Les élections européennes se heurtent souvent au mur de l’abstention. Politiquement, elles révèlent pourtant des clivages féroces, parfois au sein d’une même famille politique : fédéralistes contre tenants d’une Europe à la carte, protectionnistes contre mondialistes. Lyon Capitale vous présente les candidats locaux et surtout leurs visions, toutes différentes, de ce que doit être l’Union européenne.
Les élections européennes du 26 mai vont marquer le retour au scrutin de liste nationale. La circonscription Sud-Est, dans laquelle figurait Lyon, appartient au passé. Tout comme l’ancrage local des eurodéputés. Les régionaux de l’étape en font globalement les frais. La part des élus lyonnais ou d’Auvergne-Rhône-Alpes risque de sévèrement chuter le 26 mai au soir. Les deux listes données en tête par les différents sondeurs n’ont pas réservé de places de choix à leurs élus issus de la deuxième région de France. À La République en Marche, Véronique Trillet-Lenoir occupe la 17e place. Au Rassemblement national, la première Rhônalpine, Marie Dauchy, est en 24e position et n’a pas souhaité répondre à nos questions pour présenter comme les autres candidats sa vision de l’Europe. Rhône-Alpes a été mal servi, mais le choix semble assumé. “Nous avons toujours été opposés aux euro-régions, qui défendent l’intérêt de leur territoire à Bruxelles. Nous sommes pour la défense des intérêts de la France”, assume Antoine Mellies, conseiller régional RN. Le parti d’extrême droite tourne avec cette élection une page de son histoire : exit Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch, le binôme sortant de la circonscription Sud-Est.Renouvellement
2019 devrait marquer un renouvellement chez les eurodéputés régionaux. Françoise Grossetête, figure historique d’une droite européenne, ne rempile pas. Et elle n’est pas remplacée. Le premier Rhônalpin, Philippe Meunier, doit se contenter d’une 21e place sur la liste, qui ne devrait pas être éligible. L’Auvergnat Brice Hortefeux, en 5e position sur la liste Les Républicains, aborde le scrutin avec beaucoup plus d’assurance. À gauche, deux élues, parmi les parlementaires sortantes les plus bûcheuses, devraient aussi rempiler : Sylvie Guillaume (PS), sauvée par l’alliance avec Raphaël Glucksmann, et Michèle Rivasi (EELV). Malgré sa deuxième place sur la liste UDI, Nora Berra, transfuge des Républicains, a peu de chance de retrouver un mandat qu’elle a exercé entre 2012 et 2014 : sa liste n’est créditée que de 2 %. Pour obtenir des eurodéputés, un parti doit déjà recueillir plus de 5 % des voix. En 2014, les centristes s’étaient refait une santé au scrutin européen. En 2019, conjugué à l’apparition de La République en Marche, ce scrutin pourrait creuser leur tombe. Laurent Wauquiez joue aussi sa tête à cette élection. Depuis des mois, le président du parti Les Républicains anticipe un accident industriel. Il s’est lancé dans la campagne avec un objectif peu ambitieux : obtenir 13 % des voix. Les mois passant, il avait presque fini par être un plafond de verre. Le réveil de la droite attendra. Mais son choix d’investir le philosophe François-Xavier Bellamy a au moins permis d’aérer une maison d’où suinte encore la déroute présidentielle de 2017.Un avant-goût de 2020 ?
Les états-majors des différents partis attendent aussi des élections européennes des indications pour les municipales de l’an prochain. Elles vont permettre à chacun de se compter après une année électorale 2017 qui a balayé toutes les certitudes. À Lyon, les forces de gauche se sont donné rendez-vous au lendemain des européennes pour évoquer d’éventuelles alliances. Les écologistes misent beaucoup sur ce scrutin, qui leur est historiquement favorable ; à Lyon et dans l’agglomération, ils espèrent apparaître le 26 mai au soir comme la force la plus à même de déborder Gérard Collomb sur sa gauche. Le maire de Lyon se tient pour sa part très éloigné de ce scrutin. Comme pour mieux souligner son divorce avec En Marche.Il vous reste 81 % de l'article à lire.
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