Collomb menace de “faire changer le gouvernement" pour son Grand Stade

Présent sur la place publique depuis cinq ans, le Grand Stade passionne toujours autant les élus. Les arguments des uns et des autres sont bien rodés. Trop peut-être. Ils semblent désormais émoussés. Quant à Gérard Collomb, il n’en parle plus directement, préférant cacher le Grand Stade derrière le développement de l’Est lyonnais.

“Le stade dont on parle tout le temps” comme le présente l’élue communiste Nicole Gay s’affichait une fois de plus à l’ordre du jour du conseil municipal de lundi soir. Pour la troisième fois, l’assemblée devait se prononcer sur la révision du PLU (plan local d’urbanisme) du Grand Lyon. Une délibération qui a donné l’occasion aux élus de l’opposition et de la majorité de s’écharper sur un dossier qui n’avance toujours pas mais qui reste toujours propice aux empoignades.

Une desserte toujours pas suffisante pour l'opposition

Après cinq années de débats, les différents élus qui se relaient au micro donnent l’impression d’avoir déjà tout dit. Pour la forme, ils ressortent une nouvelle mouture de leurs discours d’un conseil municipal à l’autre. Christophe Geourjon et ses élus du groupe Lyon Démocrates s’estiment toujours mal informés et restent sceptique sur la desserte qui leur paraît fragile “car le tramway va être utilisé à une cadence jamais encore vue à Lyon”.

Le groupe de Denis Broliquier n’a lui aussi pas changé d’avis et soutient Gérard Collomb au motif que “le site parfait n’existe pas”. Autrefois perplexe sur une opposition frontale à ce projet, Michel Havard a aujourd’hui moins d’états d’âmes. Tout en essayant de préserver l’unité de son groupe dont une partie des élus et notamment Nora Berra soutient le projet, le candidat déclaré de l’UMP a dénoncé un projet mal ficelé et dont l’échec ne peut être imputable qu’à Gérard Collomb. Le bât blesse pour lui sur l’intérêt général. “Investir 200 millions d’euros d’argent public sans aucune contrepartie ne nous paraît pas équilibré. C’est à l’image de ce que vous avez fait pour l’Hôtel-Dieu. Tout donner à une entreprise privée sans aucune contrepartie, avec le soutien d’une majorité socialiste, communiste et autres alliés ! Cela laisse rêveur !”, interpelle Michel Havard.

Quand Forissier voulait accueillir le stade

L’intérêt général comme deux mois plus tôt au Grand Lyon a été l’objet de l’énervement de Gérard Collomb. Régulièrement, il ressort des archives des coupures de presse. Ce lundi soir, sa pique historique était à destination de Michel Forissier, maire UMP de Meyzieu. Le maire de Lyon a lu et fait circuler une interview que l’élu de l’Est lyonnais avait accordée au Progrès en 2006. Dans cet entretien, Michel Forissier se positionnait en faveur de l’implantation du Grand Stade à Meyzieu. Gérard Collomb estime aujourd’hui que l’élu de droite “fait fortune” politique sur son opposition au projet OL Land à Décines. D’ailleurs Gérard Collomb n’en démord pas si le gouvernement ne signe pas la déclaration d’intérêt général, c’est en raison des cantonales où Michel Forissier se présente.

Les coupures de presse : une arme à double tranchant

Au petit jeu des coupures de presse, Étienne Tête, le dernier numéro de Lyon Capitale en main, a répondu au maire qu’il fallait s’en méfier. Une allusion à une déclaration de Gérard Collomb daté de 2004 sur l’OL Land. À l’époque, il déclarait au Progrès : “J’ai dit à Jean-Michel Aulas qu’on en reparlerait dès que l’OL aura gagné la Ligue des Champions. Le problème est d’abord financier. On vient de mettre des dizaines de millions dans le stade de Gerland, on a agrandi les loges. Et supposons que l’on déplace le stade que fait-on de Gerland. Cela devient une friche ou un monument historique ? À Munich, ils construisent un nouveau stade : la mairie ne sait plus quoi faire de l’ancien. On ne refuse pas de place à Gerland”. Juste avant Étienne Tête venait de rappeler que l’OL ne remplissait plus son stade.

Le Grand Stade se jouera-t-il en 2012 ?

Gérard Collomb a depuis changé d’avis. Il a aussi changé d’argumentaire aujourd’hui pour défendre son projet. L’OL Land, il n’en parle plus vraiment. Il n’a plus que le développement de l’Est lyonnais à la bouche. Pour lui, il s’agit désormais de justifier les investissements connexes à la réalisation du Grand Stade par un projet plus large et forcément plus compatible avec l’intérêt général. Le maire de Lyon, un peu à court d’arguments au Grand Lyon en décembre, avait ce lundi soir préparé son intervention. Documents de synthèse à l’appui, il a dévoilé les changements que provoqueraient l’arrivée du stade de l’OL dans l’Est lyonnais. Le carrefour des 7 chemins à la limite de Bron, de Chassieu et de Vaulx-en-Velin passerait ainsi en mode “Carré de Soie”.

Le prolongement de T2 d’Eurexpo au Grand Stade se ferait dans un écrin de verdure. Son projet est vert et dynamisant pour un territoire encore préservé de l’urbanisation. Ses pensées ont dérivé jusqu’en 2017 pour faire apparaître un schéma de desserte encore plus pointu. Il a aussi prévenu tout dérapage financier du projet qu’il estime à 168 millions d’euros pour les pouvoirs publics : “nous n’en sommes plus au pifomètre. Des gens travaillent dessus et s’engagent avec des devis, leur responsabilité est engagée”. Quant à l’intérêt général, il s’est montré menaçant si François Fillon ne le promulgue pas : “S’il faut changer le gouvernement pour l’avoir, alors on va le faire. Ne me mettez pas dans l’obligation de le faire”.

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