Les projets fusent dans la 7e ville de la métropole de Lyon. Le nouveau maire impose son style. Bron a l’air de prendre des couleurs.
Jamais on n’avait autant parlé de Bron. Du sacre de Karim Benzema, en octobre dernier, la presse nationale avait coloré ses pages. Mazette !
Un Ballon d’Or, récompense individuelle la plus prestigieuse du foot, ce n’était plus arrivé depuis “Zizou” en 1998. Comme pour la peinture du sacre de Napoléon Ier servant la propagande de l’Empire, la fresque géante à l’effigie de l’ancien joueur du Sporting-Club de Bron-Terraillon, sur la tranche d’un immeuble de douze étages, au bord du périphérique, était un bel appel de balle… ou plutôt d’air. “Pour une fois qu’on parle de Bron positivement”, respire Jérémie Bréaud, l’actuel maire de la ville.
Car en réalité, Bron était bien sous le feu médiatique depuis quelques années, mais plus sous le prisme des faits divers, entre mariages-rodéos – la mairie s’était d’ailleurs autoproclamée “capitale du mariage qui déborde” –, rassemblements automobiles nocturnes et sauvages, commerce de stups à gogo (lot commun des grandes villes) et menaces de mort à l’endroit de certains élus, dont le premier édile en mode majeur, variante décapitation.
Fini les plateaux de CNews
“Parachuté”, il ne s’en cache pas, à Bron, bastion socialiste depuis la Libération, le républicain Jérémie Bréaud avait essentiellement axé son programme sur la sécurité.
La “prise de guerre”, comme en parlait la droite à l’époque, s’est jouée à 194 voix sur 22 603 inscrits (0,8 %). Avec, fierté de celui qui était auparavant élu du 6e arrondissement de Lyon, une “augmentation des scores à Terraillon et Parilly” et “deux bureaux remportés en plein cœur du Terraillon”. Le message sécuritaire avait donc été entendu dans les deux quartiers prioritaires de la ville (le cœur néanmoins plus à gauche), dont le taux de pauvreté touche, peu s’en faut, un habitant sur deux.
Dans le sillon de ses promesses, dès les premiers mois du mandat, le nouvel exécutif a donc nourri une communication particulièrement énergique – “peut-être trop” – sur la question. “On mangeait notre pain noir, remet en mémoire Jérémie Bréaud. On me disait que quand on allumait la télé, on donnait une mauvaise image de la ville. C’est vrai qu’on me voyait beaucoup sur CNews à l’époque. Je répondais que la stratégie serait payante. Ce qu’on a perdu au début en image de marque, on l’a aujourd’hui rattrapé et dépassé.”
"Il y a un avant et un après Bréaud. C’est plus calme même si on a toujours la drogue qui gangrène l’ensemble"
reconnaît Mohammed, la cinquantaine grisonnante, habitant du Terraillon depuis plus de vingt ans
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