Recep Tayyip Erdogan a tenu un meeting ce samedi après-midi à Eurexpo. À deux mois des élections présidentielles turques, le premier ministre ne s'est pas encore porté candidat. Il a simplement répondu à l'invitation de l'Union européennes des turcs démocrates (UETD). Histoire de prendre la température. Reportage.
La venue de Recep Tayyip Erdogan, samedi après-midi, a déchaîné les foules. À deux mois des élections présidentielles, le premier ministre turc est venu sonder sa popularité à Lyon. La Région Rhône-Alpes est un choix plutôt logique. Elle abrite la plus grande communauté turque de France : près de 200 000 personnes, dont 40 000 membres à Lyon selon les associations. Depuis son accession au pouvoir avec son parti l’AKP en 2002, Erdogan s’est lancé dans une politique de réforme et de grands travaux. Aujourd’hui, le taux de croissance tourne autour des 5%. En 2023, l’année du centenaire de la République, il rêve de faire entrer la Turquie dans le top 10 des nations les plus riches de la planète. Il traîne aussi l’image d’un homme autoritaire, anti-démocratique, qui refuse toute contestation et qui n’a toujours pas reconnu le génocide arménien.
12h. Rassemblement anti-Erdogan Place Carnot
Un rassemblement de contestation prend forme sur la Place Carnot. Entre 500 et 1 000 personnes se réunissent pour protester contre la venue du premier ministre turc. Des opposants turcs, des alévis, des kurdes et autres arméniens prennent place dans le cortège.
Danielle Lebail, secrétaire fédérale du PCF du Rhône appelle R.T. Erdogan à "engager de grandes réformes démocratiques, libérer ses opposants politiques tout en reconnaissant le génocide arménien". Et de poursuivre : "Je trouve déplacé sa venue en France qui est encore la terre des droits de l’homme. Des milliers de prisonniers politiques croupissent en prison, les opposants sont qualifiés de "terroristes" et il n’a pas hésité à faire tirer sur son peuple lors des manifestations de la place Taksim, de Soma et dans la région kurde, à Lice".
"Une visite stupéfiante"
Michaël Cazarian, président du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) considère que "cette visite est stupéfiante pour notre communauté. Le discours du Premier ministre turc, nationaliste, xénophobe et teinté d’antisémitisme est contraire aux valeurs de la République". Vendredi soir, il s’est entretenu, une heure durant, avec Stéphane Rouvé, préfet délégué pour la défense et la sécurité. "J’ai fait part de mes inquiétudes de voir un premier ministre d’un pays étranger, faire sa campagne électorale sur le sol français. Faut-il y voir là une sorte de complicité ou de soutien déguisé des autorités françaises à la candidature d’Erdogan?"
Eurexpo de rouge vêtue
Pendant ce temps, Eurexpo s’habille entièrement de rouge. Aux abords de la salle, une quinzaine de bus sont alignés sous une chaleur écrasante. Le parking voiture, lui, surchauffe. La navette TCL spéciale 100, départ "Vaulx-en-Velin-La-Soie", arrivée "Eurexpo – Entrée centrale", a modifié son terminus pour l’occasion. Les premiers chants tranchent l’atmosphère qui respire bon les spécialités turques (pain simit au sésame ou encore köfte au grill) vendues aux abords.
14h. Entre 15 000 et 20 000 personnes à Eurexpo
La salle ouvre enfin ses portes. Une longue file indienne patiente devant les portiques de sécurité. Les hommes à gauche. Les femmes à droite. C’est comme à l’aéroport. Un agent de sécurité confie : "Je suis passé avec trois couteaux. Rien n’a sonné".
Entre 15 000 et 20 000 personnes venues des quatre coins de la France, d’Espagne, d’Allemagne ont ainsi fait le déplacement, selon les organisateurs, pour assister au meeting lyonnais. Mahmoud, Memhet et Koran sont membres du bureau de l’association franco-turc de Lons-le Saunier. Le trio se désaltère tranquillement avant d’entrer dans la fournaise. "C’est un honneur", lance Mahmoud. "C’est une fierté et une obligation aussi, car c’est le représentant de la Turquie, peu importe son étiquette politique. On ne prend pas parti", précise Mehmet. "Même s’il est beaucoup critiqué, l’avancement de la Turquie, c’est grâce à lui", se défend Koran.
