La tension est vive depuis le début de l'été entre de nombreux maires de l'agglomération lyonnaise et la Métropole de Lyon. La pression ne retombe pas. Nous avons interrogé plusieurs maires concernés. Ils nous donnent leur version du pourquoi de la fronde.
Le torchon brûle depuis le début de l'été entre de nombreux maires de l'agglomération lyonnaise et la Métropole de Lyon. Notamment après la découverte des projets locaux retenus par la Métropole de Lyon dans leurs communes pour le Plan pluriannuel d'investissement. Ce document recense les projets d’investissements de la Métropole jusqu’en 2026. Mécontents des financements alloués à leurs communes, de nombreux maires des 59 communes de la Métropole se sentent méprisés par la collectivité, dirigée depuis juillet 2020 par les écologistes. Ils menacent même de faire sécession, de quitter la mastodonte Métropole de Lyon aux multiples compétences.
La fronde des maires marque un acte fondateur dans la toute jeune histoire politique de la Métropole. 46 maires (sur 59 donc), de centre droit et LR principalement, ont signé une tribune début septembre 2021 pour dénoncer "le mépris" et la "gouvernance aveugle et verticale contre les communes et sans les citoyens" de Bruno Bernard, président EÉLV de la Métropole, et de sa majorité gauche plurielle. Indépendamment des postures politiciennes qui enflamment ce dossier, la Métropole est entrée dans une nouvelle ère en juillet 2020 avec l’élection de Bruno Bernard et des conseillers métropolitains au suffrage universel direct. Pour la première fois, la loi de 2015 qui a créée la collectivité est vraiment appliquée.
"On nous a jamais mis de côté comme on est mis de côté sur ce mandat"
Corinne Cardona, la maire de Poleymieux-au-Mont-d'Or
Jeudi, à l'occasion du congrès de l'association des maires du Rhône, à la Tour-de-Salvagny, Lyon Capitale a rencontré de nombreux maires de la Métropole de Lyon. Ils nous expliquent le pourquoi de cette fronde. Sur la forme comme sur le fond. Tous jurent - on peut les croire ou non - ne pas être dans une posture politicienne. Mais veulent juste défendre leur commune, leur territoire, leurs administrés...
Sur la forme, déjà. "On nous a jamais mis de côté comme on est mis de côté sur ce mandat", souffle Corinne Cardona, la maire de Poleymieux-au-Mont-d'Or, la maire de la plus petite commune de la Métropole de Lyon (1350 habitants dont 300 militaires de la base du Mont-Verdun). "On a jamais vécu ça auparavant car il y avait une grande écoute des exécutifs précédents. Sous Collomb. Sous Kimelfeld. On écoute les maires, on va les voir. On leur pose des questions. Et si tout le monde est d'accord, on fait. Maintenant, on fait, et c'est tout", insiste Madame Cardona.
"J'ai le sentiment d'être méprisée. Ce n'est même pas, pas écoutée, c'est méprisée"
Marie-Hélène Mathieu, la maire divers droite de Saint-Didier-au-Mont-d'Or, abonde dans ce sens. "J'ai le sentiment d'être même méprisée. Ce n'est même pas, pas écoutée, c'est méprisée. C'est mon premier mandat de maire. Nouvellement élue, j'ai demandé à rencontrer Bruno Bernard. J'ai attendu 10 mois pour le rencontrer. Il a fallu que je fasse trois relances. Et c'est moi qui suis allée le voir. Saint-Didier-au-Mont-d'Or, il ne connaît pas".
"Je n'ai pas d'étiquette politique. Je suis divers droite, c'est vrai, mais je ne suis pas LR, je ne suis pas encartée. Je n'ai pas de problème avec qui ce soit. L'écologie, sur un territoire comme Saint-Didier où on a 45% du territoire en zone agricole et naturelle, pour protéger et valoriser notre territoire on n'a pas attendu que les écologistes arrivent à la tête de la Métropole", poursuit Madame Mathieu.
