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Crise dans la majorité plurielle sur le sort d'Étienne Tête

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Ce lundi après-midi, le conseil municipal de Lyon s'est réuni. Trois sujets marquants ont été abordés : le vote du compte administratif, le document qui retrace la gestion de la ville, la possible suppression de la délégation d'adjoint d'Étienne Tête qui donne lieu à des tensions entre Verts et socialistes et le devenir des Halles de la Martinière.

21 heures 20 : Hotel-Dieu : « un sujet secret défense »

L'Hôtel-Dieu est l'un des sujets préférés de l'opposition à Gérard Collomb. Ce lundi soir, c'est une délibération sur le diagnostic archéologique qui va mettre un peu de piment dans un conseil municipal qui traîne en longueur et dont les bancs se vident lentement mais sûrement. Denis Broliquier, maire du 2è arrondissement, évoque l'utopie du projet de musée qui maintiendrait la vocation médicale du bâtiment. L'élu Divers droite se plaint de n'avoir aucune information sur l'avancée du projet. « L'Hôtel-Dieu serait-il classé secret défense ? », ironise-t-il. Plus politique, il reproche à Gérard Collomb de construire une nouvelle fois un centre commercial pour mener à bien le projet. « L'exemple de Grôlée démontre combien il est aujourd'hui difficile de développer de nouveaux axes commerciaux ». Il conclut en évoquant la présence du mot concertation dans l'intitulé de la délibération : « le comité de pilotage a été une véritable pantomime et la population n'a jamais été consultée, seulement informée ».

Michel Havard (UMP) revient lui sur les promesses de campagne abandonnées par Gérard Collomb. Il lui reproche d'avoir choisi le privé pour ne pas mettre de l'argent public dans le dossier mais que cet engagement ne devrait pas être tenus. Il précise aussi que pour lui évoquer une concertation sur ce dossier, « c'est prendre les Lyonnais et les milliers de signataires de la pétition pour des gogos ». Des interventions sans rapport avec la délibération. La majorité a donc répondu sur un autre thème. Georges Képénékian et Gérard Collomb ont répondu sur le manque d'argent de l'État pour les hôpitaux lyonnais.

20 heures 10 : feu vert pour le stade provisoire du LOU

Moyennant un bail emphytéotique, le LOU pourra bénéficier d'un terrain dans le 8è arrondissement pour construire son stade provisoire. L'une des conditions de ce bail est bien entendu de partir dès que Gerland aura été "abandonné" par les footballeurs de l'OL. Nora Berra, future candidate aux législatives sur la circonscription du LOU, prend la parole au nom du groupe UMP. "La mise à disposition du terrain satisfait la direction et les actionnaires du LOU. Mais j'ai une vraie interrogation sur les jeunes joueurs qui ont l'habitude de s'entraîner sur ce terrain. Où vont-ils s'entraîner ? La solution vous a été proposée : qu'ils s'entraînent à Vuillermet et sur le terrain où s'entraîne le Foot Lyon".

La ministre lyonnaise profite de son temps de parole pour évoquer la rumeur de départ de la Maison de la Danse vers la Confluence. "Si c'était vrai, allez-vous mener une concertation ou allez-vous concertez vous même ? La Confluence est votre couronne. Ce quartier est trop doté, asphyxié par manque d'anticipation et d'incohérence dans votre politique d'urbaniste. Les habitants du 8è ne sont pas les plus riches mais méritent autant d'intérêt", glisse-t-elle. "Nous, on est à Vuillermet (le stade du LOU, ndlr) depuis 2001 puisque vous voulez être polémique. Si le LOU avait été seul, il ne serait pas en TOP 14. Ce succès est un peu le notre", lui répond Thierry Braillard, adjoint aux sports.

19 heures 26 : Étienne Tête n'est plus adjoint

Pierre Hémon, de retour de la suspension de séance, tient à expliquer sa position. "Un maire peut être en désaccord et remettre en question leurs délégations. À notre sens, c'est possible si c'est clairement motivé, discuté et concerté. Cela n'avait pas été le cas. Il s'agit de conclure une affaire qui date de 17 mois. Tout le monde a peut-être analysé que c'était un prétexte pour sanctionner notre groupe. Vous m'aviez répondu qu'il ne s'agissait pas d'une sanction politique et que la délégation serait réattribuée et que je n'avais qu'à vous donner le nom de l'adjoint. Nous avons eu la nette impression d'un retour à la case sanction du groupe".

