir, pour raccompagner Bono, le chanteur de U2, à son hôtel situé dans le Grand Hôtel-Dieu.

Bain de foule ou bain de mousse ?

L'entourage de David Kimelfeld est lui plus circonspect : “Les proches de Gérard Collomb font mousser cette histoire de rencontre et de rendez-vous, qui n'ont pas été confirmés par la présidence de la République. Quant à la déambulation, elle était prévue dans le déroulé. Nous avions été invités, mais avons fait le choix de ne pas y aller pour que ce moment ne soit pas perturbé par les questions politiques.” Contacté, le service de presse de l'Élysée ne nous a pas répondu.

Politiquement, le passage à Lyon d'Emmanuel Macron intervient alors que le parti La République en Marche a, semble-t-il, choisi de soutenir Gérard Collomb pour l'élection métropolitaine. Selon Les Échos, l'ancien ministre de l'Intérieur devrait être officiellement investi dans le courant de ce mois. Une information confirmée à Lyon Capitale par une source proche du parti présidentiel.

“Gérard Collomb ne promeut que lui-même”

Contacté, le député LREM Thomas Rudigoz, soutien indéfectible de David Kimelfeld, ne comprend pas le choix qui se profile. “Pour moi, celui qui incarne le plus LREM dans ses valeurs, dans l'état d'esprit et le projet, c'est David Kimelfeld. C'est d'ailleurs le seul à avoir demandé l'investiture. C'est lui aussi qui fait la promotion à Lyon de la politique du Gouvernement, ce que ne fait jamais Gérard Collomb, qui ne promeut seulement que lui-même”, confie l'ancien maire du 5e arrondissement, aujourd’hui en froid avec le clan Collomb. Thomas Rudigoz assure qu'il va maintenir son soutien au président de la métropole : “C'est David Kimelfeld qui est porté par les militants LREM à Lyon. C'est lui qui a mouillé la chemise durant les européennes, là où Collomb était absent et ne croyait pas à notre victoire. Toutes proportions gardées, ce que fait David ressemble beaucoup à ce qu'Emmanuel Macron a pu faire. Prendre le lead contre un sortant établi depuis de nombreuses années.”

Emmanuel Macron tranche pour Collomb

Selon nos informations, c'est le président de la République en personne qui a tranché en faveur de Gérard Collomb. La commission nationale d’investiture, qui n'avait pas encore abordé le cas lyonnais, devrait se conformer à ce choix. Vox president, vox Dei... “Maintenant que le président a parlé, on ne va pas aller contre sa décision”, a déclaré au journal Le Monde un membre de la commission. Ce que regrette le camp Kimelfeld. “Il va falloir qu'ils expliquent ça, qu'il y a eu une onction suprême, que le fonctionnement du nouveau monde est finalement pire que celui de l'ancien, PS et LR réunis”, gronde un proche du président de la métropole. Lequel est toujours candidat à sa succession et sera en meeting pour les élections métropolitaines le 16 octobre. D'ici là, David Kimelfeld devrait publier une liste de près de 1 000 soutiens, alors que LREM espère encore qu'il accepte d'être candidat à la mairie de Lyon pour laisser la métropole à Gérard Collomb. Une proposition qu'il se refuse toujours à accepter.

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