"On nous méprise, on n'écoute même pas quels sont nos besoins. On se sent délaissés. Eux ont été élus sur un programme, nous aussi. Très bien. On a signé un pacte de cohérence métropolitain en début de mandat. Quand on signe un contrat, c'est pour qu'il y ait quelque chose de gagnant-gagnant. C'est 50-50. Ça ne peut pas être 100 d'un côté et 0 de l'autre. Ce n'est pas possible".
"On n'a plus trop confiance"
La confiance semble rompue entre la Métropole et certains maires. "On demande à être entendus, écoutés, qu'on puisse donner notre avis quand ils veulent faire des projets sur nos communes. Une fois que la confiance sera renouée, car là on n'a plus trop confiance, on pourra retravailler ensemble", peste Corinne Cardona, la maire de Poleymieux-au-Mont-d'Or.
Il y a la forme, mais il y a aussi le fond. "On a à faire à un nouvel exécutif qui est là pour appliquer sa politique, politique pour laquelle il a été élu, il n'y a pas de problème. Malheureusement, cette politique, elle s'applique très bien à Lyon, à Villeurbanne, pas sur Poleymieux et d'autres communes. Juste par exemple, quand on nous parle de mettre des pistes cyclables à gauche, à droite, dans nos petits villages, c'est impossible. Après, on ne roule plus. L’exécutif veut mettre en place sur toute la Métropole la même politique qu'à Lyon et à Villeurbanne. Et ça c'est impensable", poursuit la maire de Poleymieux, sans étiquette.
"On a vraiment essayé de prendre en compte les orientation des écologistes. Derrière, dans la PPI, on a une fin de non-recevoir"
À Saint-Genis-Laval, comme dans de nombreuses communes, le PPI a été jugée décevant."Si je prends l'exemple de ma ville, la Métropole ne me donne que pour le futur quartier du Vallon des Hôpitaux. C'est très bien, mais ce n'est pas mes habitants, ce sont de futurs habitants. On avait travaillé notre demande de PPI dans le cadre des orientations métropolitaines : apaisement des circulations, développement des voies douces, requalification du centre-ville. On a vraiment essayé de prendre en compte leurs orientations (des écologistes, ndlr). Derrière, on a une fin de non-recevoir", regrette Marylène Millet.
Devant cette incompréhension, pour de nombreux maires, ces derniers saluent le soutien de Gérard Larcher, le président du Sénat. À Lyon jeudi, présent au congrès des maires du Rhône, Gérard Larcher a annoncé le lancement d'une mission d'information au Sénat sur la Métropole de Lyon. "Ça fait 6 ans que le texte est mis en œuvre. Ça nécessite une évaluation. C'est ce qui a été engagé et décidé au mois de juillet lors de l'examen du texte sur la décentralisation. La commission des lois a décidé d'engager ce travail d'évaluation d'ici la fin de l'année (2021) pour savoir si on fait bouger ou pas la loi MAPTAM (modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, ndlr)", explique Larcher.
"Gérard Larcher, le président du Sénat, a entendu le message. La Métropole de Lyon ne marche pas"
"C'est la loi MAPTAM qui est un véritable souci pour toutes les communes. 24 maires seulement siègent à la Métropole. Les autres ne sont pas représentés. On se bouge beaucoup pour qu'au Sénat et à l'Assemblée nationale ils nous entendent pour arriver à modifier cette loi. Au moins qu'on ait un représentant de chaque commune à la Métropole", souffle Corinne Cardona, la maire de Poleymieux-au-Mont-d'Or.
Je remercie le Président @brunobernard_fr d'avoir oublié de me prévenir de sa visite sur @st_genis_laval . Sûrement une nouvelle marque de la considération de l'exécutif @grandlyon à l'égard des maires ! @DavidKimelfeld @UDI_Lyon @ProgressistesGL @SynergiesMetro @PhilippeCochet https://t.co/WWV6UIvOIV
— Marylène Millet (@marymillet69) October 15, 2021
"Personne n'a copié ce modèle. Aucune autre collectivité. C'est unique en France. À un moment donné, si on était si bien, tout le monde aurait envie de nous imiter. Je me disais que ça pourrait être intéressant pourtant ce modèle. Il faut peut-être garder ce mode de fonctionnement mais en redonnant des compétences supplémentaires aux maires de la Métropole", insiste Marylène Millet, la maire de Saint-Genis-Laval.