Pierre Hémon pense aussi que cette décision est motivée par les résultats des Verts qui progressent et ravissent des cantons au PS. Il dresse un parallèle avec Thierry Philip qui a doublé le nombre de ses adjoints écologistes depuis à la mairie du 3e. "Nous avons eu l'impression que le remplacement de Guylaine était mis dans la balance. C'était pénible". Il termine en expliquant les tiraillements dans son groupe : "Le vote de notre groupe comme souvent sera partagé, des points de désaccords entre nous". La preuve : Gilles Buna, adjoint Les Verts, prend la parole pour justifier son vote en défaveur d'Étienne Tête : "je fais partie d'une majorité, beaucoup ont exprimé ponctuellement des désaccords, une conception de la majorité qui n'est pas celle de mes camarades mais je considère qu'à un moment quand les désaccords s'accumulent il y a une logique de démission ou de renonciation. Je voulais dire à Étienne Tête que j'apprécie ses qualités et qu'il saura les faire valoir sur des combats qui lui sont chers et respectables".

Gérard Collomb passe la dernière couche en citant les propos qui ont valu à Étienne Tête de se voir retirer sa délégation d'adjoint. "Notre collègue dit : "le maire de Lyon parle de 600 000 euros mais ceci est un gros mensonge. Il se compromet" par rapport à ceux qui financent. Ce sont des accusations qui touchent à l'honneur". Dans une belle pagaille, le vote se déroule tout de même. Étienne Tête n'est plus adjoint de la Ville de Lyon.

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© Florent Aceto

18 heures 40 : crise entre les Verts et les socialistes ?

Le conseil municipal de Lyon se penche désormais sur le cas d'Étienne Tête. Aujourd'hui, il est adjoint mais sans délégation depuis le 24 décembre 2009. Gérard Collomb lui avait retiré sa délégation suite à des propos tenus sur la gouvernance de la Ville de Lyon et le Grand Stade. Gérard Collomb propose un vote à main levée. Pierre Hémon demande un vote à bulletin secret au motif que « ce qui est fait par un vote doit être défait par le même vote ». Il propose une suspension de séance. « Pour aider votre groupe ? », lui demande Gérard Collomb. « Oui », admet Pierre Hémon.

Pendant la suspension de séance, des socialistes dissertent de l'avenir politique de DSK. Tenus informés de l'audience, certains accusent le coup, ne comprenant toujours pas ce qu'il vient de se passer à New-York depuis 48 heures. Plus loin, les écologistes se tiennent au milieu de l'atrium de l'Hôtel de Ville. Ils discutent pour essayer d'arriver à une position commune. Pierre Hémon semble agacé.

La séance reprend.

Denis Broliquier annonce que son groupe s'abstiendra et que ces affaires ne concernent qu'une majorité en crise. Le centriste Christophe Geourjon précise qu'il votera contre le retrait de la délégation d'Étienne Tête. Patrick Huguet annonce que le groupe UMP s'abstiendra mais dénonce l'attitude monarchiste de Gérard Collomb.

Pierre Hémon campe sur sa position et invoque le droit au vote à bulletin secret.

Jean-Yves Sécheresse, président du groupe socialiste, charge Étienne Tête. "Ce soir, il ne s'agit pas de sanction. La cause d'Étienne Tête ne se résume qu'à lui même. Nous ne voulons pas garder un adjoint qui a cessé d'être solidaire depuis longtemps, un adjoint qui réserve ses meilleurs coups pour son camp. Nous sommes lassés. Le groupe PS votera contre le maintien de notre collègue en espérant que la raison l'emportera et que l'on retrouvera la loyauté". Gérard Collomb embraie. "Il n'y a pas de drame à appartenir à une majorité ou à une opposition. Chacun est libre de ses choix. Je conçois que nous ne soyons pas tous d'accord mais quand la liste des points de divergence finit par former une ligne continue, il y a des difficultés. Quand dans un certain nombre de dossiers concernant la Ville de Lyon au plus haut point comme Confluence, je le retrouve contre moi, contre notre majorité. Lorsque dans une autre assemblée, notre collègue appelle à voter contre une subvention de l'opéra, cela finirait par créer des problèmes à la Ville".

