Elle avait été sa porte-parole lors de la présidentielle : Ségolène Royal pousse Najat Vallaud-Belkacem comme co-dirigeante de son ex-courant, "L'Espoir à gauche" que Vincent Peillon semble s'accaparer. Celle-ci réagit à la polémique de ces derniers jours.
Lyoncapitale.fr : Ca y est, vous reprenez le contrôle de "L'Espoir à gauche" ?
Najat Vallaud-Belkacem : La mission que nous a confiée Ségolène Royal, ce n'est pas de reprendre le contrôle du courant de façon militaire. Nous ne sommes pas des responsables de brigade. Nous respectons ce courant. On est là pour clarifier les choses et assurer en quelque sorte l’interim d’ici à l'assemblée générale des militants qui aura lieu après les régionales.
Vincent Peillon aussi souhaite que ce soient les militants qui tranchent...
En appeler aux militants est pour le moins raisonnable puisque c’est toujours d’eux en dernier ressort que nous tenons notre légitimité. Mais faut-il le faire tout de suite ou attendre ? Notre position, c'est que les militants en ont ras-le-bol de tout ce fatras et que l’enjeu prioritaire aujourd’hui est de préparer les régionales. Le reste peut attendre.
Avez-vous parlé à Vincent Peillon ces derniers jours ?
Pas en direct. La discussion se fait par le biais de communiqués respectifs. Mais Ségolène Royal a eu une discussion avec lui ce week-end.
Avec le recul, ne pensez-vous pas qu'elle aurait dû s'abstenir de venir à Dijon, alors que les présidentiables n'étaient pas conviés ?
Franchement non. Manuel Valls était invité à Dijon alors qu'il n'a jamais caché ses ambitions présidentielles. Ségolène est une membre éminente de "L'Espoir à gauche". S’entendre dire qu’elle est indésirable dans son propre courant est pour le moins problématique. Fort heureusement, ce n’était pas l’avis des militants présents ce jour là à Dijon qui, eux, ont été très heureux de sa présence.
Dans quel état d'esprit est aujourd'hui Ségolène Royal, après les échanges de ces derniers jours ?
On est tous atterrés par la violence des propos qui n'avait jusqu'alors était atteinte que par Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP. Aller jusqu’à parler de "psychiatrie lourde", voila qui laissera des traces profondes... Je remarque que Ségolène Royal, elle, n'a jamais eu le moindre mot désagréable envers quiconque.
Selon vous, Vincent Peillon poursuit-il des ambitions individuelles ?
Ce que je constate en tout cas c’est qu’il a brutalement changé les règles du jeu. Est-ce que son revirement date de Dijon ou était-ce en germe avant ? Il y a toujours eu anguille sous roche. En tous cas, cette crise a permis de crever l'abcès. Nombreux sont ceux qui ne se sentaient pas très à l'aise dans ce courant, qui se demandaient s’il continuait vraiment à nous refléter dans notre diversité et dans notre soutien à Ségolène Royal.
Tout de même, Royal a vu nombre de ses soutiens s'éloigner. N'est-elle pas quelqu'un qui divise ?
Mais qui au PS est moins isolé qu'elle ? A la moindre réunion qu’elle organise, elle remplit les salles ! Qui d'autres qu'elle peut se targuer de réussir à mobiliser autant de gens ? Que le parti soit divisé, c’est une évidence et le système des courants ne fait que conforter cette balkanisation. Le désastreux congrés de Reims qui non seulement n’aura pas résolu la question du leadership mais en plus aura vu des gens qui pensent la même chose se ranger dans des écuries différentes au nom d’ambitions individuelles plus ou moins larvées n’aura rien arrangé à l’affaire.
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