Voués à s’allier à Jean-Jack Queyranne au 2nd tour, ces candidats de la gauche alternative entendent mettre la pression sur le Président sortant. Pour qu’il résiste aux actions du gouvernement. Pour qu’il mène une politique sociale forte. Pour qu’il ne s’allie pas avec le MoDem.
Ça commence par un bon mot. "Mettre une bonne gauche à la droite", scande martiale Elisa Martin. La tête de liste du Front de gauche ne veut pas se tromper d’adversaire. Dans sa distribution de baffes, c’est l’UMP qui sera choyée. Car derrière la liste de droite se trouve Nicolas Sarkozy, coupable selon elle de "précariser la fonction publique" et de s'apprêter à "démanteler notre système de retraite".
La Région comme un pôle de résistance à Sarkozy
Cette gauche alternative comprenant le PCF veut clairement positionner la Région comme "un pôle de résistance" face au gouvernement. Dans cette optique, le Front de Gauche attaque l'association des régions de France, composée d'une très nette majorité de gauche et atteinte de mollesse : "c'est un club de barrons qui se disputent l'EPR, les pôles de compétitivité ou même la visite de Balladur". Ils regrettent que les régions socialistes ne se soient pas par exemple davantage battus contre la suppression progressive des BEP et le passage du Bac Pro en trois ans. Pas de doute : taper sur Sarkozy et Queyranne, le Front de gauche sait faire.
Un laboratoire pour une gestion à gauche
"Les Régions peuvent préfigurer par leurs actions une politique alternative qui pourrait être mis en œuvre au niveau national", souhaite Marie-France Vieux Marcaud, vice-présidente sortante (PCF). Voilà un 2e axe de campagne. Une priorité se dessine : le logement. Le Front de Gauche veut mener des actions en faveur des étudiants, des jeunes travailleurs et des personnes frappées par la crise qui peinent à avoir un habitat décent. "La Région ne devrait plus soutenir des communes ou des communautés de communes qui ne font pas de logements publics", suggère la tête de liste.
Cette gauche alternative est aussi attentive à soutenir la SNCF, alors qu’une "close de revoyure" fin 2010 pourrait permettre de faire entrer un concurrent privé. "Nous défendrons l'opérateur public", assurent les candidats de gauche. "Le PS et Europe Ecologie ne s'y sont pas engagés clairement", note piquante Elisa Martin.
On peine cependant à croire qu’un programme est là, avec des actions innovantes à conduire. Sortis des slogans et des incantations, que propose le Front de Gauche ? Tout juste avancent-ils un plan d'isolation des logements sociaux et collectif, mesure à la fois écologique et sociale. On sent ce mouvement surtout contestataire mal à l'aise sur son positionnement à l'égard de l'économie de marché. "Nous voulons soutenir l'économie privée en fonction de l'utilité sociale de la production, de leur impact environnemental et de la reconnaissance de la place des salariés dans l'entreprise (part des CDD, nombre d'intérimaire, égalité hommes/femmes)", précise Elisa Martin.
« La porte sur les doigts »
Si le Front de Gauche affiche toujours comme objectif de franchir les 10% de voix, cette ambition est contrariée par la décision prise par le NPA de partir seuls. "Notre différence avec eux, c'est le sens de l'unité, attaque Elisa Martin, avec amertume. Nous avons mené avec eux des discussions qui sont allées très loin. Nous étions d'accord sur tout, y compris sur la façon d'appréhender le 2e tour. Ils nous ont pourtant refermé la porte sur les doigts". Qu'elle se console : il parait que des sections du NPA, mécontentes de la ligne nationale adoptée par leur parti, vont faire campagne pour eux.
Résolu à ne pas pouvoir passer le 1er tour, le Front de Gauche ne laisse pas planer le doute : il soutiendra Jean-Jack Queyranne au 2e tour. Mais une alliance sera conditionnée. "Ce rassemblement se fera à l'exclusion du MoDem, parti libéral. D'ailleurs Begag a annonçait qu'il soutenait Villepin", assène Elisa Martin. Autre condition : la place offerte au maire radical (de droite) du Grand-Bornant, Gérard Perrissin-Fabert. "Ça fera évidemment partie des négociations de 2nd tour", insiste la tête de liste. En cause : son étiquette politique de droite et sa carrière professionnelle. "Il est le 4e haut cadre français de Suez Environnement, spécialiste de l'eau privée", accuse la tête de liste de Haute-Savoie.
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