Il ajoute que le vote sera à bulletin secret si un tiers de l'assemblée le demande.Le vote se fait donc à main levée pour savoir comment se fera le prochain vote. Le verdict est sans appel. Le tiers n'est pas trouvé. Pierre Hémon, le ton solennel, demande et obtient une nouvelle suspension de séance.

18 heures 11: "C'est n'importe quoi venant de la part d'un parlementaire qui ambitionne de devenir président de la République"

Richard Brumm reproche à l'opposition de sortir les chiffres de leur contexte. "Nous avons la ferme intention de réaliser les 650 millions d'investissement mais nous favoriserons l'auto-épargne même si nous emprunterons. Nous n'augmenterons plus les impôts", poursuit l'adjoint aux finances. "J'aimerais que vous constatiez qu'il y a un certain équilibre dans la gestion", finit par demander Richard Brumm à Michel Havard.

"Nous avons essayé d'avoir des recettes plus importantes que nos dépenses. C'est la règle de base si on ne veut pas finir surendetté. Les recettes n'ont pas augmenté sur les impôts ou les dotations de l'État. Sur Lyon, nous avons un modèle vertueux, c'est le développement de notre agglomération qui nous permet d'avoir des recettes supplémentaires. Nous sommes champion de France si ce n'est du monde sur la taxe foncière et d'habitation car la population augmente et nous avons plus de recettes", détaille le maire de Lyon.

Le discours de Gérard Collomb se fait ensuite plus politique. Il sort une diapositive comparant l'évolution de la dette de l'État et de la ville de Lyon. "L'État a doublé la dette", glisse-t-il. Dans les rangs de l'UMP, on s'insurge. "C'est n'importe quoi venant de la part d'un parlementaire qui ambitionne de devenir président de la République. Ce n'est pas le propos ni le lieu", s'emporte Nora Berra, conseillère municipale et secrétaire d'État en charge de la Santé. "C'est ridicule, il ne s'agit pas des mêmes compétences", ajoute Michel Havard. "Si vous trouvez l'endettement de l'État extraordinaire, vous devriez être debout pour applaudir celui de Lyon. On va continuer comme on le fait. Lers lyonnais vont continuer à voir leur ville change et qu'ils vivent mieux. J'attends les élections sereinement. Et je conseille à l'opposition : si aucune réalisation d'investissement n'est faite, je me tairai, ne dirai rien comme pas investi je vais pouvoir les tacler très fort".

Le compte administratif est adopté à la majorité.

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© Florent Aceto

17 heures 05 : Broliquier à Collomb : "le bâtisseur manque-t-il de souffle ?"

Le conseil municipal se penche désormais sur le compte administratif. Ce document recense l'ensemble des dépenses et des recettes de la ville pour l'année 2010. Il s'agit d'un indicateur permettant de juger de la santé financière de la municipalité Collomb. Les dépenses réelles sont de 502 millions d'euros. Les recettes elles sont de 594,3 millions d'euros. Les impôts locaux rapport 339,8 millions d'euros à la Ville de Lyon. « Les dotations de l'État régresse de 1,3%, regrette Richard Brumm, adjoint aux finances. La ville subit 1,5 millions de retrait ce sont les effets directs de la loi de finances qui se révèlent pénalisants pour la ville et qui le seront encore plus en 2011 ».

L'opposition prend maintenant la parole. Christophe Geourjon, président du groupe Lyon Centristes et Démocrates, ouvre le bal et pointe la faiblesse du niveau des dépenses d'investissement et d'équipements. « Le niveau d'investissement est encore très faible dépassant à peine les 80 millions d'euros pour un plan de mandat qui dépasse en théorie les 600 millions. Les retards s'accumulent et les investissements annuels de la ville sont à peine à la moitié du niveau atteint par les villes de la même strate statistique. Dans le budget prévisionnel 2020, vous aviez prévu 110 millions d'investissement, dans la réalité vous n'êtes qu'à un peu plus de 80 millions d'euros ». L'élu centriste prévoit que pour rattraper le retard pris sur les investissements, il faudra investir 150 millions d'euros en 2012 et 2013 et prévoit un risque accru de retard.