15h. Meeting de rock star
La salle est désormais pleine à craquer. On se croirait à un concert des Rollings Stones. Le premier rang est littéralement plié en deux contre les barrières qui séparent le public des invités, assis confortablement. La presse, elle, se retrouve cloisonnée entre les deux. Et déjà les premiers signes de fatigue apparaissent. Une poignée de personnes sont prises de malaises. Des bouteilles d’eau sont distribuées à la pelle. Quelques enfants se retrouvent seuls. On les conduits sur la scène. Leur nom et prénom sont carrément épelés au micro.
La foule s’unit d’une seule pensée lorsque les enceintes crachent plusieurs fois l’hymne à la gloire du premier ministre. Des milliers de personnes s’arrachent leurs cordes vocales en reprenant le refrain :"Recep Tayyip Erdogan, Recep Tayyip Erdogan". Tout est fait pour maintenir le public en température. C’est le rôle aussi d’Ali Turan, député de l’AKP (parti politique d’Erdogan). L’homme égrène le nom des partis politiques d'opposition. Cela fait mouche. Des huées s’envolent. Certains noms d’oiseaux aussi.
16h30. 45 minutes de show
Le visage du Premier ministre apparaît sur l’écran géant d’Eurexpo. Des milliers de drapeaux et d’écharpes rouges s’entremêlent. Une pluie de smartphones immortalise l’instant. Les flashs crépitent. Recep Tayyip Erdogan grimpe enfin sur la scène. C’est parti pour 45 minutes de show. L'homme a insisté sur la Turquie avant et après son arrivée au pouvoir en 2001. Sur les élections présidentielles, "quelque soit le candidat, ce sera le candidat de l'AKP qui gagnera ces élections". Concernant l'UE, "l'Histoire de l'UE ne peut pas s'écrire sans la Turquie. Et l'Histoire de la Turquie ne peut pas s'écrire sans l'UE". Il a aussi insisté sur les "liens étroits entre la France et la Turquie depuis très longtemps". À la fin, des centaines de personnes franchissent les barrières pour rejoindre leur idole sur la scène. C’est sans compter sur la garde rapprochée du premier ministre. Erdogan repart sans avoir pris ce bain de foule imprévu.
Hakan et Ibrahim, eux, flânent encore un peu dans une salle bien silencieuse. Seules les drapeaux et autres papiers traînant par terre, rappellent le passage d’Erdogan : "C’est magique. On ne pensait jamais qu’il allait venir en France", lance Hakan. "C’est un truc incroyable et touchant", s’enthousiasme Ibrahim. Et de poursuivre : "Ce qui m’a le plus marqué ? Lorsque le premier ministre nous a dit que la communauté turque en France ne doit pas être assimilée, mais au contraire intégrée". La foule repart dans un concert de klaxons, fenêtres baissées, les drapeaux turcs flottant dans l’atmosphère.
'Ce qui m’a le plus marqué ? Lorsque le premier ministre nous a dit que la communauté turque en France ne doit pas être assimilée, mais au contraire intégrée'.Erdogan répète la même chose partout en Europe, il l'avait déjà fait en Allemagne. Problème tous ces turcs qui ne veulent pas s'assimiler.Ils ont la nationalité française,ils se marieront entre turcs, vivront à la turc,ll est temps d'en finir avec le droit du sol,que les turcs restent turcs et les autres aussi! STOP à la confusion!
Si les étrangers ne veulent pas s'assimiler, mais bénéficient de la nationalité française, c'en est fini du 'creuset républicain'! Platini, Aznavour, Mimoun,Zemmour, Domenach, Sarkozy, Valls, Hidalgo,etc. intégrés ou assimilés? Le discours d'Erdogan est un discours subversif, c'est un scandale qu'il puisse le tenir en toute impunité, d'autant qu'il s'agit d'un islamiste, ce qui signifie que son dicours est à la fois politique et religieux, dangereux pour la cohésion nationale!
'l'Histoire de l'UE ne peut pas s'écrire sans la Turquie. Et l'Histoire de la Turquie ne peut pas s'écrire sans l'UE', oui la Turquie et l'Europe ont une histoire commune,mais on ne peut confondre l'Europe et la Turquie, ce sont deux mondes diiférents, deux cultures différentes et qui souhaitent le rester, et en ce qui concerne Erdogan, même pour les turcs qui vivent dans nos pays avec ou sans nationalité! Aussi la Turquie ne devra jamais faire partie de l'UE! Des relations oui, la confusion non