Mardi soir, Jean-François Copé a présenté ses vœux à la fédération UMP du Rhône à Villeurbanne. Plus que de bonnes résolutions, le président élu et/ ou autoproclamé a surtout tenu un meeting de candidat en campagne pour 2017 et/ ou pour se légitimer à la tête du premier parti d'opposition. Le ton était très national et les lyonnais qui attendaient des réponses sur la tenue de primaires pour désigner le candidat aux municipales sont repartis sans réponses.
L'UMP cicatrise vite. Deux mois après une élection interne qui a viré au psychodrame et flirté avec un schisme, les militants n'ont pas boudé le traditionnel exercice des vœux de la fédération du Rhône. Ils étaient même plus nombreux que prévu. Bloquée par le service d'ordre, une cinquantaine d'entre eux mus par un esprit de désobéissance civile a dû forcer le barrage pour aller entendre un président qu'ils n'ont pas tous soutenu. Les divisions du mois de décembre s'estompent. Les militants UMP semblent se ranger, sans état d'âmes, derrière leur président mal élu mais très applaudi mardi soir. Sur l'estrade, les soutiens de François Fillon applaudissent avec la même ferveur que les partisans de la première heure de Jean-François Copé. Lequel se réjouit d'avoir traversé, avec son parti, beaucoup de tempêtes en 2012. La page de l'annus horibili de l'UMP ne se tournant pas seulement avec une bonne dose de méthode Coué, Jean-François Copé consacre la moitié de son intervention à se légitimer dans un remake de sa campagne interne.
"J'ai veillé à rassembler en faisant fi des épisodes passés (…) Ceux qui seraient par la division courront à leur perte ", rappelle en préambule le député-maire de Meaux. Annoncé battu dans les sondages par un François Fillon plus populaire chez les sympathisants, Jean-François Copé joue à fond la carte des militants : "Le sympathisant vous regarde faire et vous dit : "c'est sympa ce que tu fais, tient bon ". Tonnerre d'applaudissement dans la salle. "Je n'ai pas l'intention de changer de ligne. J'ai fait campagne sur la droite complexée. On m'a accusé de droitisation mais c'est un mot de gauche inventé pour nous interdire de dire ce que pense les français. Mais la majorité silencieuse en a marre de se faire dicter sa pensée. Je n'ai pas peur du politiquement correct ", harangue le leader de l'opposition.
2017 en vue
Les anciens arguments de sa campagne interne deviennent ceux de la primaire de 2016. Il dévoile son concept de République du courage : "tout sera évalué à l'échelle de l'individu. Je veux une République qui dise non à la burqa et aux caïds. Notre pays s'est éloigné de lui même, de son désir de vivre. Nous devons redevenir une nation ouverte capable d'intégrer par l'assimilation. La France doit encourager ses talents économiques, sortir de la rigidification du temps de travail et des règlementations tatillonnes qui nous paralysent. Nous devons combattre la pauvreté pas la prospérité. Pour 2017, nous devrons aussi avoir un grand projet pour l'école ". Sans se livrer à un droit d'inventaire des années Sarkozy qu'il refuse de mener, Jean-François Copé le dessine en creux quand il livre le bilan des premiers mois d'exercice du pouvoir de François Hollande. "L'échec de notre école est hallucinant quand on voit le taux d'illettrisme à l'entrée en 6e. Nous sommes devenus les champions du monde de la hausse d'impôts. La hausse de la délinquance est effrayante. Je pensais que Manuel Valls avait compris le problème mais le gouvernement doit tout faire pour l'en empêcher ".
Des primaires très floues à Lyon
Dans son calendrier en vue de 2017 et pour s'affirmer comme le leader de l'opposition, Jean-François Copé entend aussi nationaliser les municipales de 2014. Il en va pour lui de la première étape de la reconquête du pouvoir. "Nous ferons une campagne nationale. Il faut que les mécontents votent UMP. Nous enverrons ainsi un message au gouvernement. Nous devons gagner pour pouvoir agir sur le quotidien des français ", espère-t-il. Très prolixe sur les thématiques nationales plutôt consensuelles, Jean-François Copé s'est, en revanche, abstenu de s'exprimer sur les enjeux locaux en matière d'investiture.
"Pour désigner nos candidats, je ne veux pas de pugilat. L'objectif de ceux qui ne seront pas désignés ne doit pas être de faire perdre leur camp. Il ne faut pas reproduire les querelles internes. Dans les villes où nous n'avons pas de maires sortants nous pourrons organiser des primaires ou investir un candidat naturel. Nous verrons au cas par cas ", évoque-t-il sans dévoiler sa feuille de route pour Lyon. Les impétrants lyonnais sont donc repartis sans plus de visibilité sur leur avenir proche. Jean-François Copé n'a ainsi adressé aucune parole d'encouragement ou de soutien aux candidats déclarés ou pressentis pour les municipales à Lyon. Michel Havard, Emmanuel Hamelin, Nora Berra, Georges Fenech ou encore François-Noël Buffet étaient pourtant alignés derrière lui sur l'estrade. À Villeurbanne, Jean-François Copé n'avait pas la primaire décomplexée.