Denis Broliquier prend le relais en ironisant sur un Gérard Collomb qui se veut bâtisseur mais qui manque de souffle. « Les projets annoncés sont repoussés et, dans le même temps, le patrimoine immobilier de la ville est mal voire plus entretenu du tout. C'est surprenant quand on sait que la plupart des villes, en 2010, réalisent leurs investissements à hauteur de 75-80%. La hausse des impôts que vous avez infligé aux Lyonnais a pourtant donné des marges de manœuvre substantielles. Vous prélevez l'impôt mais vous ne vous organisez pas pour réaliser ce qui a été prévu ! La cigale se ferait-elle fourmi ? (…) Vous privilégiez une approche électoralistes en plaçant les gros investissements pour la fin de mandat. Ainsi à la veille des élections, les inaugurations se multiplieront, photos et satisfecit à l'appui. C'est votre choix et il faut que les lyonnais le sachent ». Denis Broliquier s'inquiète aussi de voir un autre patrimoine immobilier lyonnais vendu. « Avez-vous encore besoin de vendre les bijoux de famille pour financer votre plan de mandat ? », s'enquiert-il.

Michel Havard, président du groupe UMP, fait entendre la troisième voix de l'opposition. Alors que Richard Brumm se félicitait d'une maîtrise des dépenses de fonctionnement, Michel Havard y voit un tour de passe-passe pour rester sous la limite symbolique des 60% sur le ratio dépenses de personnel/dépenses de fonctionnement. Il cite en exemple l'externalisation du CCAS. Il pointe aussi une augmentation de 6,7% du poste « fêtes et cérémonies » et de 13,1% pour la fonction « information, communication, publicité ».

Comme Christophe Geourjon et Denis Broliquier avant lui, le leader local de l'UMP s'interroge aussi sur l'investissement et le taux de réalisation de 76,18M. « Pourtant vous nous répétez depuis deux ans que ce taux devrait progresser, les phases d'études de début de mandat étant passées », demande-t-il avant d'apporter sa réponse personnelle : « L'explication est liée à une action désordonnée sans pilotage et que du coup, les réalisations ne se font pas ou prennent du temps ». Et Michel Havard de conclure : « vous aviez beaucoup promis. Vous avez menti aux Lyonnais. On peut se vanter de compte administratif mais dans les faits, la réalisation pèche ».

Les différents groupes de la majorité prennent la parole pour féliciter l'action de la municipalité. Pierre Hémon, le président du groupe Europe-Écologie/Les Verts, s'interroge toutefois sur deux points : « un snowball, prêt toxique, qui traîne » et il s'inquiète de ne toujours rien voir de concret sur les paradis fiscaux. "Tous les clignotants sont verts pour réaliser le plan de mandat", explique Hubert Julien-Laférière pour le groupe socialiste et précise que la ville pourra même aller plus loin que prévu dans l'investissement. Comme Thierry Braillard (PRG) avant lui, il compare Lyon avec Marseille, ville dirigée par l'UMP, où les impôts ne cessent d'augmenter.

Plus de stationnement payant à la Confluence

16 heures 45 : les questions d'arrondissement sont consacrées au 2è arrondissement du maire Lyon Divers Droite Denis Broliquier. Il s'interroge notamment sur l'extension du stationnement payant à la Confluence. En effet, 620 places payantes supplémentaires vont être créées. "Il n'y a pas suffisament de personnel pour effectuer les contrôles. Je veux connaître quels sont les moyens mis en place pour garantir les conditions de stationnement sur ce quartier nouveau", s'est interrogé Denis Broliquier. Réponse de Jean-Louis Touraine, premier adjoint (PS) : "en 2009, vous aviez évoqué la nécessité de mettre le stationnement payant en place. 1700 places sont déjà payantes, nous en rajoutons 620 qui vont répondre à votre demande". Concernant la politique de contrôle, Jean-Louis Touraine explique que la Ville de Lyon se veut mesurée : "nous sommes dans un juste milieu, trop de verbalisation serait mal perçue, moins de contrôle rendrait notre politique inefficace. Vous souhaiteriez une verbalisation plus agressive mais nous restons dans cette mesure incomplète mais qui est un contrôle opportun et qui évite les voitures ventouses. Pour le reste, si des véhicules restent un quart d'heure de plus pas très grave". Gérard Collomb propose ironiquement à Denis Broliquier d'aller dans le sens de plus de contrôles à condition que "la police municipale dès qu'elle verbalise dans le 2ème disent que c'est à la demande expresse du maire de l'arrondissement".

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