La valeur de l’effort n’est pas tant dans ce qu’il rapporte mais dans ce qu’il permet que l’on devienne. L'éditorial du rédacteur en chef de Lyon Capitale.
C'est l’un des mots les plus employés de ces derniers mois. Effort vaccinal, effort sur le passe sanitaire, effort budgétaire, effort vestimentaire (à l’école, aux JO), effort sur les salaires (y compris chez les footballeurs de l’OL... pour qui, au passage, l’effort sera compensé par des primes de résultats), effort de solidarité internationale...
L’effort est employé à toutes les sauces. Même La Plaisante Sagesse lyonnaise, vigouret bréviaire de l’esprit lyonnais, nous prie de bien vouloir nous efforcer à bien mâchonner : “Au travail, on fait ce qu’on peut, mais à table, on se force.” L’effort en gueule, en quelque sorte.
Si l’effort est collectif, il est avant tout subjectif, “lié à la conscience de soi, écrit la philosophe Isabelle Queval, parce qu’il révèle une résistance à surmonter, et que cette résistance rend en quelque sorte palpable notre existence”. Et donne de l’épaisseur à nos vies.
L’effort est une expérience originelle. Il est à la source de tout. Il traverse nos vies. Il est, en cela, d’abord physique. Il s’agit, selon le Littré, d’une “contraction musculaire qui a pour objet, soit de résister à une puissance, soit de vaincre une résistance”. L’effort se perd dans la nuit des temps. Il a l’âge des cavernes.
L’effort est aussi intellectuel. C’est alors, toujours selon le Littré, l’“action générique des forces morales”. On fait un effort de mémoire, d’esprit, de vertu. C’est le “sens de l’effort”, pour parvenir à ses fins. On ne peut rien obtenir sans que cet effort soit apporté. On fait des efforts pour mériter une récompense.
L’effort est une valeur, un référent moral et culturel. Il ne peut être que positif car il permet de s’accomplir, de construire quelque chose. En même temps, l’effort suppose des sacrifices, voire des souffrances, notamment dans le sport. Une sorte de prix à payer.
“Je vous le dis : vous n’avez le droit d’éviter un effort qu’au nom d’un autre effort, car vous devez grandir”, a écrit Antoine de Saint- Exupéry. En somme : “Exister est un effort car il ne s’agit de rien d’autre que devenir”, plaide Kierkegaard.
Faire un effort, s’efforcer, c’est donner un sens à ce que l’on fait. C’est dans l’effort que l’on trouve le plaisir, que l’on éprouve de la satisfaction, une certaine plénitude. L’effort est un levier de dépassement de soi. Il permet de se rencontrer. De toucher du doigt ses limites.
La valeur de l’effort n’est pas tant dans ce qu’il rapporte mais dans ce qu’il permet que l’on devienne. C’est l’effort qui autorise à réaliser nos rêves.
L’effort permet de créer des chemins là où il n’y avait rien.
Bonne rentrée !