Corruption : "les maires sont à l'image de leurs administrés"

Affaires - Dans un entretien à Acteurs de l'Économie, Gérard Collomb estime qu'un maire ne peut pas "ériger de rempart" face à la corruption et au clientélisme.

Dans un entretien accordé à Acteurs de l'Économie, Gérard Collomb tient un discours sur la corruption qui ne manquera sans doute pas de faire débat. Interrogé sur les méthodes de Georges Frêche, le maire de Lyon répond qu'il ne faut pas "toujours faire porter la responsabilité des égarements sur les seuls maires. Ces derniers sont aussi à l’image de leurs administrés, ils épousent leurs singularités et ensemble établissent une correspondance." Et d'ajouter : "Cela vaut pour la corruption ; lorsque la population exerce une pression irréfléchie en faveur de pratiques clientélistes, le maire ne peut pas intégralement en faire fi." Le directeur de la rédaction du mensuel économique régional l'interroge alors logiquement : "Mais tout de même il a bien pour devoir éthique inviolable de constituer un rempart à ces dérives ?"

Alors que depuis son élection à la mairie de Lyon et à la présidence du Grand Lyon, des affaires de marchés "pipés" ou de favoritisme ont été plusieurs fois relevées, Gérard Collomb n'en démord pas : "Certes, mais face à un abîme, à un écart trop profond, on ne peut ériger de rempart. Jean-Noël Guérini est sous les feux des projecteurs – attendons d’ailleurs qu’il soit seulement mis en examen puis que justice se fasse avant de verser sur lui un opprobre à ce jour non fondé juridiquement –, mais Marseille... Une ville fantastique, des atouts prodigieux, un capital sympathie considérable... mais aussi une culture endogène du clientélisme à laquelle les élus locaux ne peuvent pas se soustraire totalement."

Gérard Collomb précise néanmoins en conclusion : "Lyon n’est pas Marseille ou Montpellier. Là-bas, le maire ne pourrait être mis en minorité dans sa fédération socialiste comme j’ai failli l’être dans le Rhône. A Lyon, aucun employé municipal n’est adhérent des sections du PS. (…) À terme, tout système clientéliste tue une ville".

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