Après le premier débat à onze candidats du premier tour de la présidentielle, les élus locaux lyonnais ont évidemment tous estimé que leur candidat l’avait emporté. Pourtant, selon eux, deux gagnants semblent émerger : Jean-Luc Mélenchon, pour son habileté dans ce type d’exercice, et Philippe Poutou pour son morceau de bravoure face à François Fillon et Marine Le Pen.
Chez les élus comme chez les téléspectateurs, le premier débat invitant tous les candidats à un premier tour de présidentielle de l'histoire a laissé les mêmes impressions. C'était long, utile et à la fin c'est Mélenchon qui s'en sort le mieux. Le constat est partagé par tous les représentants des candidats que nous avons contactés au lendemain de ce débat historique.
"On savait que Jean-Luc Mélenchon était bon. Il l'était déjà quand il était au PS", sourit Jules Joassard, porte-parole local de Benoît Hamon (PS). Andréa Kotarac, petite main de la campagne de la France Insoumise, savoure sa victoire : "Il a eu un ton de présidentiable. Selon les enquêtes, comme au premier débat, il reste le plus convaincant. Ça reste des enquêtes, mais ça confirme ce que l'on pensait."
Mélenchon salué même chez Les Républicains
La prestation de Jean-Luc Mélenchon dépasse aussi les clivages gauche/droite. "Il a un talent oratoire extraordinaire. Avec François Fillon, il est celui qui s'en est le mieux sorti. Marine Le Pen a été en difficulté et Emmanuel Macron est toujours aussi creux. Il a quand même dit qu'il voulait que les ministres aient une vraie responsabilité devant le Parlement. Je ne savais pas qu'elle était fausse aujourd'hui", s'amuse Alexandre Vincendet, le maire LR de Rillieux-la-Pape, candidat aux législatives.
Sans surprise, chaque soutien souligne la prestation globalement réussie de son candidat. Mais parfois avec une pointe de regret. "Benoît Hamon a été plus combatif. C'est plus en adéquation avec sa personnalité. Même s'il est encore trop poli", estime Jules Joassard. De la prestation du candidat socialiste, il veut retenir "sa mise au point sur les services publics, qui a résumé le clivage gauche/droite". Alexandre Vincendet se félicite pour sa part que François Fillon ait été moins poli : "Jean-Luc Mélenchon est bon, car il a un côté franchouillard et un peu mal élevé. Hier [mardi soir], François Fillon a commencé à rentrer là-dedans. Il a un peu plus fendu l'armure et il doit continuer. Il a été plus offensif. Il a montré qu'il avait du caractère tout en faisant la preuve de sa stature d'homme d'État."
Même constat pour Anne Brugnera, l'adjointe à l'éducation du maire de Lyon, qui soutient Emmanuel Macron et se présente aux législatives : "Emmanuel Macron est resté lui-même. Posé, calme et déterminé. Il a su défendre son projet et défendre L'Europe, qui est au cœur de ce projet, face à des candidats qui veulent presque tous en sortir. Un exercice compliqué à faire avec le temps qui était imparti."
Poutou a marqué les esprits
Le maire LR de Rillieux-la-Pape a en revanche moins goûté la saillie de Philippe Poutou, candidat du NPA, sur les affaires. "Depuis janvier, c’est le régal. Fillon, que des histoires. Plus on fouille et plus on sent la corruption et la triche. (…) On a aussi Marine Le Pen, pareil, on pique dans les caisses publiques et le FN, qui est antisystème, ne s’emmerde pas, car se protège grâce à l’immunité parlementaire, donc peinard", avait cinglé le candidat du NPA. "Philippe Poutou est quelqu'un qui va excuser un ouvrier qui séquestre un patron sous prétexte qu'il exploite les ouvriers et qui déclare coupable François Fillon. Je veux bien que des fautes aient été commises, mais il faut respecter la présomption d'innocence. Poutou a voulu faire du buzz", déplore Alexandre Vincendet.
D'autres élus, de gauche, ont plutôt apprécié la tirade. "Je retiens de ce débat la saillie de Philippe Poutou contre les candidats mis en examen", pointe Jules Joassard. Pour lui, Benoît Hamon avait, par politesse, zappé les attaques directes. À l'évocation de la prestation du candidat du NPA face à la présidente du FN, Anne Brugnera ne cache pas "son plaisir" : "Ce qu'il a dit sur "l'immunité ouvrière", tout le monde ne parle que de ça aujourd'hui. C'était particulièrement bien vu, parce que dans le fond les élus doivent être irréprochables et exemplaires. Il a mis Marine Le Pen en difficulté." Il était quasiment le seul.