Favori des sondages, Europe Écologie-Les Verts a revu sa matrice pour gagner la ville. Une refonte totalement assumée par Grégory Doucet qui souhaite dépasser – lui aussi – le clivage gauche/droite.
Longtemps, les écologistes ont été une force d’appoint. Des faiseurs de rois qui pouvaient se vendre en cas de deuxième tour. Le vent dans le dos depuis les dernières européennes, malgré un score inférieur à celui de 2009 (3e, 13,48 %), EÉLV assume désormais de devenir un parti de gouvernement. Grégory Doucet en est l’incarnation. En 2017, alors que sa formation est atomisée à la présidentielle puis aux législatives – elle ne compte aucun député –, il décide de prendre la fédération du Rhône : “L’écologie politique a été mise de côté alors que les scientifiques tiraient déjà la sonnette d’alarme en 2017. C’était la fin de notre parti pensé comme une minorité agissante qui concluait des accords pour infuser de l’intérieur, comme c’était le cas à Lyon. On s’est usé à faire ça et les petits pas n’ont avancé à rien. Quand j’ai été élu secrétaire de EÉLV Rhône, j’ai tout de suite dit que notre ambition était de gagner Lyon et la métropole.”
La prise de conscience écologique et les marches pour le climat ont depuis fait de sa force politique la favorite des sondages à Lyon comme dans beaucoup de grandes villes. Cette dynamique porte le candidat à la mairie qui y ajoute un profil qui coche presque toutes les cases de “l’écologiste moderne” : formé en école de commerce, passé par le milieu associatif – il a présidé le Genepi, une association pour le décloisonnement des prisons – et le monde de l’humanitaire (Planète enfants et développement, Handicap international), militant de terrain. “Je suis engagé depuis 2007 à EÉLV. Comme mes activités associatives et mon travail me prenaient beaucoup de temps, j’ai préféré être dans un rôle opérationnel de militant qui me convient bien”, explique-t-il.
Fin du clivage gauche/droite
Il réfléchit un temps à engager sa formation politique dans le projet “madame Z” de Renaud Payre pour former “un grand rassemblement écologiste”. Mais renonce rapidement. “J’ai du respect pour ceux qui portent la Gauche unie. Mais j’ai décidé de partir quand j’ai compris qu’ils n’avaient pas de projet politique autre que l’union de la gauche. Pour moi, l’union est un moyen, pas un projet. Faire entrer la ville en transition, ça, c’est un projet”, commente-t-il aujourd’hui. Le virage de son mouvement est aussi sémantique : plus question de clivage gauche/droite. “Cette distinction n’est pas si simple, confesse Grégory Doucet. Une certaine gauche a longtemps été productiviste. Dans le même temps, nous ne rejetons pas les termes de création d’entreprises, plutôt portés historiquement par la droite. Pour nous, aujourd’hui, le clivage est entre ceux qui acceptent les limites de la planète et ceux qui ne s’en préoccupent pas. L’écologie politique, c’est penser les limites du monde.” Le rouge-vert des dernières années s’est fortement patiné pour rassurer les inquiets de “l’écologie punitive”.
Reste à savoir avec qui ils gouverneront après les accords de deuxième tour. Gérard Collomb ? Impossible, tant à cause de son soutien à l’Anneau des Sciences que de son appartenance à LREM. Ce dernier blocage, par parallélisme des formes, ferme aussi la porte à David Kimelfeld et Georges Képénékian, tout juste claque-t-elle moins fort sur les doigts. Il reste un peu de rose dans le vert, mais dans ces proportions en 2020.
[Papier issu de notre hors-série spécial élections à retrouver ici]
Bio express :
Grégory Doucet, 46 ans
• Né à Paris
• Diplômé de l'école supérieure de commerce de Rouen
• Travaille dans l'économie sociale et solidaire et l'humanitaire
• Arrive à Lyon en 2009 pour rejoindre Handicap International
• EÉLV depuis 2007
• Élu secrétaire EÉLV Lyon en 2017