Président du principal groupe d'opposition à la Métropole de Lyon, Philippe Cochet, le maire LR de Caluire-et-Cuire, explique : "Gérard Larcher a entendu le message. Le message des 47 maires. Il a dit, il y a des Métropoles qui marchent, des Métropoles qui ne marchent pas. Le message des 47 maires, c'est que la Métropole de Lyon ne marche pas. À partir de là, ça ouvre le champ des possibles au niveau d'une nouvelle loi qui permettra de changer la loi actuelle. En tant qu'ancien député, j'avais voté contre cette loi MAPTAM qui n'était pas du tout adaptée à la Métropole de Lyon. Il ne faut pas oublier que le Sénat, c'est l'illustration de ce que représente l'organisation territoriale". Le maire de Caluire poursuit : "Le président du Sénat a été très clair dans son propos. Il n'y avait qu'à regarder la tête des vice-présidents de la Métropole présents. Si le président de la Métropole ne l'a pas compris, eux ils l'ont compris"
Lors de l assemblée générale le l @l_amf 69, le Président @gerard_larcher a entendu le message des 47 Maires du @grandlyon que j ai exprimé. Une mission sénatoriale va être lancée. Le #changement est en route. pic.twitter.com/17OkpTalAg
— Philippe Cochet (@PhilippeCochet) October 14, 2021
"Je ne comprends pas le mutisme du président de la Métropole de Lyon"
Pour calmer la fronde, Bruno Bernard a chargé Hélène Geoffroy, la maire PS de Vaulx-en-Velin, également vice-présidente de la Métropole de Lyon à l'égalité des territoires, de jouer aux pompiers de service. La maire de Vaulx est appréciée par de nombreux maires de droite. "Certains maires ne se sentent pas écoutés. Je suis maire moi aussi, je comprends leurs inquiétudes. C'est notre rôle de travailler en bonne intelligence tous ensemble, en étroite collaboration. J'y veillerai", souffle Hélène Geoffroy.
"Hélène Geoffroy, je l'aime bien, il n'y a pas de problème mais je lui ai dit "Hélène, ce n'est pas toi que je veux voir, c'est le président de la Métropole". Chaque maire signataire doit voir le président de la Métropole", insiste Philippe Cochet, le maire de Caluire. "Quand il y a le feu dans une commune, le premier concerné c'est le maire. Là, il y a le feu à la Métropole, c'est au président de la Métropole de venir nous rencontrer. Nous ne lâcherons pas. Les 47 maires qui se sont mobilisés, les plus de 500 conseillers municipaux qui se sont mobilisés, on ne lâchera pas. On parle de 3/4 des maires de la Métropole. Je ne comprends pas le mutisme du président de la Métropole. C'est incompréhensible. On lui a adressé une demande plus de 40 maires d'ouvrir une conférence métropolitaine des maires il y a plus de 10 jours. Aucune nouvelle. C'est inacceptable. C'est un mépris... Une nouvelle fois. Ça ne pourra pas durer", peste Cochet.
"Il y a l'amour, les déclarations d'amour et les preuves d'amour. Moi, pour l'instant, des preuves j'en ai pas eues"
Marylène Millet, la maire de Saint-Genis-Laval
Marie-Hélène Mathieu, la maire de Saint-Didier, poursuit : "Je pense qu'ils ont pris peur car 47 maires sur 59, c'est beaucoup. Du coup, en conférence territoriale des maires cette semaine, Hélène Geoffroy a été envoyée comme pompier pour éteindre le feu. Mais c'est lui (Bruno Bernard) qu'on veut entendre. Il a pris la parole (au congrès des maires), il n'a rien dit sur cette situation. Il n'a pas donné un signe d'encouragement. On est maire, on a besoin que le président de la Métropole s'adresse à nous", ajoute Marie-Hélène Mathieu.
