Et maintenant Gérard Collomb veut dépouiller la région

À peine Gérard Collomb entrevoit-il la possibilité de récupérer les compétences du département qu’il passe déjà à la vitesse supérieure. Le président du Grand Lyon veut s’attaquer à celles de la région.

Si pour Michel Mercier, le retrait territorial du conseil général a tout d’un clap de fin, Gérard Collomb s’imagine lui au début des grandes manœuvres. Après avoir “dépouillé” le département, il compte s’attaquer à la région. Pour créer sa métropole européenne et à des fins de cohérence de politique territoriale, il lorgne ouvertement sur deux compétences propres à la région : l’économie et ses pôles de compétitivité ainsi que l’université. Dans son argumentaire, Gérard Collomb explique que sur ces deux compétences le Grand Lyon intervient déjà et qu’il faut aller toujours plus loin.

Queyranne vexé de ne pas avoir été informé

Une ambition qui ne manque pas de crisper Jean-Jack Queyranne. Sur le fond, il partage l’idée d’une euro-métropole. "Sur le territoire urbain, il apparaît possible qu'il n’y ait plus qu'une entité, la communauté urbaine, qui reprenne tous les pouvoirs du conseil général", nous confiait-il lundi en marge du sommet franco-italien. Sur la forme, en revanche, Jean-Jack Queyranne ne décolère pas. À aucun moment, il n’a été tenu informé de la démarche commune du sénateur-maire de Lyon et de Michel Mercier. Il a découvert en fin de semaine dernière leur projet de création d’un super Grand Lyon.

Cette vexation le conduit à se montrer ferme vis-à-vis de Gérard Collomb. "Sur les compétences de la région, on ne peut pas avoir une mesure d'exception pour le Grand Lyon", ajoute-t-il. Il n’est pas disposé à lâcher la moindre prérogative et surtout pas l’économie. "Nous finançons trois fois plus que le Grand Lyon les pôles de compétitivité présents sur son territoire", glisse d’ailleurs subtilement Jean-Jack Queyranne. Gérard Collomb qui, mardi matin, n’a pas caché ses ambitions en matière de compétences économique et universitaire a voulu ironiser pour détendre l’atmosphère avec Jean-Jack Queyranne : “je ne veux pas être considéré comme quelqu’un ayant une vision impérialiste”.

La métropole n’est qu’un premier pas pour Gérard Collomb

Le sénateur-maire de Lyon se voit pourtant aller encore plus loin sur le développement de “sa” métropole dans un avenir proche. Lors des précédents débats sur la décentralisation, Gérard Collomb n’avait jamais été un fervent défenseur de la métropole. Il lui préférait une entité plus large : le pôle métropolitain. Cette organisation politique, il imaginait la construire avec les collectivités urbaines de Bourgoin-Jallieu, de Vienne, de Saint-Étienne et bien entendu le Grand Lyon. En fusionnant ces territoires urbains, il aurait créé une gigantesque structure politique d’une taille supérieure à certaines régions françaises.

Ce projet, Gérard Collomb ne l’a pas abandonné mais remisé au placard le temps de créer avec Michel Mercier le super Grand Lyon. “La métropole n’est pas contradictoire avec le pôle métropolitain. Avec Saint-Étienne, on peut faire un pas supplémentaire. Des communautés d’agglomération nous pouvons aller vers des communautés de métropole”, affine le président du Grand Lyon. Si ses ambitions expansionnistes prenaient corps, rapidement la question d’une confusion des compétences avec la région pourrait se poser.

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