Gérard Collomb a enfin présenté lundi son plan de mandat pour la Ville de Lyon jusqu’en 2020, plus d’un an après son élection. Il est moins clinquant que ceux des précédents mandats, la plupart des projets sont déjà lancés. La présentation du fil rouge de l’action municipale servait surtout de caution au coup de rabot sur les dépenses et aux hausses de tarifs que la municipalité va adopter pour résister à un contexte financier devenu sinistre.
Gérard Collomb maîtrise parfaitement les ficelles de la communication politique. À l'heure de dévoiler à la presse et aux Lyonnais un plan d'économie inédit depuis qu'il a accédé au pouvoir en 2001, le maire de Lyon a rajouté à son cours magistral la présentation de son plan de mandat (la PPI, programmation pluriannuelle d'investissement), un document attendu depuis plus d'un an.
Lundi après-midi, Gérard Collomb a donc soufflé le froid et le chaud : d'abord Père Fouettard en listant les économies, puis Père Noël en présentant images de synthèse à l'appui de ce à quoi ressemblera la Ville de Lyon en 2020. Un plan de mandat qui devait apparaître comme la récompense du coup de rabot qui touchera à terme chaque Lyonnais, mais qui s'apparente surtout à un inventaire des travaux déjà en cours. Les deux sujets sont en effet imbriqués.
Des hausses de tarifs pour les usagers
"Nous réalisons 40 millions d'euros d'économie pour pouvoir garder un haut niveau d'investissement. Nous serons au même niveau que lors du mandat précédent, ce qui sera exceptionnel parmi les villes françaises. Sur le mandat en cours, nous perdons 240 millions d'euros de dotation de l'État", a expliqué Gérard Collomb pour justifier les coupes budgétaires. Dans le plan marge de manœuvre, la Ville de Lyon va réduire ses dépenses, mais aussi augmenter ses recettes.
Côté économies, Gérard Collomb et sa majorité ont tranché : les subventions accordées à l'OL et au Lou vont drastiquement diminuer. Pour les grandes structures culturelles (Opéra, Subsistances, théâtre des Célestins), ce sera a minima un gel des subventions. Les musées des Beaux-Arts et d'art contemporain verront aussi leur budget décroître.
Pour faire rentrer de l'argent, la Ville de Lyon va augmenter tous azimuts : hausse des tarifs dans les cantines, les bibliothèques, les musées. Le stationnement payant s'étendra sur de nouvelles zones et leur contrôle sera renforcé. L'exécutif ne se satisfait pas de l'actuel taux de contrôle, estimé à 20%. Des places publiques de crèche pourront aussi être louées au privé. La Ville va aussi se mettre à facturer des prestations qu'elle délivrait jusqu'à présent gratuitement, sur des grandes manifestations ou la mise à disposition de salles pour les associations.
Toutes ces mesures doivent permettre, en 2020, de réaliser 40 millions d'euros d'économie. Mais, pour sanctuariser le budget d'investissement de la municipalité, Gérard Collomb prévoit aussi de recourir à l'endettement, même s'il passe plus rapidement sur ce point. Au terme du mandat, la majorité socialiste prévoit une dette qui atteindra 575 millions d'euros contre 475 millions aujourd'hui.
Le privé au relais
Une fois ces coupes sombres développées, Gérard Collomb a pu passer aux réjouissances rendues possibles par les économies : le plan de mandat. Mais ce document fondateur du mandat d'une municipalité ressemble plus à une fin de cycle qu'à un début. Développé sur 70 pages, le fil conducteur du troisième mandat s'apparente plutôt à un copier-coller des deux premiers. Et, d'une certaine manière, il marque une rupture dans le style Collomb, qui avait l'habitude d'ouvrir de nouveaux chantiers à chaque mandat : la Confluence puis la Part-Dieu, les berges du Rhône puis les rives de Saône.
L'essentiel des projets d'urbanisme que Gérard Collomb a insérés dans ce plan de mandat sont en trompe-l'œil. Le document compile des images de synthèse de bâtiments privés : immeubles de bureaux à la Confluence, à la Part-Dieu ou à Gerland. Ainsi le nouveau siège social de Sanofi-Pasteur se retrouve-t-il dans le plan de mandat. Idem avec l'Hôtel-Dieu, dont l'essentiel des travaux est supporté par le privé.
Collomb, du bâtisseur au gestionnaire
Quant aux projets publics, ils sont déjà en cours de réalisation ou recalibrés à la baisse. Ainsi, le réaménagement du centre d'échanges de Perrache se limite désormais à la création d'une trémie piétonne sous la gare pour faciliter les trajets de l'axe nord-sud. Ce changement de logiciel, Gérard Collomb l'assume en prenant pour exemple la rénovation annoncée des rues de la République et Victor-Hugo dans le 2e : "Au lieu de refaire comme nous pouvions le faire avant, nous allons rénover, redonner une nouvelle jeunesse. Notre nouvelle politique, c'est faire de l'entretien sans projets somptuaires".
Rattrapé par la crise, Gérard Collomb le bâtisseur se mue en gestionnaire. De la présentation de la PPI, il ressort surtout que, sans le plan marge de manœuvre et la hausse prévue de l'endettement, Gérard Collomb aurait seulement été capable de payer d'ici à 2020 les travaux lancés lors des mandats précédents. Les investissements nouveaux pèsent peu lourd face aux poursuites de chantier. Peu de nouveaux projets jalonnent la PPI. Et un seul, l'installation de la Maison de la danse sur le site de l'ancien musée Guimet dans le 6e, épouse à la fois le plan d'économies et la PPI.