Suite à la parution de notre article “Les casseroles de la région Auvergne*”, sur les emprunts toxiques du conseil régional auvergnat, le président de celui-ci, René Souchon, nous a fait parvenir un courrier où il réagit aux chiffres publiés et au manque d’information des élus qui y était évoqué. Nous retranscrivons ci-dessous intégralement ce courrier.
“Monsieur le rédacteur en chef,
L’article paru dans l’édition Lyon Capitale ce jeudi 10 juillet 2014 appelle de ma part une réaction et de nombreuses observations.
Tout d’abord, le contenu de celui-ci, compte tenu de la conversation que j’avais pu avoir voici plusieurs jours avec la journaliste, ne m’étonne guère. Les questions posées laissaient en effet présager un article “à charge” contre la collectivité auvergnate en dépit des nombreuses précisions apportées, tant par moi-même, que par la Directrice générale adjointe en charge des finances à la Région.
L’article fait état d’une dette totale de 132 millions liée aux emprunts toxiques, soit le quart de la dette de l’Auvergne. Comme l’indique la charte Gissler (document public faisant partie du compte administratif voté le mois dernier), les emprunts les plus à risque, soit ceux de la catégorie 6F, s’élèvent à 69,6 millions (contre 95 millions en 2012 et 125 millions en 2011) sur un encours total de 516 millions d’euros (soit 13 % de l’encours). C’est donc quasiment moitié moins que ce qu’avance la journaliste, compte tenu de l’important travail de sécurisation de la dette opéré depuis plusieurs années.
Ainsi, grâce à une gestion active de la dette et à un suivi régulier des marchés, la part des emprunts structurés a en effet sensiblement diminué et le coût global de la dette est resté stable. Le taux moyen de la dette est aujourd’hui de 3,98 %, ce qui, au regard de la conjoncture financière, n’appelle pas d’observations particulières et encore moins de craintes.
L’article fait état d’un “pot aux roses” découvert il y a un peu plus d’un an. Cette information totalement erronée appelle également un certain nombre de commentaires. Cela fait plus de 2 ans que la Région Auvergne et son Assemblée échangent régulièrement sur cette question. En réponse à une demande de l’opposition, l’intégralité des contrats, contrairement à ce qui est indiqué dans l’article, leur a été envoyé et ce à 2 reprises : en janvier 2012 ainsi que le 19 juin 2013 en recommandé, et le 20 juin 2013, en mains propres à M. Claude Malhuret, Conseiller régional.
Concernant la transparence qui est totale en Auvergne, sachez qu’une présentation de la dette à l’attention des conseillers régionaux a été organisée en janvier 2012. Une même réunion fut organisée à l’issue d’une session plénière le 24 septembre 2013. Enfin, le 7 février dernier, une réunion technique, à laquelle l’ensemble des groupes politiques était convié pour un examen précis de l’encours et des actions de sécurisation passées et à venir, fut organisée.
Je conteste également les surcoûts et les indemnités cités par l’article, qui fait état d’une somme de 20 millions d’euros versée à la Caisse d’Épargne et au Crédit Agricole afin de solder les emprunts en cours. Ce chiffre est totalement faux.
Enfin, il est important de savoir que la notation financière effectuée depuis plusieurs années par l’agence Standard & Poor’s pour l’Auvergne s’est conclue le mois dernier par une évolution favorable des finances régionales puisque la perspective d’évolution est passée de “stable” à “positive” lors de cette dernière révision. L’Auvergne bénéficie ainsi d’une note M- positif.
Cette évaluation est par ailleurs légèrement meilleure que la notation de la Région Rhône-Alpes, laquelle bénéficie d’une note M- stable.
L’article paru hier se veut volontairement négatif et anxiogène. Compte tenu de l’importance de ces précisions et de la nécessaire information de vos lecteurs, je vous demande de bien vouloir faire état de ces éléments le plus rapidement possible.
Je vous prie de croire, Monsieur le Rédacteur en chef, en l’expression de mes sincères salutations.”
Réponse de la rédaction de Lyon Capitale
La rédaction tient juste à confirmer les informations factuelles publiées dans l’article paru dans le mensuel Lyon Capitale de juillet-août 2014.
Nous avancions que la dette liée aux emprunts toxiques atteignait 132 millions d’euros. Pour René Souchon, ils ne s’élèvent qu’à 69,6 millions. Mais le président du conseil régional en oublie volontairement une partie. Il ne compte que “les emprunts les plus à risque, soit ceux de la catégorie 6F”. Pourtant, d’autres emprunts à risque sont dans le portefeuille de la région Auvergne (avec des taux multiplicateurs jusqu’à 5 et des indices hors zone euro), et ce pour 62,8 millions d’euros. La rédaction de Lyon Capitale s’est d’ailleurs procuré un document qui le confirme. La dette toxique de la région Auvergne correspond donc bien au quart de sa dette globale.
Sur la transparence des informations échangées entre groupes politiques, Lyon Capitale retranscrit fidèlement l’interview d’une chargée de mission de l’Union pour l’Auvergne (opposition). Cette dernière nous a fait savoir que seul un tableau récapitulatif des contrats avait été transmis. Quant aux surcoûts et aux indemnités de 20 millions d’euros, Lyon Capitale cite également des propos tenus par l’opposition.
* Lyon Capitale n°735 (juillet-août 2014), en vente en kiosques jusqu’au 28 août, et dans notre boutique en ligne.