Dans un communiqué, une vingtaine d'élus "de Lyon, du Rhône, de Grenoble et de l’Isère, de Saint-Etienne et de la Loire", se présentant comme "juppéistes de conviction" ont appelé à voter pour Emmanuel Macron. À leur tête, Bernard Constantin, président du comité de soutien à la candidature d'Alain Juppé lors de la primaire de la droite et du centre, a répondu aux questions de Lyon Capitale sur cet appel alors qu'Alain Juppé s'est affiché avec François Fillon ce mercredi matin lors d'une visite de l'entreprise Deezer.
Lyon Capitale : Pourquoi avoir écrit cette tribune ?
Bernard Constantin : Pour nous Emmanuel Macron porte les valeurs, les idéées et le projet de société que portait Alain Juppé. Avec peut-être encore plus d'innovation. Cette tribune fait suite à une réunion que l'on a organisée le 25 mars à Vaise avec une soixantaine d'anciens «Juppéistes de conviction». On considère que la situation est grave avant 1er tour parce qu'il y a aujourd'hui 4 candidats dans un mouchoir de poche avec un risque que deux représentants de l’extrémisme populiste soient au 2e tour.
Vous mettez Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen sur le même plan ?
Marine Le Pen c'est la catastrophe annoncée. Il en va de même du côté de Jean-Luc Mélenchon, qui avec son populisme d'extrême-gauche est tout aussi dangereux. Pour nous qui sommes démocrates et républicains, leurs choix de société semblent extrêmement dangereux pour l'avenir.
Pas celui de François Fillon ?
Si François Fillon représente aussi un autre risque parce qu'il a un programme économique et social brutal et injuste. De plus, il est plutôt ambigu sur l’Europe et sur le plan international et il nous paraît plutôt inquiétant de le voir Président de la République. D'autant plus qu'avec les affaires qui le touchent, il y a eu une radicalisation de sa campagne et de ses soutiens.
Mais vous n'avez pas l'impression d'être plus juppéiste qu'Alain Juppé lui-même, qui était au côté de François Fillon ce mercredi matin ?
On ne peut pas dire qu’il fait vraiment campagne pour François Fillon. Il suffit de lire ce qu'il a écrit et dit depuis le 20 novembre pour s’en convaincre. Ce matin, il y a eu une rencontre difficile qui ressemblait plus à une mascarade. Une comédie hypocrite et une mise en scène trompeuse. Alain Juppé est prisonnier de son engagement pris à la primaire de la droite. D’ailleurs certains disent qu'Alain Juppé soutient François Fillon comme Jacques Chirac soutenait Valery Giscard-d'Estaing en 1981.
Il aurait pu faire comme Manuel Valls et rompre son engagement pris durant la primaire ?
Il aurait pu le faire. Mais il est tiraillé entre sa vision de la société et ses valeurs et sa fidélité à une famille politique et son engagement pris durant la primaire. Sur l'attaque chimique en Syrie, il a attaqué Fillon. Sur la possible participation de Sens commun à son gouvernement, c'est la même chose. Avec le programme brutal de Fillon, on va vers une véritable fracture de la société et peut-être une révolte dans la rue. Je n'ose pas imaginer qu'Alain Juppé puisse soutenir de façon définitive François Fillon.
En étant le candidat qui rassemble la droite et la gauche, vous dîtes qu’Emmanuel Macron est "le meilleur rempart" contre les extrêmes. N’est-il pas plutôt leur meilleur ennemi, puisque par son positionnement, il accrédite la thèse de "l’UMPS" du Front national ?
De par sa capacité de rassemblement, et les sondages le montrent, il est le mieux placé au 2e tour pour battre l’extrémisme de droite de Marine Le Pen et celui de gauche de Jean-Luc Mélenchon. C'est le meilleur rempart pour éviter un duel entre extrêmes au 2e tour. Un duel qui n’est pas impossible comme l’a dit Alain Juppé.