Les maires espèrent-t-il un changement de ligne de Bruno Bernard ? "Je suis de nature optimiste mais j'attends de voir. Il y a l'amour, les déclarations d'amour et les preuves d'amour. Moi, pour l'instant, des preuves j'en ai pas eues", explique Marylène Millet, la maire de Saint-Genis.
Bruno Bernard nous répond
"J'ai montré des signes d'ouverture. Tous ceux qui souhaitent travailler avec la Métropole, on va le faire, et on va le faire bien"
Le président de la Métropole s'avoue surpris d'une aussi cinglante tribune, signée par trois quarts des maires des 59 communes de la collectivité qu'il dirige. "C'est toujours surprenant de voir une tribune assez violente dans des termes qui ne correspond pas du tout à ce que pensent un certain nombre de signataires pour les avoir rencontrés plusieurs fois. J'ai montré des signes d'ouverture. Tous ceux qui souhaitent travailler avec la Métropole, on va le faire, et on va le faire bien".
Bernard veut envoyer ses signes d'apaisement. Sans changer de cap. "La ligne politique de la Métropole a été désignée par les électeurs qui nous ont élu. Après, il y a des tas de choses qu'on peut faire avec les maires, travailler avec eux, mieux travailler, mais naturellement ce n'est pas l'opposition à la Métropole qui décide du PPI, c'est bien le conseil métropolitain et donc la majorité qui vote", martèle-t-il.
Conseil (si je peux me permettre) à l'exécutif de la métropole et aux maires "rebelles-conservateurs".
Vous voulez défendre la démocratie ?
Alors retransmettez vos réunions en tête à tête pour que chaque citoyen se fasse une réelle idée de ce que vous "échangez" dans vos réunions. 🙂
Mais la transparence réelle de la politique, en voulez-vous ?
😉
Quand la discussion est impossible reste la séparation, ensuite, l'entente avec ceux désirant quitter la Métropole, 46 maires sur 59 !! pour créer un groupe tout aussi capable que les Khmers de gérer ceci risque de faire un bel impact, un bel ultimatum avant sa mise à exécution.les anglais l'ont réaliser avec l’Europe , on en serait pas capable à échelle réduite .??
Une belle bêtise...
Et suivant la même logique, si on n'est pas d'accord avec la politique de Macron, on fait également ces secession ? Vite créons tous une république indépendante dans nos quartiers....
Ou alors on accepte le jeu de la démocratie. Ils sont minoritaires ces maires, ils peuvent soit démissionner, soit faire et militer pour que le camp gagne la prochaine échéance....
Le maire de Saint-Didier en Mont d'or qui se sent méprisé, comment dire... Ne pas reproduire à la maison, ce numéro est réalisé par un professionnel !
Le Maire de Caluire et Cuire : "Je ne comprends pas le mutisme du président de la Métropole de Lyon". C'est exactement ce que m'a dit un cycliste caluirard à propos de :
Philippe Cochet,
maire de la plus dangereuse commune de la métropole pour les cyclistes.
Salut ma poule,tu viens le matin et le soir et tu empêches les poids lourds de circuler dans tous les sens. Et ensuite tu vas avenue Sangnier essayer de croiser un camion sans que ton retro y passe. Ensuite tu pourras parler des deux trois vélos qui roulent en hiver .
En effet Grégory Doucet est le maire le plus dangereux pour les électeurs/trices de Lyon !
Le danger vient d'être écrasé par des camions, des voitures, des cars.
De subir leur pollution chimique et sonore qui détruit la santé.
Le mépris est la conséquence de la haute idée que se font d'elles-mêmes les novelles équipes écologistes
(si je peux me permettre)
Il n'y a pas que les maires...Se retrouver sur la RN7 avec une seule voie provoque des bien en amont du "bouchon" de Chapagneet 15 mn pour sortir de chemin de Saint André à 8H30....
Une affaire très politique.... C'est difficile pour certains d'être dans la minorité politique. Les pauvres, ce n'est pas facile de comprendre les règles de la démocratie
"les règles de la démocratie" comme les Jacobins de la terreur en 1793